Le vote hispanique, un enjeu qui ne craint pas le ridicule

par arretsurlesmots
vendredi 29 février 2008

Non non, ce n’est pas une parodie, cette vidéo est vraiment visible sur le site de Barack Obama. Le vote hispanique est tellement important dans certains Etats que les candidats ont dû rivaliser d’imagination. Les chants de campagne sont donc aussi un terrain de bataille. Evidemment Hillary Clinton a aussi sa chanson traditionnelle mexicaine.

Outre le côté folklorique désuet, notons tout de même que les paroles montrent les enjeux, et les atouts mis en avant par les candidats.

J’ai tenté une traduction approximative qui vaut ce qu’elle vaut.

Pour la chanson Viva Obama, les paroles sont :

Au candidat qui s’appelle Barack Obama,
Je chante cette chanson avec une âme humble
Qu’il a aussi puisque il est né sans prétention.

Il a commencé dans les rues de Chicago
Travaillant pour protéger les travailleurs
Et nous unir, tous, dans cette grande nation.

Vive Obama, vive Obama !
Des familles unies, sûres grâce au plan de santé
Vive Obama, vive Obama !
Un candidat qui lutte pour notre nation.

Peu importe si tu es de San Antonio
Peu importe si tu es de Corpus Christi
De Dallas,...
Ce qui compte c’est que nous votions pour Obama
Parce que sa lutte est aussi la nôtre
Et qu’aujourd’hui il y a urgence.
Pour que ça change, soyons unis
Avec notre ami, Barack Obama.

Les paroles de la chanson pour Hillary Clinton sont plus simples encore :

Hillary, Hillary Clinton, c’est pour elle que je vote. (bis)
Mes amis, c’est Johnny Canales, je voudrais dédier une chanson à notre amie, Hillary Clinton... Nous avons besoin de changements, il y a tant de choses à améliorer, et il n’y a qu’une candidate qui peut réussir. Elle a l’expérience, son mari a gouverné, et ensemble ils rendront les choses meilleures. Hillary, Hillary Clinton, c’est pour elle que je vote. Une présidente forte, peut mettre fin à la guerre et assurer les soins aux personnes de cette terre, des lois migratoires justes et une économie meilleure. Je n’y réfléchis pas à deux fois, pour Hillary, je vote. Hillary, Hillary Clinton, c’est pour elle que je vote, Hillary, Hillary Clinton, c’est pour elle que je vote. C’est pour Clinton que je vote.

Dans ces paroles, deux choses me marquent immédiatement, l’utilisation du terme "ami(e)" pour désigner le ou la candidate et l’utilisation du terme "changement". J’avais déjà parlé du second point dans un précédent billet, n’y revenons pas. Mais ce terme d’"ami(e)" est tout de même marquant. On imagine mal, même avec sa familiarité lexicale, Nicolas Sarkozy se faire appeler "l’ami". La campagne américaine est vraiment différente et c’est probablement ce qui justifie des clips aussi désuets que ceux que l’on peut voir ici, ou comme la désormais célèbre parodie de la mythique série Soprano tournée par Hillary et Bill Clinton en personne. Difficile d’analyser cette proximité factice avec les électeurs, espérons simplement que dans ce domaine nous n’imitions pas trop vite les Etats-uniens. Ce serait vraiment étrange que pour la campagne 2012, Nicolas Sarkozy tourne avec Carla Bruni un épisode de Plus belle la vie, et que le candidat du PS fasse un rap pour obtenir le vote des jeunes des banlieues, non ?

En dehors, des points communs que l’on vient de voir, nous pouvons noter une vraie différence entre les candidats. Pas entre leurs programmes, ils défendent tous les deux les travailleurs et leur système de santé, n’oublions tout de même pas qu’ils sont du même camps à la base. Non, la différence vient de la personne, Hillary est compétente, elle joue sur la popularité et l’expérience de son mari alors qu’Obama est près du peuple, il est humble et a le même combat que celui de la minorité espagnole (est-ce parce qu’il est noir ?). On joue uniquement sur l’image, le programme n’est quasiment pas évoqué...

Tout cela pour dire que sous un petit air innocent et totalement kitsch se cache une vraie arme de communication électorale, ils sont forts ces Américains.


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