Les responsabilités de Charles de Gaulle et de ses complices dans la défaite de 1940 (1)

par Michel J. Cuny
mardi 24 juin 2025

Mais d’où venait donc ce deus ex machina qu’on aura vu surgir le 18 juin 1940, pour bientôt finir par mettre tout le monde d’accord, à travers une légende qui a cloué le bec du peuple de France au long de plusieurs décennies, à moins qu’il ne s’agisse de quelques siècles ?

Bien plus français que n’importe quel Français, ce failli de la Première Guerre mondiale aura d’abord tenté de vendre ses services de futur grand homme à l’armée polonaise en guerre contre la jeune Union soviétique. C’est ce qu’a découvert un ancien directeur d’études au Service historique de l’Armée de Terre (SHAT), le colonel Frédéric Guelton, Il en a trouvé la trace officielle dans les archives de l’ambassade de France à Varsovie…

C’est ce qu’il rapporte dans un texte intitulé Le capitaine de Gaulle et la Pologne :
« Deux théâtres d’opérations dans lesquels l’armée française est particulièrement impliquée, la Pologne et les Balkans, retiennent son attention. Charles de Gaulle porte d’abord son dévolu sur la Pologne. Il adresse, au début de 1919, une « demande d’engagement dans l’armée polonaise » au bureau slave de l’EMA. Il a, ce faisant, eu le malheur de s’affranchir d’une voie hiérarchique de tous temps aussi impitoyable que tatillonne. Sa demande est rejetée. C’est ce qui le pousse, le 28 janvier, à s’adresser directement au général Archinard, chef de la Mission militaire franco-polonaise pour obtenir son appui direct : « [...] D’après les renseignements reçus au Bureau slave du ministère de la Guerre, je m’étais borné à faire approuver ma demande d’engagement dans l’armée polonaise par vous-même, et par le général Haller, et à la remettre ensuite directement au Bureau slave. [...] Or, j’apprends que la 1re Direction du ministère de la Guerre vient de me renvoyer ma demande, parce que non transmise par la voie hiérarchique [...] Peut-être une bienveillante intervention de votre part auprès de qui de droit hâterait-elle la solution. J’ai l’honneur de la solliciter. » 
https://pl.ambafrance.org/Le-capitaine-De-Gaulle-et-la-Pologne

Manifestement, De Gaulle voulait « sa guerre ». C’est qu’il lui fallait se refaire, lui qui était passé très largement à côté de cette Grande Guerre qui ne lui avait valu que de rester prisonnier en Allemagne durant 32 mois (du 2 mars 1916 au 11 novembre 1918).

Or cette guerre tant espérée, il lui est arrivé d’affirmer qu’il était prêt à la faire aux côtés d’un très étrange personnage…

Une guerre et en association avec qui, donc ? La question mérite d'être posée ici, car de Gaulle y aura effectivement répondu, d'une façon pour nous stupéfiante, au tout début du mois d'août 1942, à Londres, en présence de son officier d'ordonnance, Claude Bouchinet-Serreulles, qui serait le tout dernier adjoint de Jean Moulin en juin 1943.

Dans le témoignage apporté par Serreulles, relevons un tout premier point :
« L'Empire, c'est moi ! dit-il parfois. Partout où le drapeau français flotte, c'est moi !  » (Claude Bouchinet-Serreulles, Nous étions faits pour être libres, Grasset 2000, page 140.)

Mais Claude Bouchinet-Serreulles va surtout nous permettre de mesurer le prix que De Gaulle est prêt à payer pour obtenir cet Empire que les alliés anglo-saxons semblent lui refuser. Il déclare l'avoir noté immédiatement après l'avoir entendu énoncer :
« Il faut que les Français le sachent. Je ne peux continuer à marcher avec des alliés qui s'acharnent à saper partout la position de la France, qui veulent me voler le Levant, qui n'ont ni politique ni stratégie, qui se bouchent hermétiquement les oreilles dès que je veux leur enfourner quelques idées, qui tandis qu'ils me dédaignent vont se pendre aux basques des moindres valets de Vichy, ces démocraties qui entretiennent des ambassadeurs au pays de l'Ordre Nouveau... Je dirai bientôt tout cela dans un discours retentissant.  » (Idem, page 227.)

Et comme Bouchinet-Serreulles s'inquiète de voir les démocraties en si mauvaise posture et d'imaginer l'effet que pourrait avoir la publication de tels propos, il a la terrible surprise d'entendre De Gaulle déclarer ceci :
« Mais je marcherai avec Hitler. S'il est prouvé que la France [lui-même ?] ne gagne rien à continuer la guerre avec les Alliés, qu'au contraire elle [lui-même encore ?] perd tout, eh bien ! La France renversera sa politique et gagnera la guerre avec Hitler ! J'ai toujours dit qu'il n'y avait que deux politiques : celle de Déat et la mienne ; si la mienne échoue, je me rallie à Déat. Il n'y a qu'un guide valable à toute politique, c'est l'intérêt national [celui de De Gaulle ?]. L'intérêt national devient-il de marcher avec Hitler ? Alors vous verrez ce que deviendront les démocraties, elles ne feront pas long feu !  » (Idem, pages 227-228.)

Et pourquoi donc trouve-t-on ceci dans ses Mémoires de guerre (page 299 du tome 2) ?...
« Laval avait joué. Il avait perdu. Il eut le courage d'admettre qu'il répondait des conséquences. Sans doute, dans son gouvernement, déployant pour soutenir l'insoutenable toutes les ressources de la ruse, tous les ressorts de l'obstination, chercha-t-il à servir son pays. Que cela lui soit laissé ! C'est un fait, qu'au fond du malheur, ceux des Français qui, en petit nombre, choisirent le chemin de la boue n'y renièrent pas la patrie. Témoignage rendu à la France par ceux de ses fils "qui se sont tant perdus". Porte entrouverte sur le pardon. »

Ne s’agit-il que d’une formule d’une très grande magnanimité ?

Et pourquoi donc la visite rendue au Caudillo (Francisco Franco) le lundi 8 juin 1970 ?...

Pour répondre avec précision à ces différentes questions – et à quelques autres – il faut revenir aux années trente et au rôle joué par Charles de Gaulle et celui qui s’est mis en tête de s’en faire le promoteur têtu : un certain André Pironneau.

Michel J. Cuny


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