Covid-19 : faut-il s’inquiéter de la vague de la rentrée 2022 ?

par Sylvain Rakotoarison
mercredi 28 septembre 2022

« La question était de savoir ce que l'époque tolérait, encourageait, et même portait aux nues. Et d'admettre qu'ils étaient inadaptés, dépassés, voire réactionnaires, ceux qui (...) ne pouvaient plus s'y mouvoir sans s'étonner ou s'indigner. » (Delphine de Vigan, 2021).

Si vous avez fréquenté récemment une pharmacie ou un laboratoire d'analyses, vous avez dû vous rendre compte qu'on y pratique de plus de plus de tests antigéniques ou PCR pour savoir si on a le covid-19. En effet, depuis deux semaines, l'épidémie redémarre avec brutalité en France, également en Allemagne et en Italie. Les chiffres d'hier (27 septembre 2022) peuvent être, à cet égard, assez inquiétants puisque près de 74 000 nouveaux cas ont été recensés en France, ce qui est un bond par rapport à la semaine dernière (qui en était plutôt à 30-40 000 nouveaux cas quotidiens). La vague de la rentrée 2022 est donc bien là.

Beaucoup s'en étonnent d'ailleurs : amis, collègues, voisins, combien s'étonnent d'avoir attrapé le covid-19 maintenant alors qu'ils pensaient que tout était terminé, tout était passé ? C'est la perversion du système médiatique qui veut qu'un événement n'existe que lorsqu'il est martelé dans les informations, à la télévision et dans les médias en général, et lorsqu'on n'en parle pas ou plus, il n'existe plus.

Dans cette absence de conscience que le covid-19 n'a pas disparu, il y a bien sûr le gouvernement, dont l'agenda est suffisamment difficile pour vouloir se coltiner avec des questions covid. Pourtant, il y a toujours autour de 30 décès quotidiens pour covid en France, ce qui fait une moyenne annuelle autour de 10 000 décès par an (environ trois fois plus que la mortalité routière, si on veut donner une comparaison), alors que ce chiffre est au plus bas depuis juillet 2021 et qu'on sait qu'il repartira à la hausse dans quelques jours ou semaines avec cette nouvelle vague de la rentrée (depuis janvier 2020, 155 000 personnes sont mortes en France à cause du covid-19).

Depuis le 23 septembre 2022, il y a désormais plus d'entrées à l'hôpital pour cause covid que de sorties d'hospitalisation due au covid, de l'ordre de 400 (sorties dont 30 décès) à 550 (entrées) par jour. Le nombre d'hospitalisations repart en effet à la hausse depuis quelques jours (+7% en une semaine), tout autant que le nombre de réanimations pour cause covid (+8% en une semaine). Après avoir atteint un seuil inégalé (jamais aussi bas) depuis septembre 2020 (autour de 700), ce nombre de réanimations remonte (hier, il était à 761 personnes en réanimation).

Cette absence de prise de conscience que le danger est toujours là est étonnante, avec ce que nous avons subi ces deux dernières années. Certes, il ne s'agit plus d'imposer un confinement, ni même d'imposer un passe vaccinal. Nous sommes heureusement sortis des mesures de contrainte et psychologiquement, c'était nécessaire. On ne peut être sous contrainte que pendant une durée minimale ; sur du long terme, cela aurait été intenable. La ligne de crête est sans doute difficile à tenir, mais en France, les "gens" ne semblent osciller qu'entre contraintes extrêmes et total laisser-aller, ce qui est assez regrettable.

De la prudence, de la vigilance permettrait de gagner en vies humaines et en saturation du personnel soignant dans les hôpitaux (qui reste par ailleurs sous tension). Il ne s'agit pas de s'empêcher d'avoir une vie sociale, voir des amis, faire des sorties culturelles, mais par exemple, d'être très prudent lorsqu'on parcourt un espace très fréquenté, en particulier, un supermarché, un transport en commun, une salle d'attente d'une administration quelconque, en portant un masque. Pour tous les lieux qui l'imposent d'eux-mêmes (cabinets médicaux, pharmacies, hôpitaux, EHPAD, etc.), ces règles sont généralement observées et bien respectées, sans problème. Pourquoi ne pas en faire un peu plus dans les lieux très sociabilisés qui ne l'imposent pas ?



La chance en France, c'est l'excellent taux de vaccination de la population française. Plus de 94% des plus de 12 ans ont reçu au moins les deux premières doses et celles-ci sont les principales. Certes, il existe encore quelque retard auprès de personnes dites à risque pour la deuxième dose de rappel (quatrième dose), mais dans son ensemble, le vaccin fait son travail, efficace. Rappelons quel est-il même si cela fait quasiment deux ans que c'est répété : le vaccin contre le covid ne sert pas à empêcher d'attraper le coronavirus ni de le transmettre à d'autres. Il prévient surtout le développement de la forme sévère du covid, et cela est essentiel, essentiel pour la santé des personnes, car beaucoup en sont morts en 2020, et essentiel pour notre système de santé (pour ne pas occuper les lits alors qu'on pourrait l'éviter).

J'ai pu le constater chez des sujets faibles et très âgés, qui n'ont eu heureusement qu'un "gros rhume" comme symptômes là où on aurait pu craindre une insuffisance respiratoire critique. Parce qu'elles ont été vaccinées, les personnes contaminées s'en sortent généralement sans trop de dommages, avec une dizaine de jours de grosse fatigue, souvent un arrêt de travail (au début, elles disent qu'elles peuvent continuer à travailler et deux jours plus tard, c'est la grosse fatigue et au lit).

L'efficacité sur la durée des vaccins reste encore assez incertaine selon la situation immunitaire de chacun. Apparemment, cela reste encore efficace après un an alors que cette année, très peu de personnes ont reçu de nouvelles doses. C'est ainsi qu'il faut vivre : le coronavirus continuera à circuler en permanence, le covid zéro est impossible, et les sociétés qui ont tenté cet objectif ont eu quelques déboires ces derniers temps avec une forte vague, mais il faut rester vigilant, car le vaccin n'est pas forcément efficace sur toutes les personnes à risque.

Aujourd'hui, il y a une chance, c'est qu'il n'y a pas (encore) de nouveau variant et cela nous permet de souffler, dans le sens où cette vague va être probablement assez faible (le taux de reproduction effectif qui a atteint en quelques jours 1,4 est même en train de redescendre, mais là aussi, il faut rester prudent, il peut jouer au yoyo). C'est l'occasion aussi de vérifier qu'on est bien vacciné et qu'on protège bien ceux qui nous sont les plus chers... et aussi les autres.


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Sylvain Rakotoarison (28 septembre 2022)
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