Luttes des classes en Israël

par politzer
vendredi 27 juin 2025

 

Capitalisme militarisé, divisions coloniales et convergences anticoloniales

Dans une perspective marxiste, les luttes des classes en Israël se déroulent dans un contexte de capitalisme néolibéral, de militarisation et d’occupation coloniale de la Palestine. Les inégalités économiques, les fractures ethniques et le rôle d’Israël comme avant-poste impérialiste façonnent un paysage social où les mouvements ouvriers peinent à surmonter les divisions imposées par l’idéologie sioniste.

Le Parti communiste d’Israël (PCI, ou Maki), avec sa vision anticapitaliste et anticoloniale, propose une unification des travailleurs juifs et arabes, une perspective qui trouve un écho chez des intellectuels de gauche comme Noam Chomsky, Norman Finkelstein, Élie Barnavi, Ilan Pappé et Gideon Levy. Ces voix, souvent marginalisées, convergent vers une critique radicale du sionisme et de l’apartheid, renforçant les luttes pour une société égalitaire. Cet article explore les dynamiques des luttes de classes, leurs contradictions et leur potentiel révolutionnaire, en intégrant la position communiste et ces convergences intellectuelles.

1. Un capitalisme inégalitaire et militarisé

Israël, souvent présenté comme une « start-up nation », affiche un indice Gini de 0,35 (Banque mondiale, 2024), parmi les plus élevés de l’OCDE. Le secteur technologique, représentant 18 % du PIB, enrichit une bourgeoisie liée aux GAFAM et au complexe militaro-industriel, avec des entreprises comme Elbit Systems et NSO Group prospérant grâce à l’aide militaire américaine (3,8 milliards de dollars annuels) et à l’exportation de technologies de surveillance testées sur les Palestiniens.

La classe ouvrière est fracturée. Les travailleurs juifs, bien que privilégiés, subissent la précarisation et la hausse du coût de la vie. Les citoyens arabes d’Israël (20 % de la population), discriminés par des lois comme celle sur l’État-nation (2018), forment un sous-prolétariat relégué aux emplois précaires. Les Palestiniens des territoires occupés, lorsqu’ils accèdent au marché israélien, travaillent dans des conditions d’exploitation coloniale. Le PCI analyse ces divisions comme un mécanisme capitaliste visant à empêcher l’unité des travailleurs, une critique partagée par Chomsky, qui dénonce Israël comme un « projet d’expansion coloniale » au service de l’impérialisme américain.

2. Un mouvement ouvrier historiquement ambigu

Les luttes ouvrières s’enracinent dans la Histadrout (1920)principal syndicat , qui, à son apogée dans les années 1960, représentait 70 % des travailleurs et gérait des entreprises et services sociaux. Cependant, son alignement sioniste, excluant les Arabes et soutenant la colonisation, limite son potentiel révolutionnaire. Le PCI, comme Finkelstein dans L’Industrie de l’Holocauste, critique la Histadrout pour avoir servi les intérêts de l’élite sioniste plutôt que ceux de la classe ouvrière. Dans les années 1948-1970, des grèves, comme celles des dockers de Haïfa, ont arraché des conquêtes sociales, mais les réformes néolibérales des années 1980 affaiblissent les syndicats, avec 20 % des travailleurs sous le salaire minimum (OCDE, 2023).

3. Renouveau des luttes et convergences judéo-arabes

Depuis les années 2000, des mobilisations émergent. Les manifestations de 2011 (400 000 personnes contre la hausse du coût de la vie) révèlent un mécontentement, bien que limité par l’absence de critique de l’occupation. Des syndicats indépendants, comme Koach La Ovdim (30 000 membres en 2023), soutiennent les secteurs précaires. En 2022, les dockers de Haïfa bloquent le port contre la privatisation, et en 2023, des travailleurs technologiques protestent contre la réforme judiciaire de Netanyahu, signe de tensions au sein de la classe moyenne.

La grève générale de mai 2021, initiée par les Palestiniens et relayée par les Arabes israéliens, marque une convergence judéo-arabe. Le PCI y voit une opportunité de lier luttes économiques et anticoloniales, une vision partagée par Pappé, qui, dans Le Nettoyage ethnique de la Palestine, expose les crimes de 1948 comme fondement de l’État colonial. Gideon Levy, dans Haaretz, dénonce l’hypocrisie d’un État « démocratique » pratiquant l’apartheid, appelant les Israéliens à rejoindre la résistance palestinienne pour une justice sociale universelle.

4. La position des communistes israéliens

Le PCI, marxiste-léniniste et membre de Hadash (5 sièges à la Knesset en 2022), considère Israël comme un État colonial au service de l’impérialisme occidental. Ils dénoncent le sionisme comme une idéologie bourgeoise justifiant l’apartheid (Human Rights Watch, 2021 ; Amnesty, 2022) et appellent à :

5. Convergences avec les intellectuels de gauche

Les positions du PCI résonnent avec celles d’intellectuels de gauche, qui amplifient la critique du sionisme et du capitalisme israélien :

Ces intellectuels, ancrés dans une tradition juive universaliste (Spinoza, Luxemburg), légitiment les luttes ouvrières et anticoloniales en rejetant l’amalgame entre antisionisme et antisémitisme. Leur influence, bien que limitée en Israël, inspire des mouvements comme Ta’ayush ou Breaking the Silence, qui prônent la solidarité judéo-arabe.

6. Obstacles structurels

Les luttes ouvrières et les visions communistes se heurtent à des barrières :

7. Vers une perspective révolutionnaire

Le PCI, soutenu par des voix comme Chomsky, Pappé et Levy, appelle à un mouvement ouvrier articulant luttes anticapitalistes et anticoloniales. L’occupation, en détournant des ressources, pèse sur les classes populaires. Les grèves (Haïfa 2022, écoles 2023) et la grève de 2021 montrent un potentiel de convergence judéo-arabe. Inspirés par les soulèvements régionaux (Liban, Irak) et le BDS, les communistes prônent un État décolonisé, s’appuyant sur Marx et Engels : « L’émancipation des travailleurs doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes » (Manifeste du Parti communiste, 1848).

Conclusion

Les luttes des classes en Israël, entre précarisation et fragmentation, oscillent entre résignation et renouveau. Le PCI, en écho avec Chomsky, Finkelstein, Barnavi, Pappé et Levy, propose une rupture avec le capitalisme et le sionisme, unissant Juifs et Arabes contre l’apartheid et l’impérialisme. Malgré les obstacles, leur vision internationaliste, ancrée dans la solidarité palestinienne, trace une voie vers une société égalitaire, où la justice sociale dépasse les divisions coloniales.

 


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