Vous avez dit « bling bling » ?

par Lombardo
jeudi 14 février 2008

Le terrible désaveu que le peuple a infligé à la classe bobo dans ses diverses composantes en mai dernier n’est décidément pas près d’être assimilé : il suffit de parcourir la litanie des déjections dominicales des Guignols, des premières de Libé ou des « enquêtes » de Marianne pour s’en convaincre : Sarkozy doit être détruit !

Après « Sarko facho/raciste », argument réduit en cendres aussitôt connu son premier gouvernement, après « Sarko l’ultra-libéral », dont manifestement l’interventionnisme économique et social constitue l’antithèse parfaite, après « Sarko le bushiste », pourtant premier depuis Mendès France, et premier président de la Ve République à remettre en chantier le projet d’une Europe militairement indépendante, démonstration parfaite d’une stratégie de long terme aux antipodes d’un atlantisme assujetti, nos bobos sont contraints de se chercher une nouvelle contenance oppositionnelle.

L’indicible douleur d’avoir été dépossédés du pouvoir pour au moins cinq bonnes années - pire encore, la cruelle certitude qu’ils en étaient définitivement les seuls dépositaires autorisés - est en train de se cristalliser sur un nouveau hochet : le nouveau postulat serait que notre président est le jouet de l’argent : il sonne « bling bling ». Quoi de plus efficace en France que de mêler l’honneur d’un homme à de « vulgaires » questions d’argent ? tellement nauséabond qu’on n’ose pas s’approcher pour démêler le vrai du faux ! Comme la diffamation, « Il en reste toujours quelque chose » !

La tache originelle de cette « Histoire - définitive ! - du XXIe siècle », (forcément écrite par de purs historiens trois semaines après les faits) remonterait à cette honteuse halte du soir d’élection, où le président, attendu par beaucoup de ses intimes (de droite comme de gauche) au Fouquet’s, a distrait 2 heures de son temps pour aller leur rendre un peu de l’amitié qu’ils lui avaient témoigné pendant de longues et harassantes semaines de combat. C’est vrai, lorsqu’on a quelques milliardaires au nombre de ses intimes, au moins cachons-les, comme ont su si bien le faire tous ses prédécesseurs (y compris Léon Blum) : de grâce ne touchons pas à cette salutaire hypocrisie, c’était tellement mieux ! on croirait entendre :
"Bon Sarko là, t’aurais pas dû ! On peut pas nier l’élection mais là on peut se défouler, les jaloux seront avec nous et avec ces troupes-là, au moins, on est sûr d’avoir la majorité !"

De fait, il y avait là tant de gens qui avaient beaucoup d’argent ! Rendez-vous compte ! Cet argent qu’ils avaient forcément volé à leurs pauvres salariés puisqu’il n’est décidément de fortune faite dans ce pays que de fortune infâme !

Nous avons ensuite, dans ce pistage canin (pardon pour nos amis les chiens) le désaveu solennel - administré par nos très prévisibles journalistes bobos « panthéonisés » - de ce très coupable séjour sur le yacht de M. Bolloré !

Les photos sont bien sûr volées, naturellement faites par des journalistes dont c’est le métier de faire vendre du papier, ce qui ne les empêche pas d’être reprises par d’autres journalistes, censés leur être moralement supérieurs puisque uniquement préoccupés de la chose publique et le noble combat des idées !
Peu importe les sources et la manière, Sarkozy doit être détruit ! Et il est vrai, comme chacun sait, que ce chef d’entreprise à la réussite emblématique, pourrait risquer d’adresser de manière subliminale aux Français un message assez éloigné de la vulgate soixante-huitarde : le travail, l’effort, le goût du risque, toutes valeurs honnies par notre classe dirigeante bien-pensante (qui n’a nul besoin de les soutenir, étant déjà rassasiée depuis toujours des bienfaits de la fortune et de la notoriété et souhaitant les conserver pour elle seule le plus longtemps possible).

Nous avons aussi cette rutilante occasion - certes inespérée car insuffisamment expliquée par l’Elysée - que notre presse de haine a abondamment exploitée, vomissant sans honte sur le président et son « augmentation de 210 % » ce qui en dit long sur le degré de détestation qu’elle trahit puisque pour dénoncer une affaire d’argent public qui serait donc réputé « volé » au citoyen (sujet faisant théoriquement appel aux ressorts les plus incontestables de la morale publique), on commence à tenter de l’accréditer par un scient mensonge !!!

Cela nous rappelle la très vertueuse explosion d’indignation de Mme Royal lors du débat télévisé, qui nous avait gratifiés tout à la fois d’une colère sur commande faussement spontanée, et d’une méconnaissance troublante du sujet qu’elle était censée posséder et qui était pourtant censé causer son courroux !

Somme toute, l’indignation étroitement imbriquée au mensonge résume assez fidèlement le comportement général de l’anti-sarkozisme en ce début de quinquennat.

Il en est de cette fausse affirmation comme de celle des prétendus « 15 milliards donnés aux riches » : il n’est pas nécessaire qu’une information soit factuellement incontestable pour qu’elle puisse être assénée et répétée à l’envi, même si ce n’est pas parce que l’on aura réaffirmé cent mille fois une contre-vérité que celle-ci devient vraie... (on le voit, 1 siècle de gauchisme formaté de marxisme lénino-trotskiste a laissé des traces tenaces et la vérité « révolutionnaire » s’est si confortablement installée dans nos cerveaux bobos depuis si longtemps qu’elle n’en sortira plus : la question, pour Libération ou Le Monde, n’est pas la réalité d’un fait, mais l’utilisation politique que l’on peut tirer de ce que l’opinion croit à propos de l’affirmation de celui-ci.)

Il est donc évidemment inutile de chercher à détordre ces contre-vérités de façon factuelle puisque la mauvaise foi de leurs auteurs n’a strictement aucune chance d’en être ébranlée, eux qui sont là pour expliquer au bon peuple « comment » il doit penser (de préférence en évitant de le côtoyer : on est tellement mieux à l’abri de son digicode pour donner des leçons de morale et dire le bien et le mal).
Vous avez dit journalistes ?

L’épopée sarkoziste - pourtant à peine à ses débuts - a déjà totalement vitrifié toute velléité de consistance idéologique autre que celle issue de ses propres rangs, excepté bien sûr le gauchisme officiel « communiste révolutionnaire », qui continue d’affirmer victorieusement l’interdiction des licenciements et l’abolition du capitalisme. Le danger d’une opposition opérationnelle est donc pour longtemps assez éloigné, et ces très innovantes perspectives ont toujours pour elles l’immense mérite de l’humour...

Par voie de conséquence, tous ceux qui, plus réalistes, n’ont pas été en situation de monter dans le train du sarkozisme lorsqu’il en était encore temps, et notamment ceux qui tentent de rêver à un mirifique avènement de François Bayrou (autre forme d’humour ?), se débattent dans une insupportable impasse : comment exister politiquement !?

Il n’existe évidemment qu’un chemin susceptible de fédérer cette communauté de cerveaux que l’imagination a cruellement abandonnés, qui se complaît dans les mêmes mesquineries et se nourrit des mêmes frustrations : tenter de détruire le pouvoir choisi pour cinq ans par les Français en utilisant les armes classiques des médiocres. Vous avez dit bling bling ? : tentons donc de pénétrer dans cette volée de bulles de savon noirâtres pour en déterminer la consistance chimique...

De ce point de vue, les ressorts demeurent somme toute assez classiques et assez puissants sans être pour autant tous parfaitement avouables. Ainsi voyons-nous la vieille famille chrétienne feindre de se scandaliser d’une vie privée présidentielle « pipolisée ». Une petite allusion, au passage, à propos des origines juives de la maman du président suffit à disqualifier une partie non négligeable de l’opinion de la sincérité et de la force de l’action présidentielle, même si chaque jalon posé par le président en politique étrangère plaide pour l’indépendance vraie de la France et son regain d’autorité...

On vous l’avait bien dit : un juif est par définition « apatride », donc de toute manière « sans foi ni loi », et évidemment fasciné par l’argent roi... Cela ne vous rappelle rien Messieurs les journalistes bien-pensants ? Une petite remontée d’huile de la - très - vieille droite catho ? vous n’y pensez pas M. Bayrou !

Il est vrai que divorcer est, de nos jours, peu fréquent et comme chacun sait, la preuve d’une très coupable inconstance, particulièrement si, quelques semaines plus tard, on a le toupet de vouloir de nouveau être heureux avec une autre. Il faut donc tenter d’amalgamer ce petit composé résiduel de la « bonne » société française, en espérant que le peuple finisse par se détacher durablement de son président, catastrophe financière internationale aidant ! Sarkozy doit être détruit on vous dit : on y verra plus clair après !!!

Il est vrai aussi que Mme Bruni ne ressemble que d’assez loin à la « ménagère de plus de 50 ans » que nos maris - de plus de 50 ans et suspectés d’envier leur président - sont invités à conserver sous peine d’indignité... Il est donc probable que beaucoup de nos femmes, épouses, compagnes ou ex-telles puissent avoir quelque difficulté à aimer une princesse à ce point gâtée par la vie... Et non moins vrai que nos hommes de plus de 50 ans, une fois passé l’émerveillement et l’illusion du « transfert », doivent éprouver quelque difficulté à imaginer une telle rencontre pour eux-mêmes...

Nous avons donc à l’évidence le matériau parfait pour faire naître un maelström de jalousies, petites haines et indéfectibles ressentiments, prêt à se traduire en une humeur collective fédératrice pour que les prochaines échéances municipales soient un cinglant échec présidentiel ! Longue vie à François Hollande !

Rien à voir me direz-vous ? C’est le pouvoir d’achat qui tarde à venir ! En est-on si sûr ? Il suffit d’observer le déferlement de curiosités et la frénésie d’achats de livres et revues à propos des femmes du président pour se convaincre que le mal est profond : la « pipolisation » subie par le président est un phénomène de substitution à l’immense et légitime attente de résultats tangibles après les multiples actions politiques engagées.

Ainsi, sans la moindre ébauche de régénérescence, le Parti socialiste, en ouvrant le bec, va sans doute devenir le plus grand parti de France en termes d’élus locaux... et il sera difficile de prétendre que ce sera par la force de conviction de ses propositions politiques pour réformer le pays...

Quant au petit maillot du petit M. Bayrou, plusieurs années après la naissance de cette entreprise unipersonnelle, on continue de chercher désespérément au microscope électronique la structure programmatique de son projet, excepté l’objectif absolu que la chimère bayrouiste s’est assignée : faire échouer le pays et les immenses réformes fondatrices entreprises par son président, l’important étant bien sûr que François Bayrou le prédestiné soit bientôt président de la République avant d’être atteint par la limite d’âge !

Et le peuple alors, que pense-t-il, le vrai peuple, de cette piteuse entreprise de démolition crypto-médiatique ?

Sans doute que notre président est clairement hors normes et un peu déroutant, qu’il n’est de toute manière pas à plaindre et qu’il est hautement souhaitable qu’il ait la peau dure, particulièrement pour l’espace temps qui lui est indispensable avant que les premiers dividendes de son action soient engrangés.

A n’en pas douter aussi, que les événements internationaux ne favorisent pas les résultats immédiats, et que de ce fait l’indulgence lui sera assez longtemps conservée malgré de prévisibles humeurs sans frais.

Les rapports des Français avec leur président semblent promis à prendre de plus en plus un tour passionnel, car rien de ce qui se produit depuis plusieurs mois autour du pouvoir suprême n’est vraiment comparable à ce qui a précédé. Les fluctuations de l’opinion ont toutes chances de subir de fortes fièvres avant que le personnage présidentiel n’utilise au mieux les opportunités indispensables pour asseoir durablement sa stature.

Le président s’est marié aujourd’hui. N’apercevant strictement aucune raison pour trouver cette nouvelle réalité dommageable pour notre pays, n’étant pas naturellement prompt à la jalousie, et sachant d’expérience combien « le bonheur est rare, et l’amour aussi », comme le chantait Gainsbourg, je souhaite au président le bonheur parfait qui décuplera ses forces pour mener à bien ses magnifiques combats au service de notre pays.

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