Les Françaises de plus de 50 ans sont belles, désirables et font l’amour !

par Bernard Dugué
vendredi 29 février 2008

La France est schizophrène, déprimée, masochiste. Chez Taddei ce 28 février, Attali, Stiegler, Rosnay, futurologie sombre, inquiétude... Et des tas de sombres nouvelles s’accumulant, alors, on pleure ou on s’en amuse. Portrait d’une fresque de sombres informations, de mauvais chiffres parsemés de quelques heureuses nouvelles.

Données chiffrées. Le prix des pâtes augmente, le prix des fruits et légumes aussi, les agriculteurs balancent les salades en surproduction pendant que les restos du cœur peinent à remplir les chariots. Mais, ne soyons pas pessimistes. Le niveau de vie de certains producteurs a augmenté, notamment celui des céréaliers. En plus, avec les biocarburants accroissant la demande, la tendance va se poursuivre, surtout dans un contexte (suite des mauvais chiffres) où le pétrole va vers des sommets. 103 dollars aujourd’hui, record de 1980 battu, alors que l’euro pèse 1,52 dollars, pénalisant les exportations et générant quelque chômage à la hausse, 0,7 point en janvier. Que des mauvais chiffres. Le moral des ménages, en baisse, chute libre, parallèle à la cote de popularité de Sarkozy, alors que Fillon, par un étrange mécanisme, obtient 22 points de plus que le président.

Cet écart est pour le moins étrange. Que penser ? Dans les laboratoires de neurosciences, certains s’interrogent. Une théorie est présentée dans les congrès. L’homme ayant un cerveau gauche analytique et rationnel et un autre droit, global et émotionnel, les 55 points de Fillon traduisent l’intervention de l’hémisphère gauche séduit par la rigueur du discours et la sobriété du style Fillon qui, même si son contenu est d’un vide abyssal, sait enrober ses prestations d’une rhétorique parfaite qui saura activer les neurones analytiques du cerveau gauche. Alors qu’avec Sarkozy, ses agitations contradictoires inspirées par une mauvaise application des koans zens (art de la contradiction) mais quand même efficaces, ont le don de bloquer les neurones atmosphériques de l’hémisphère gauche, sans doute en inhibant les sécrétions de dopamine. Si bien que c’est le cerveau droit qui prend en charge la décision et donc, une traduction assez mauvaise dans les sondages, révélant quelques phénomènes d’ordre méta-synaptique par lesquels le Français exprime son désarroi face à un président jugé sur un flou d’ensemble qui n’a rien de la sérénité d’une photo champêtre de David Hamilton.

L’école psychanalytique, on s’en serait douté, vu les rapports qu’elle entretient avec les neurosciences, propose une autre hypothèse. Il se produirait un déni de réalité. Les Français, ayant voté pour Sarkozy, ne peuvent pas admettre qu’ils se sont trompés, alors, ils notent sévèrement le président par un mécanisme de dénégation que quelques-uns parmi les journalistes ont décelé. Sarkozy, il ne fait pas président. Traduction dans le surmoi du citoyen : ce n’est pas moi qui ait voté pour ce Sarkozy. Si bien que Fillon remplace Sarkozy avec un autre message du surmoi : Fillon, il est le résultat de mon vote, et Fillon, il gouverne bien, ouf, j’ai bien voté et il n’est pas concevable que j’ai pu faire une telle bêtise en élisant cette droite au pouvoir. Ce déni de réalité est en quelque sorte un bouclier psychique important par les temps qui courent, surtout pour les classes moyennes. Le riche disposant du bouclier fiscal, il se tire sur son yacht et se marre bien. La réalité en face, ce n’est pas bon et ça déprime, à moins d’avoir des capacités de résilience ; alors le mieux est de se voiler la face. Le philosophe verra tout ceci en surplomb, comprenant qu’en fait, au lieu de déprimer à cause du gouvernement, le Français déprime en voyant sa situation et s’apitoyant parfois sur son sort.

D’où l’enchaînement évident. La déprime se nourrit de mauvaises nouvelles et nécessite un cataplasme de ressentiments. Du coup, le citoyen se gave d’informations. Il n’est pas mieux informé pour autant mais il trouve quelques explications, quelques fautifs, quelques travers, traquant avec soin tout ce qui peut renforcer le sentiment que la société est pourrie. Les manœuvres du maire d’Asnières, les « écarts » des Balkany, les guéguerres à Puteaux, à Neuilly, le « casse-toi » de Sarkozy, le « pétasse » de Jacques Peyrat, maire de Nice, un soupçon d’article du Parisien bidouillé par L’Elysée, et j’en passe. Bref, une sorte de masochisme joyeux s’empare des lecteurs, notamment sur Internet. Et quelque part, on se demande si la profusion de mauvaises nouvelles, de gifles, de gros mots, de petits et gros délits, ne plaît pas à l’individu démocratique. Un ouvrage de Watzlawick : Faites vous-même votre malheur ! Et dans la foulée, leurrez-vous, mais vous n’aurez pas l’argent du leurre.

Comme le suggère le titre du livre de François Léotard sorti cette semaine, ça va mal finir. Tout fout le camp, déprime, schizophrénie, masochisme, nervosité, bêtise, la France tombe. Alors autant s’y faire et s’intéresser aux bonnes nouvelles. J’en ai sélectionnées deux, en consultant le dernier numéro du Courrier International. La première est d’ordre alimentaire. Il paraît, selon le NYT, que les insectes sont des aliments fort goûteux, sains, faciles à cuisiner. Alors au moment où le poulet, l’agneau, le bœuf augmentent, pensons à manger des insectes, nous qui saurons les accommoder agréablement pour le palais car nous avons la meilleure gastronomie du monde. Soyez tendance, l’été, placez quelques centaines de sauterelles sur la braise pour une barbecue party avec vos amis. Et si vous avez les moyens, essayez au Fouquet’s les scarabées de genièvre sur litière de grillon avec leur coulis à base d’abdomens d’abeilles aromatisé aux ailes de libellules.

Sinon, la meilleure nouvelle, c’est que les femmes françaises de plus de cinquante ans sont désirables et belles, amoureuses et délicates. Rien que cette nouvelle donne un élan à l’existence. Le travailler plus pour gagner plus en devient ringard. Le nouveau slogan politique, vivez vieux pour baiser plus ! C’est certain, si le pouvoir d’achat baisse, le pouvoir libidinal augmente. Laissons Pamela Druckermann s’exprimer sur ce sujet en reproduisant un extrait du Washington Post  :

« A en croire un sondage réalisé en 2004 par un Observatoire régional de la santé, chez les Françaises, seules 15 % des quinquagénaires et 27 % des sexagénaires disent n’avoir eu aucun rapport sexuel en un an. Une autre enquête nationale à paraître en mars nous apprend que les femmes de plus de 50 ans vivant en couple connaissent aujourd’hui une vie sexuelle bien plus active que celles inter­­rogées au début des années 1990. Essayons de ne pas les détester : les Françaises ne prennent pas de poids, et les hommes continuent de les désirer. Le sex-appeal de l’après-ménopause est ici évident à chaque coin de rue ou presque. Il y a quelque temps, j’observais, au rayon lingerie fine d’un grand magasin parisien, un monsieur grisonnant exa­miner très attentivement le soutien-gorge et la culotte de dentelle noire que sa compagne du même âge venait de choisir. “C’est exactement ce que nous cherchions”, a-t-il lâché d’un air grivois en tendant sa carte de crédit à la caissière. Pourquoi donc les Américaines d’âge mûr s’affalent-elles en pleurnichant sur leur triple menton, alors que leurs sœurs d’outre-Atlantique - qu’elles aient ou non un triple menton - continuent à se faire courtiser ? »

« L’actrice Nathalie Baye, qui, à 59 ans, fait son âge, a ainsi tourné dans une bonne vingtaine de films ces dix dernières années et tenu plusieurs rôles d’amoureuse. Ces actrices françaises sont le produit de la génération de Mai 68, celle de la révolution sexuelle et sociale française. Mais, dans la version hexagonale de ce mouvement, les femmes n’ont pas eu à renoncer aux talons hauts et à la galanterie en échange de l’égalité. Il n’y a donc ici rien d’étonnant à ce qu’elles gardent tous leurs charmes. »


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