Électeurs de gauches, pour qui voter aux élections européennes ?

par Marcus Clams
lundi 3 juin 2024

 Après le miracle des élections législatives de 2022, qui ont enfin vu les cinq principales formations de gauche (EELV, Génération.s, LFI, le PC et le PS) se rassembler pour ne présenter qu’un seul candidat par circonscription autour d’un programme ambitieux, il n’y aura pas de liste unitaire pour les élections européennes de 2024.

 Pourtant, les résultats de la NUPES ont été au rendez-vous, ainsi, le soir du premier tour des élections législatives, elle est la première force du pays avec 26,16 %, contre 25,80 % pour la majorité présidentielle et 18,58 % pour le rassemblement national. De plus, si les électeurs de gauche s’étaient moins abstenus et si Emmanuel Macron avait appelé à faire barrage au Rassemblement National au lieu de faire du cas par cas entre la NUPES et le RN (ce qui restera certainement dans l’histoire comme l’acte officiel de la normalisation du RN), le nombre de députés NUPES aurait été encore plus importants.

 Mais avec quatre listes issues de la NUPES qui se présentent aux élections européennes, il n’y aura pas d’union, les électeurs de gauche vont devoir se positionner et se poser la question : quelle liste choisir ?

EU NUPES

 Pour commencer, il est intéressant d’analyser les différents positionnements des partis sur la guerre à Gaza, qui dure déjà depuis plus de sept mois, avec, au minimum, de très nombreux crimes de guerre. Ainsi on constate, que dès le début de l’offensive israélienne à Gaza, EELV, LFI et le PC ont réclamé un cessez-le-feu, alors qu’il aura fallu plus de 5 000 morts palestiniens pour que le PS le réclame à son tour. C’est certes mieux que LREM qui aura réclamé le cessez-le-feu à partir de 10 000 morts (tout en continuant à soutenir logistiquement le gouvernement israélien), et beaucoup mieux que les partis d’extrême droite qui ne le réclament toujours pas, mais il n’en demeure pas moins que le bulletin PS comporte près de trois semaines de soutien à un gouvernent d’extrême droite engagé dans une guerre asymétrique qui tue de nombreux civils. Dans ce contexte, le vote PS est à éviter.

 

 Un autre angle d’analyse concerne la volonté d’union de la gauche, le but étant de ne pas cautionner ceux qui sont responsables de la désunion. Si les tords sont bien sûr partagés, avec de nombreux tweets et déclarations malvenues, il faut reconnaître que sur la séquence des élections européennes, c’est EELV qui a été le dynamiteur en décidant de partir tout seul, malgré une proposition de liste commune de LFI qui laisserait la tête de liste à EELV. Il s’agit donc de ne pas cautionner la stratégie d’EELV, qui après la terrible casse sociale, écologique et démocratique d’Emmanuel Macron et avec une extrême droite à plus de 35 % d’intention de vote dans les sondage, a préféré la logique de son appareil politique, plutôt que de construire une force politique capable de peser et de gagner en crédibilité. EELV a donc une grande responsabilité dans la situation actuelle. Ainsi, plus le score d’EELV sera faible, plus cela dissuadera les partis de gauche de recommencer dans le futur. Le vote EELV est donc à éviter.

 

 Au niveau du PS, avec une liste EELV autonome, les anti-NUPES du PS, défenseurs des « gauches irréconciliables », ont pu faire pression sur la direction pour réaliser une liste PS/Place Publique et prendre leur revanche sur Olivier Faure, qui défendait plutôt une ligne unitaire, ce qu’il faut chaleureusement saluer. Raphaël Glucksmann soutenait la NUPES lors des élections législatives et il est difficile de savoir s’il défendra la NUPES après les élections européennes, néanmoins on constate qu’il est utilisé par les anti-NUPES du PS pour tenter de recomposer le paysage à gauche en créant une force sociale-démocrate excluant la LFI. Or, cette union partielle, en plus de suivre une ligne d’accompagnement du capitalisme qui ne changera pas la vie des gens, profite à l’extrême droite, comme a pu le constater amèrement Carole Delga, qui, en présentant des candidats PS/PRG dissidents à la NUPES dans de nombreuses circonscriptions d’Occitanie, a favorisé l’élection de députés RN. Le vote PS/Place Publique est donc un vote qui risque de favoriser les désunions à gauche. En plus du positionnement sur gaza, c’est une deuxième raison pour éviter le vote PS.

 

 Au niveau du PC, on peut noter que Fabien Roussel a souvent été peu constructif vis à vis de la NUPES, avec des mots assez durs envers ses partenaires. De plus, sans aucun député sortant et avec des sondages autour de 3 %, il est très incertain qu’il arrive à dépasser la barre des 5 %. Or, en dessous de ce seuil, voter pour le PC revient à s’abstenir pour la désignation des députés, et donc à augmenter le nombre de députés RN et de la majorité présidentielle. Or chaque député de gauche supplémentaire, c’est autant de moyen en plus pour contrer les politiques de droite européenne. Il est donc fondamental de faire élire le plus de députés de gauche possible et d’éviter les listes qui ne franchiront pas le seuil des 5 %. Le vote PC est donc à éviter.

 

 Enfin, il reste la liste LFI, qui a plaidé longtemps pour une liste commune à gauche et qui revendique de porter le programme NUPES. Voter pour la liste LFI augmente ainsi les chances d’un rassemblement de la gauche post-élections européennes, basé sur le programme de la NUPES. Le vote LFI est donc à privilégier.

 

 Il existe aussi d’autres listes à gauche, en plus de celles des partis composants la NUPES. Mais, il est très peu probable qu’une de ces listes dépasse 2 %, soit un pourcentage très loin du seuil de 5 % permettant d’obtenir des députés. Pour illustrer ce risque imaginons un cas pire, où 10 listes de gauche se présenteraient et dont chacune ferait 4,5 %. Avec ce score, la gauche totaliserait 45 % des voix mais n’aurait aucun députés. Pour éviter ce scénario catastrophe, il faut vraiment éviter de voter pour des partis qui feront moins de 5 %.

 

 Les électeurs de gauche ne peuvent qu’être dépités de l’écart entre les enjeux historiques de l’époque que nous vivons et les logiques des partis. Dans ce contexte, le vote LFI permet de maximiser les chances d’une reconstruction de la NUPES après les élections européennes et ainsi renforce la possibilité que la gauche arrive au pouvoir dans les trois ans à venir. C'est donc le meilleur choix.


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