Chavez, nouveau leader des non-alignés ?
par tonio
mercredi 20 septembre 2006
Quarante ans après la première réunion des non-alignés à La Havane, ils se retrouvent lors d’une rencontre haute en symboles. Fidel Castro, depuis son lit, laisse la vedette à Hugo Chavez.
C’est dans le contexte de la Guerre froide qu’apparaît le concept de tiers monde. Ce concept a un mérite qu’on ne peut négliger : il rappelle l’existence d’une zone de la planète pour laquelle la question primordiale n’est pas : sur quel camp s’aligner, mais : quelle serait, à son égard, l’attitude des États-Unis et celle de l’Union soviétique ?
En 1945, une grande partie de l’Asie, la quasi-totalité de l’Afrique, des Caraïbes et de l’Océanie sont des colonies ; leur priorité, malgré une grande pauvreté, est la libération nationale. Le concept de tiers monde permet de montrer les caractéristiques communes de ces pays en rappelant qu’ils ne sont pas concernés par la Guerre froide. En 1955, la conférence de Bandung, en Indonésie, marque l’union des pays du tiers monde pour affirmer leur volonté d’en finir avec la domination impériale et proclamer leur refus de s’inscrire dans l’ordre bipolaire. La lutte politique commence, la nationalisation du canal de Suez par Nasser en 1956, l’indépendance de nombreux pays africains, la victoire de la Révolution algérienne marquent le début de ce mouvement qui se fixe des tâches immenses. Mais bien souvent, pour ne pas dire toujours, le bilan est tragique, les changements annoncés ne sont pas au rendez-vous, pire, l’unité de ce groupe est constamment en danger.
Les années 1970 représentent l’apogée du mouvement ; l’idée alors défendue est la nécessité d’un nouvel ordre économique. Le tiers monde est cantonné au rôle de fournisseur de matières premières à bas prix et d’acheteur d’équipements et de services de plus en plus chers. L’OPEP et le choc pétrolier apportent beaucoup d’espoirs, mais finalement cela reste sans lendemain, et en quelques années la crise de la dette a raison de l’unité. Cependant le mouvement continue d’exister et se réunit régulièrement, comme à La Havane la semaine dernière, Cuba assumant actuellement la présidence.
Cette rencontre a été forte en symboles ; il y a quarante ans, avait lieu la réunion de la Tricontinentale à La Havane (janvier 1966) avec un Fidel Castro jeune leader de la révolution cubaine. A l’époque, il déclarait : « La cordillère des Andes deviendra la Sierra Maestra de l’Amérique latine ». Aujourd’hui il passe le flambeau. Son frère Raul conforte sa position de successeur probable, mais surtout Chavez devient le leader incontestable du mouvement des non-alignés.
Après la renaissance de la contestation contre l’impérialisme, avec le mouvement alter mondialiste, pourrait-on revoir un groupe de pays unis ? La solidarité affichée entre le Vénézuela, l’Iran, voire la Chine, est elle juste une façade, les idées ne vont-elles pas plus loin que les discours ? Autant de questions auxquelles il est difficile de répondre. L’histoire nous montre que les crises économiques ont eu raison de la solidarité entre les pays du Sud.