Le Miraculé Donald Trump, instrument de l’histoire, pour régler la guerre en Ukraine et à Gaza ?
par Hamed
lundi 28 avril 2025
Rappelons ce que l’on a écrit deux semaines après l’investiture de Donald Trump à la magistrature suprême des États-Unis. On a commencé par s’interroger sur ce qui se passe en Ukraine, la guerre bouclait trois années de résistance et de souffrance. Envahie par la Russie le 24 février 2022, l'Ukraine n'entrevoyait toujours pas l'issue du conflit, alors que le pays vivait un autre hiver le plus rude depuis le début de la guerre, au moment où les troupes ukrainiennes étaient à la peine sur le front est. La Russie aussi trépignait d’impatience et ce conflit a trop duré, et surtout que son territoire était touché en profondeur par des armes occidentales octroyées à l’armée ukrainienne, des armes autoguidées par le réseau satellitaire américain et européen.
La Russie s’impatientait certes, mais attendait « de voir venir ce qui mettra fin à la guerre ». Et « par ce qui doit venir », en réalité, la Russie fondait ses espoirs sur le président Donald Trump qui a été réélu pour un deuxième mandat, en novembre 2024.
Déjà, en 2023, Donald Trump prétendait pouvoir mettre fin à la guerre en Ukraine en 24 heures. Comme on le lit sur le journal Le Parisien : « Et si la fin de la guerre en Ukraine venait de Donald Trump ? L’ancien président des États-Unis et candidat à la prochaine élection présidentielle américaine a déclaré dimanche dans une interview à Fox News qu’il était capable de mettre fin au conflit « en 24 heures » s’il était réélu en 2024.
De nouveau installé à la Maison Blanche, Donald Trump s’entretiendrait aussitôt avec le président ukrainien. « Je dirais à Zelensky : ça suffit. Tu dois conclure un marché », a-t-il modestement expliqué. Il pousserait parallèlement le président russe, Vladimir Poutine, à accepter cet accord de paix, sous peine de donner « beaucoup plus, plus qu’elle n’a jamais eu s’il le faut » à l’Ukraine, sous-entendant un soutien militaire plus important.
De « bonnes relations » avec les deux chefs d’État
Donald Trump est convaincu qu’il pourrait pousser les deux pays à se mettre d’accord « en un jour ». Il a assuré que sa force de persuasion tenait notamment au fait qu’il entretient « de bonnes relations » avec le président ukrainien et le président russe. Dans cette interview télévisée, il en a profité pour reprocher à son successeur Joe Biden de ne pas être capable de traiter avec les dirigeants mondiaux.
Ce n’est pas la première fois que le milliardaire américain fait ce type de déclaration. Mike Pence, son ancien vice-président et désormais adversaire dans la course à la Maison Blanche, a, lui, estimé que la seule façon de mettre fin à la guerre en Ukraine en un jour était de « donner à Vladimir Poutine ce qu’il veut », une position à laquelle il s’oppose fermement. » (1)
Que peut-on dire de cette déclaration de mettre fin à la guerre en Ukraine en « 24 heures » ? Il est clair qu’il n’a pas dit réellement ce qu’il pensait de la guerre en Ukraine et comment l’arrêter. Il a fondé tout sur les bonnes relations qu’il a avec les deux chefs d’État, affirmant qu’il connaît bien Zelensky et Vladimir Poutine, et qu’il arrivera à les convaincre à mettre fin à la guerre. Et puis dire les vrais motifs qui mettraient fin à la guerre, Trump sait qu’il ne fera que provoquer une avalanche de critiques contre lui et même pourrait mettre en danger sa réélection.
On peut dire aussi que c’était plus de la fanfaronnade de déclarer de mettre fin à la guerre en Ukraine en « 24 heures » puisque plus tard, il est allé jusqu’à dire, face aux journalistes, qu’il plaisantait. Et peut-on plaisanter sur un sujet aussi grave qu’est la guerre en Ukraine ? La seule réponse qui convient, c’est peut-être son caractère et sa vision sur les guerres et les rapports entre les grandes puissances, et surtout qu’il y a en lui une conviction intime que l’Ukraine ne pouvait l’emporter face à la Russie, une puissance mondiale à parité avec les États-Unis. Et donc qu’il n’y a rien à attendre de la guerre en Ukraine ; elle ne constituait aucun intérêt pour l’Amérique. Par conséquent, s’il revenait de nouveau à la Maison Blanche, il se sentait capable de mettre fin rapidement au conflit russo-ukrainien.
Ce qui explique d’ailleurs les espoirs de la Russie fondés en lui s’il était réélu pour un deuxième mandat, en novembre 2024. Les dirigeants russes le connaissaient, en particulier le président Vladimir Poutine ; ils connaissaient son caractère impétueux, sa démarche, et surtout sa psychologie de voir les grands problèmes auxquels font face les États-Unis. D’un autre œil, moins politique, plus direct, terre à terre. Par ses sautes d’humeur, il peut menacer comme il peut se raviser aussitôt s’il voit qu’il fait fausse route ou que les intérêts des États-Unis se trouvaient compromis par ses prises de décisions autoritaires à outrance.
Bien sûr, il y a aussi l’expérience que le président Donald Trump a acquis lors de son premier mandat, en 2017-2020 qui est très importante ; elle plaide pour lui. Il faut rappeler la crise avec la Corée du Nord qui, après être parvenue à procéder avec succès l’essai d’une bombe thermonucléaire et l’essai d’un missile balistique pouvant toucher des objectifs distants de plus de 10 000 km, et donc toucher les États-Unis, est entrée dans une rhétorique de guerre entre le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un et le président Donald Trump. Et cette période de tension entre les deux dirigeants nord-coréen et américain avec des joutes verbales – menaces, insultes de part et d’autre – s’est poursuivie tout au long du deuxième semestre 2017.
Et le retournement de situation qui a mis fin à la rhétorique de guerre le doit à la doigté de Donald Trump qui a accepté de rencontrer, en 2018, le leader nord-coréen Kim Jong-un ; après trois rencontres (Hanoï, Singapour et la zone démilitarisée (DMZ) qui sépare les deux Corées, entre 2018 et 2019, la crise a été finalement dénouée ; et force de dire que Trump a pris le taureau par les cornes pour résoudre une crise qui aurait pu se terminer par une guerre nucléaire.
Pour cause : « Matthew Pottinger, le plus grand expert asiatique du Conseil national de sécurité de Trump, explique : « le président Trump a proposé à Kim de le ramener chez lui à bord d'Air Force One. Le président savait que Kim était arrivé à Hanoï par un train de plusieurs jours qui traversait la Chine et le président a dit : « je peux vous ramener chez vous en deux heures, si vous voulez ». Kim a refusé.
Et Trump a fait un autre geste qui a surpris sa propre équipe, lorsqu'il a accepté la demande de Kim d'annuler les exercices militaires conjoints entre les États-Unis et la Corée du Sud.
« Kim Jong-un, comme il l'avait fait à de nombreuses reprises dans le passé, s'est plaint des grands exercices conjoints entre les forces sud-coréennes et américaines, qui se déroulaient dans la péninsule coréenne depuis plus de 60 ans », souligne M. Bolton à la BBC.
Trump a dit, sans crier gare : « je vais annuler les jeux de guerre [comme il les a appelés]. Il n'y a pas besoin d'eux, ils sont chers et ils ne vous rendront pas heureux ». Je ne pouvais pas le croire. (Secrétaire d'État) Pompeo, (Chef de cabinet) Kelly et moi étions assis dans la pièce avec Trump et nous n'avons pas été consultés. C'est ce qui vient de sortir de l'esprit de Trump. C'était une erreur spontanée. C'était une concession pour laquelle nous n'avons rien obtenu en retour », ajoute l'ancien conseiller de la Maison Blanche. » (2)
Tout laisse à penser que Donald Trump ne pense pas sa pensée ; sa pensée le devance ; un trait de spontanéité et on peut même dire sans malice ; en clair une pure logique très terre à terre. Il dit ce qu’il lui passe par la tête et on le constate avec ce qu’il a dit au dirigeant nord-coréen Kim Jong-un de « le ramener chez lui à bord d'Air Force One », ou « d’annuler les grands exercices conjoints entre les forces sud-coréennes et américaines ». Ce qui en dit long sur sa politique « imprévisible et personnelle » avec ses alliés et les pays du reste du monde ; il décide seul de ses décisions quand il le faut, et ce trait de caractère chez Trump est important dans les événements qui vont marquer son deuxième mandat.
Enfin, il faut aussi évoquer le discours d’investiture que Donald Trump a prononcé le 20 janvier 2025. Qu’augure ce discours sur les grands problèmes de l’heure auxquels il sera confronté dans son deuxième mandat ? Notamment les guerres en Ukraine et à Gaza, les conflits les plus importants et les plus médiatisés du monde pour l’avenir de l’Occident et le monde ?
« Ma récente élection m'a donné le mandat de renverser complètement et totalement une horrible trahison, et toutes les nombreuses trahisons qui ont eu lieu, et de rendre au peuple sa foi, sa richesse, sa démocratie et, en fait, sa liberté. »
« À partir de maintenant, le déclin de l'Amérique est terminé. Nos libertés et la glorieuse destinée de notre nation ne seront plus niées, et nous rétablirons immédiatement l'intégrité, la compétence et la loyauté du gouvernement américain. »
« Au cours des huit dernières années, j'ai été mis à l'épreuve et mis au défi plus que tout autre président en 250 ans d'histoire, et j'ai beaucoup appris en cours de route. Ceux qui souhaitent mettre un terme à notre cause ont tenté de me priver de ma liberté, voire de ma vie. Il y a quelques mois à peine, dans un magnifique champ de Pennsylvanie, « une balle d'assassin m'a transpercé l'oreille. » Mais j'ai senti à l'époque, et je le crois encore plus aujourd'hui, que ma vie a été sauvée pour une raison. « J'ai été sauvé par Dieu pour rendre sa grandeur à l’Amérique. » Je vous remercie. Merci beaucoup.
C'est pourquoi, chaque jour, sous notre administration de patriotes américains, nous nous efforcerons de faire face à chaque crise avec dignité, puissance et force. Nous agirons avec détermination et rapidité « pour ramener l'espoir, la prospérité, la sécurité et la paix pour les citoyens de toute race, religion, couleur et croyance. » Pour les citoyens américains, le 20 janvier 2025 est le jour de la libération. » […]
Mon administration sera inspirée par la recherche de l'excellence et d'une réussite sans faille. Nous n'oublierons pas notre pays. Nous n'oublierons pas notre Constitution et « nous n'oublierons pas notre Dieu. » Ce n'est pas possible. […]
Nous mesurerons notre succès non seulement par les batailles que nous remporterons, mais aussi par les guerres que nous terminerons et, peut-être plus important encore, par les guerres dans lesquelles nous n'entrerons jamais. L'héritage dont je serai le plus fier sera celui d'un artisan de la paix et d'un unificateur, c'est ce que je veux être, un artisan de la paix et un unificateur. […]
« Nous sommes un seul peuple, une seule famille et une seule nation glorieuse sous l'égide de Dieu. » (3)
Dans son discours d’investiture, Trump pense sincèrement comme il le dit qu’il va ramener l'espoir, la prospérité, la sécurité et la paix pour les citoyens de toute race, religion, couleur et croyance ».Quant aux guerres, il dit que « nous terminerons et, peut-être plus important encore, par les guerres dans lesquelles nous n'entrerons jamais. » Trump donc est clair et, quoi que l’on dise, il n’est pas un va-t-en-guerre ; il cherche la paix.
Si sa politique envers les guerres en Ukraine et à Gaza n’est pas unie, il cherche plus à régler le conflit en Ukraine alors qu’à Gaza, il donne le feu vert à l’Etat hébreu, la seule explication est qu’il y a des causes historiques, profondes, précises, auxquelles Trump est astreint de ne pas s’en écarter ; mais cela ne signifiera pas qu’il restera « emprisonné en permanence » par cette « astreinte historique » pour la bonne raison que Trump est imprévisible dans ses décisions. D’autre part, l’histoire évolue, et avec elle les problèmes du monde, et les dirigeants peuvent se trouver acculés lorsque leur politique est dans l’impasse, et se trouver à prendre des décisions opposées à ce qu’ils avaient prises précédemment.
Enfin, Donald Trump affirme, dans son discours : « L'héritage dont je serai le plus fier sera celui d'un artisan de la paix et d'un unificateur, c'est ce que je veux être, un artisan de la paix et un unificateur. » Pour y voir les événements qui ont surgi juste après sa réélection, le 5 novembre 2024 en rapport avec ce qu’il affirme :
Le premier événement marquant a été l’« accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, signé le 26 novembre 2024 ; il a pris effet le 27 novembre 2024. En soutien au Hamas, le Hezbollah est entré en guerre contre Israël, depuis le 8 octobre 2024. Et toutes les tractations pour mettre fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah ont échoué. Et seule une main puissante a imposé une trêve de deux mois, et c’est grâce au nouveau président américain Donald Trump qui a imposé la trêve à Israël. Bien qu’après la trêve, les violations par Israël sont pratiquement quotidiennes. Et le pouvoir au Liban comme le Hezbollah ne répondent pas à ces provocations.
Sur les violations, il est clair que si Israël n’arrête pas ses bombardements ciblés, violant la trêve, c’est qu’il n’est pas satisfait de la trêve du fait que ses objectifs déclarés depuis un an et demi n’ont pas été atteints. Pourtant, l’armée israélienne, armée et soutenue par les États-Unis, une des plus puissantes armées de la région, n’est pas arrivée à mettre fin aux attaques des deux groupes armés, le Hamas et le Hezbollah. Ce qui amène le pouvoir israélien dans une situation de blocage, cherchant tout à renverser les donne ; mais c’est la population civile surtout à Gaza qui en paie le prix le plus lourd.
Après la trêve entre Israël et le Hezbollah, un « accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas est entré en vigueur, le 19 janvier 2025. Pourquoi le 19 janvier 2025 ?
Trump devait prêter serment sur la Bible pour son deuxième mandat, le 20 janvier, alors qu’Israël, malgré qu’il ait détruit plus de 70 % des villes de Gaza et plus de 150 000 entre morts et blessés palestiniens, menait toujours des combats contre le Hamas. Force de dire que le 19 janvier 2025 était le dernier délai accordé à Israël ; il apparaissait comme un ultimatum adressé à Israël puisque le jour suivant, Trump devant prêter serment au Capitole des États-Unis, ne voulait pas de guerre à Gaza.
Et ne perdons pas de vue que toute la puissance militaire, Israël la doit aux États-Unis ; par conséquent, Israël n’a pas de choix que de s’exécuter et appliquer le cessez-le-feu avec le Hamas.
Le mois suivant, le 18 mars 2025, Israël rompt la trêve avec le Hamas. Ce qui a suivi avec les bombardements quotidiens, en accord avec le président américain, ce sont surtout des femmes, enfants et vieillards palestiniens au motif que des combattants du Hamas se cachent parmi eux, qui en payer le prix. Qu’Israël ait arrêté l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza et affame le peuple de Gaza, et qu’il réprime les Palestiniens en Cisjordanie, et toujours plus de morts, rien n’y fait, Israël reste toujours bloqué, y compris la première puissance du monde dans ses bombardements continuels contre le Yémen.
Ce n’est pas une victoire ni pour Israël ni pour les États-Unis ; c’est plutôt une faiblesse dans cette guerre qu’ils mènent, ne sachant comment retourner la situation. Ils bombardent comme naguère au Vietnam, en Irak, en Afghanistan ; l’histoire se répète ; l’ennemi est invisible mais est toujours là. Le Yémen mène des tirs missiles sur Israël et contre la flotte américaine ; à Gaza, la guérilla du groupe du Hamas ne cessent de provoquer des pertes dans les rangs de l’armée israélienne au point que le ministre de la Défense israélienne a déclaré que « l’armée israélienne payait un lourd tribut dans l’enclave ».
Cela nous rappelle la guerre contre les Talibans en Afghanistan. Après 20 ans de guerre, les forces de l’Otan et des États-Unis ont été obligés de quitter le territoire afghan. A quel prix ? Comme au Vietnam, au prix d’un lourd désastre à Kaboul, pour l’armée américaine, en août 2021. On peut penser que Donald Trump, au courant de ce désastre historique pour les forces américaines en Afghanistan, fera tout pour éviter un autre désastre pour les États-Unis.
Le 26 avril 2025, pour les cent jours de sa présidence, le président américain Donald Trump annonce que la communauté internationale n’a pas d’autre choix que de reconnaître la Crimée comme russe. La communauté internationale dont Trump fait allusion concerne essentiellement les pays d’Europe qui soutiennent l’Ukraine et sont pour la continuation de la guerre jusqu’à la victoire. Trump sait que c’est impossible pour l’Ukraine qui est dans l’impasse, après trois années de guerre, et perdant toujours des villages ; de plus, la région de Koursk vient d’être totalement libérée, annonce l’armée russe.
Reuters a publié une liste de propositions américaines pour un règlement russo-ukrainien, dont il ressort que « les États-Unis sont prêts à reconnaître de jure la péninsule comme faisant partie du territoire russe, et Lougansk, Zaporozhye, Donetsk et Kherson comme des territoires russes de facto. En outre, le chef de la Maison Blanche s'est prononcé en faveur de la levée des sanctions contre Moscou et du refus à l'Ukraine du droit d'adhérer à l'OTAN. Il a été demandé à Kyiv de se contenter de peu, c’est-à-dire de ce que lui laissera la Russie en accord avec les États-Unis. Quant à ce qui concerne le contrôle de la centrale nucléaire de Zaporizhya par l’Ukraine, la balle est dans le camp de la Russie ; l’acceptera-t-elle ? Ce point certainement restera à négocier. »
Ce qui ressort du plan américain, après les négociations entre les Américains et les Russes menées en Arabie saoudite et en Turquie, montre en réalité que tout était déjà sur plan ; ne restait que la date pour le dévoiler, et les premiers cent jours de la présidence de Donald Trump ont été mis à profit pour l’annoncer.
Force de dire que c’est la bonne décision ; il est temps que la guerre en Ukraine se termine. D’autant plus que si les États-Unis continuaient à aider l’Ukraine en guerre contre la Russie, et le plus grand soutien vient des États-Unis, le risque est grand que l’Ukraine, arrivant à ses limites, avec la défaite, le coût de la guerre serait plus grand plus grand, en particulier pour l’Amérique. Où est alors la grandeur que Trump évoquait pour rendre à l’Amérique ?
Ce serait une défaite en Ukraine à l’instar de ce qui s’est passé au Vietnam, en Irak, en Afghanistan... Le plan américain est en parfait accord avec l’histoire et, pour être plus juste, il faudrait plutôt dire que c’est l’histoire qui a soufflé le plan américain à Trump. En fait, les hommes ne font que suivre les « Forces de l’histoire ». Si l’Ukraine enregistrait des succès et la Russie essuyait des revers dans la guerre, il est clair que Trump aurait continué à aider l’armée ukrainienne, et ce plan n’aurait jamais vu le jour puisque la guerre se terminerait par une victoire. Comme lorsque les troupes soviétiques qui ont occupé l’Afghanistan pendant près de 10 ans, étaient forcées de le quitter en février 1989.
Pour Gaza, Israël ne cesse ses combats à Gaza mais vise essentiellement la population civile sans défense. Mais la guerre est dans l’impasse, la guérilla du Hamas continue de frapper les forces israéliennes. Israël, dans cette guerre, est dans une situation d’impasse.
Ici aussi, tout est tracé par l’histoire ; Israël continue dans son aveuglement à traquer un ennemi invisible et c’est la population qui en paie le prix. Mais quand cette guerre prendrait fin ? Trump qui a donné son accord à Israël, vise-t-il la grandeur de l’Amérique avec ces milliers de morts de Palestiniens sans défense ?
Le monde entier suit ces horreurs perpétrés par l’armée israélienne ; le monde regarde l’enfer que vivent la population de Gaza ; l’armée qui a perdu le sens même de la guerre en ne perpétrant que des crimes de guerres sur les milliers de femmes et d’enfants tués. Où sont les principes sur lesquels Trump devait fonder sa politique ? N’a-t-il pas sous serment déclaré, dans son discours d’investiture : « Nous agirons avec détermination et rapidité « pour ramener l'espoir, la prospérité, la sécurité et la paix pour les citoyens de toute race, religion, couleur et croyance. »
Évidemment, cela reste dans sa conscience ; mais une chose est certaine, ni Israël ni les États-Unis ne pourraient arrêter la marche de l’histoire. Et c’est ce qu’ils ne savent pas dans leur aveuglement. Si Ttrump a été éclairé pour l’Ukraine, il le sera pour la Palestine. Israël sera obligé de mettre fin à la guerre ; une trêve surviendra inévitablement parce que Israël ne peut maintenir cette situation de guerre pendant encore des mois, clore une deuxième année et ouvrir une troisième année de guerre. Et pas de victoire contre le Hamas qui restera toujours invisible et attaquera toujours les forces armées israéliennes. Aucun objectif n’est atteint, Israël arrêtera à la fin la guerre. Ce sera alors une défaite militaire flagrante pour Israël.
C’est pourquoi, comme en Ukraine, l’histoire interviendra pour mettre fin à la guerre ; et ce sera par le biais du président Donald Trump, parce qu’il est « instrumentalisé par l’histoire ». Il est en partie conscient parce qu’il le dit : « « J'ai été sauvé par Dieu pour rendre sa grandeur à l’Amérique. » Et la grandeur, il faut le comprendre en « amenant la paix aux peuples du monde où qu’ils soient ». Et c’est cela la grandeur d’une nation si elle le fait véritablement et non les guerres.
Israël sans les États-Unis serait aussitôt submergé par les pays de la région qui lui imposeront un État palestinien souverain. Et plus encore, Israël devrait entrer dans les rangs avec les pays de la région.
Il y a un proverbe arabe qui dit : « Dir quima Jarek ouala hawel bab darek », traduction : « Fait comme ton voisin, sinon change la porte de ta maison, c’est-à-dire déménage, ne reste pas ». Et c’est ce qui va arriver tôt ou tard lorsqu’Israël ne sera plus utile pour les États-Unis. Lorsque le dollar US ne sera plus au centre du système international. Lorsque le dollar cessera d’être le libellé monétaire des exportations pétrolières des monarchies arabes du Golfe, c’est-à-dire la fin du pétrodollar. Lorsque les États-Unis ne pourront plus répercuter leurs déficits commerciaux sur le monde, et donc perdent leur statut de première puissance économique du monde. Forcément, les États-Unis doivent serrer la ceinture et apprendre ce qu’est la pauvreté et l’impossibilité de vivre aux dépens du reste du monde. Et adieu les bases militaires et les flottes de guerre à travers le monde en particulier, au Moyen-Orient, où se trouvent les plus grandes richesses pétrolières du monde. Alors là Israël deviendrait un petit pays de 20 000 km2 de superficie et compter sur ses voisins pour survivre. Et qui sait : « Un État israélo-palestinien pourrait naître où juifs et Palestiniens pourraient vivre ensemble dans la paix, et partager cette « Terre Promise » pour les deux peuples qui ont même lignée ; ils viennent d’Adam et Eve.
Qui ordonnera cette marche de l’histoire ? Ce sera l’Histoire elle-même et Celui qui la créé, Celui qui la transcende. En clair, le Très Haut. Et donc tôt ou tard les États-Unis cesseront d’être la première puissance mondiale ; c’est inévitable ; combien de puissances sont montées au zénith puis sont retombées. C’est une loi de l’histoire ; aucune nation ne restera indéfiniment, éternellement au-dessus des autres. Comme l’a écrit Paul Valéry : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. Nous avions entendu parler de mondes disparus tout entiers, d’empires coulés à pic avec tous leurs hommes et tous leurs engins… »
Medjdoub Hamed
Chercheur
Notes :
1. « Donald Trump prétend pouvoir mettre fin à la guerre en Ukraine en 24 heures », par Le Parisien Le 17 juillet 2023
https://www.leparisien.fr/international/donald-trump-pretend-pouvoir-mettre-fin-a-la-guerre-en-ukraine-en-24-heures-17-07-2023
2. « Trump et Kim Jong-un : le jour où le président américain a proposé de ramener son homologue nord-coréen à bord d'Air Force One » Par BBC News Afrique. Le 23 février 2021
https://www.bbc.com/afrique/monde-56167610
3. « Voyez l'intégrale du discours d'investiture présidentielle de Donald Trump à Washington », le 20 Janvier 2025
https://www.noovo.info/video/voyez-le-discours-integral-de-trump-a-son-investiture-presidentielle.html