« Victimes collatérales » des fusillades : abominable rhétorique !

par Florian Mazé
mardi 22 août 2023

Depuis les récentes fusillades de Nîmes ou d’ailleurs, où des innocents, parfois des enfants, périssent, on n’entend plus que ce mot : « victimes collatérales du trafic de drogue et des guerres entre gangs ». S’il s’agit bien de « victimes », il ne s’agit absolument pas de « victimes collatérales ». Cette rhétorique pseudo-militaire n’a aucun sens ; elle sert juste à dissimuler des réalités bien pires que ce que croient les naïfs et disent les démagogues.

 

Qu’est-ce qu’une victime collatérale ?

 

Pour qu’il y ait une victime collatérale, il faut une guerre, au sens propre ou figuré, et un affrontement entre deux camps, tous les deux armés, par exemple deux bataillons qui se font face dans une plaine, une rue, de tranchée à tranchée, d’immeuble à immeuble, où n’importe quelle situation de ce type. Rien de tout cela dans la récente fusillade de Nîmes.

Il n’y avait pas deux gangs qui se faisaient face près d’un immeuble et une malheureuse voiture qui passait par hasard dans le coin, prise entre deux feux, arrosée par des balles perdues.

Nous ne sommes pas dans un film noir américain, où de temps en temps un innocent tombe, victime des balles explicitement dirigées par un gang contre le gang d’en face. Tout indique, dans l’affaire de Nîmes, que les assassins ont tiré pour le simple plaisir de s’entraîner et surtout de montrer qu’ils sont les patrons partout où ils se trouvent. Il ne s’agit donc pas d’une confrontation entre deux mafias rivales, mais bel et bien d’une agression aussi gratuite que terrible et sordide, faite par des gens certainement shootés à l’impunité dès leur plus jeune âge (ce qui, du reste, est une grande spécialité française). En clair, on a le droit d’évoquer des « victimes gratuites », on peut même parler de « violence jouissive » ou de « sadisme » ou encore de « terreur mafieuse gratuite » en évoquant les agresseurs, mais en aucun cas prétendre que les victimes seraient « collatérales » dans une quelconque « guerre » entre deux groupes armés.

Autrement dit (pour ceux qui n’ont encore rien compris) : même dans un quartier contrôlé par UN SEUL gang, sans aucune rivalité ni concurrence avec d’autres gangs, de tels crimes – par pure jouissance d’exercer la terreur – peuvent tout aussi bien se produire. D’ailleurs, à mots couverts et avec un peu de transpiration sur les tempes, c’est ce que disaient les journalistes et les intervenants de BFMTV ce matin du 22 août 2023.

 

Comment en est-on arrivé là ?

 

La France est une criminocratie, un État-zombi ; autrement dit, c’est l’alliance parfaite des prédateurs d’en haut (l’oligarchie, les gens de pouvoir) et des prédateurs d’en bas (la racaille, les gangs, les voyous biberonnés à l’impunité et à l’assistanat dès le berceau). Entre les deux, il y a la classe moyenne, qui travaille dur, gagne peu et paye énormément d’impôts pour satisfaire les desiderata au sadisme exorbitant du marteau et de l’enclume.

De toute évidence, les braves victimes de Nîmes appartiennent à cette classe moyenne, qui n’a pas d’autres droits que ceux des ilotes à Sparte. Sur la classe moyenne, les prédateurs d’en haut et d’en bas peuvent se permettre absolument tout, dans un climat d’impunité, je devrais écrire d’immunité judiciaire et administrative absolue. Voilà pourquoi la macronarchie défigure des Gilets jaunes ou des salariés pacifiques à coups de flash-balls pendant que les casseurs et les émeutiers incendient la France avec la bénédiction de l’ordre établi conjuguée au soutien (larmoyant de compassion) des gauchistes. Quant aux dégâts, c’est toujours la classe moyenne qui paye, c’est-à-dire qu’elle paye deux fois.

Cette situation date de l’ère Mitterrand : dès les années 1980, le Raminagrobis présidentiel devait ménager les grands intérêts oligarchiques (bourgeoisie d’affaires, bourgeoisie intellectuelle, gros médias, gros écrivains, gros vedettariat, haute fonction publique, magistrature, associations et organisations subventionnés) tout en satisfaisant les gauchistes, ces sous-produits dégénérés du marxisme qui confondent systématiquement le prolétariat (qui travaille dur) avec la racaille (qui ne travaille jamais), vice qui prouve aisément qu’ils n’ont jamais lu Karl Marx. Du reste, un type comme Bernard Tapie incarnait à merveille cette parfaite complicité du haut et du bas.

D’où la criminocratie française, une parfaite machine à supplices, un parfait État-zombi : si vous faites partie de la classe moyenne, vous n’avez droit à rien. On peut vous tuer, piller, violer, squatter, vous découper en morceaux, vos agresseurs ne risquant absolument rien, et, cerise sur le gâteau, vous n’avez ni la liberté d’expression ni le droit de légitime défense. En revanche, si vous faites partie des privilégiés d’en haut ou d’en bas : open bar ! Vous n’aurez que des amis pour couvrir vos magouilles ou vos exactions. La loi ne s’applique qu’aux faibles ; la justice n’est pas rendue « au nom du peuple français » mais contre le peuple français.

 

La nécessité d’une réforme du langage

 

Dans un État criminocratique, le langage habituel n’a plus aucun sens.

Un exemple : savez-vous qu’un maire est « premier magistrat de la commune » et « officier de police judiciaire » ? En réalité, la plupart du temps, c’est un brave type de la classe moyenne qui n’a aucun réel pouvoir, qui peut se faire tabasser ou massacrer par des voyous garantis d’impunité. Autre exemple : un professeur comme moi est théoriquement « fonctionnaire d’État » protégé par un statut ; allez raconter cela à la famille de Samuel Paty !

En réalité, le maire, l’enseignant, et tant d’autres, nous sommes des esclaves d’État comme d’autres sont des esclaves privés. La classe moyenne est devenue une classe d’ilotes ; à Sparte, l’aristocratie du centre-ville avait le droit de tuer des ilotes. Aujourd’hui, c’est pire, nous avons deux oligarchies, celle du haut et celle du bas, autrement dit l’ordre établi et la racaille, qui marchent main dans la main et s’embrassent goulûment sur la bouche.

Lorsque le peuple français cessera d’être une masse d’esclaves consentants (classe en soi, diraient les marxistes) pour devenir une masse d’esclaves conscientisés et non consentants (classe pour soi), alors là, peut-être, les gens cesseront d’employer des expressions débiles et l’on aura peut-être un peu moins de terreur et de violence.

 

 

Florian Mazé,

Enseignant, écrivain et esclave non consentant


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