Pour un enseignement polyvalent

par MONEDI
mardi 13 novembre 2007

En France, depuis toujours, on oppose l’enseignement théorique à l’enseignement pratique ! L’abstrait au concret. C’est ainsi que l’Education nationale fabrique des « manchots du cerveau », des futurs chômeurs !

Quand le chômage des moins de 25 ans atteint aujourd’hui le chiffre de 22 %, nous n’avons pas à être fiers, nous adultes, du triste héritage que nous laissons à nos enfants ! Et sur ce plan-là, force nous est de reconnaître que le système éducatif français a failli, et continue de faillir à sa tâche. Cet échec est dû à une monstrueuse aberration de notre école publique, qui en privilégiant l’enseignement littéraire, dévalorise depuis des décennies l’enseignement technique. Cette dichotomie "Abstrait - Concret" qui oppose depuis toujours l’enseignement "théorique" à l’enseignement "pratique", a littéralement stérilisé une grande partie de notre jeunesse ! Quel jeune en effet, n’a jamais entendu dire par un professeur : "Si tu n’as pas de meilleures notes, tu finiras à l’usine", ou par son père : "Passe ton bac d’abord, on verra après" ! Car les parents aussi sont coupables de tous vouloir que leurs enfants soient avocats, docteurs, fonctionnaires, etc. Mais à qui la faute ? N’est-ce pas là, encore, les résultats d’un long et insidieux travail de sape de notre système scolaire, qui après avoir influencé les parents, élèves d’hier, continue de conditionner les enfants d’aujourd’hui, parents de demain !

Tout commence à l’école primaire


Quand on sait par Gaston Bonheur, que toutes les potentialités d’un être humain se forment avant l’âge de douze ans et qu’ensuite il n’y a que maturation, on mesure toute l’importance de l’école primaire sur le devenir des hommes et de la société. Mais quand on voit ce qu’est devenue l’école aujourd’hui, on peut se demander si en France, le corps enseignant a pleinement conscience de ses responsabilités. Aujourd’hui, il est de bon ton pour les instits et les profs de se plaindre de l’irrespect des élèves à leur égard, mais eux les premiers, ont-ils du respect pour leurs élèves ? On peut en effet se poser la question, lorsque l’on voit qu’une grande majorité d’enseignants sont habillés de jeans délavés et tirebouchonnés, de polos ou de cols roulés, de blousons avachis et sont bien souvent affublés d’une barbe hirsute. Un manque de tenue, tant morale que vestimentaire, est un manque de respect vis-à-vis des élèves ! Qu’ils l’admettent ou pas, ce sont les profs eux-mêmes qui ont dévalorisé leur fonction aux yeux du public. Où est donc passé l’instit d’antan ? Celui que les enfants admiraient et que les parents honoraient.

Au moment où l’on parle tant d’une nouvelle pédagogie, nos enseignants ont oublié que la meilleure des pédagogies est celle de "l’exemple" ! Ils doivent pourtant bien savoir que leur image est un "modèle" que, même inconsciemment, les jeunes enfants copient ! Si le savoir et les connaissances s’apprennent et s’inscrivent dans le néocortex, les valeurs morales et la personnalité s’acquièrent par le cerveau limbique, c’est-à-dire par l’apprentissage et l’exemple ! Ce problème de comportement des éducateurs, qui se répercute sur le comportement des élèves, est grave, mais il y a plus grave encore ! Il y a le problème de  : l’enseignement quasi "unilatéral" des intellects, que l’on dispense depuis toujours dans tous les pays dits modernes.

L’école forment des "manchots du cerveau"


De quel droit en effet et au nom de quel principe, peut-on faire croire qu’un intellect abstrait et littéraire est supérieur à un intellect concret et technique ? De récentes découvertes sur le fonctionnement du cerveau nous apprennent que les deux hémisphères du néocortex ne sont pas identiques. L’hémisphère gauche serait entre autres le siège du langage, de l’analyse, de la logique, en un mot de l’abstrait, tandis que le droit est le siège du faire, de la synthèse, de la créativité, c’est-à-dire du concret.

Nous pouvons donc émettre l’hypothèse que notre système éducatif, qui depuis des décennies développe essentiellement l’hémisphère gauche au détriment du droit, forme des "manchots du cerveau". C’est ainsi que l’école fabrique des chômeurs, diplômés certes, mais souvent analphabètes et inemployables !

Cette hypothèse pourrait également expliquer la crise profonde de notre jeunesse. Ce pourrait être en effet par cette amputation d’une partie du cerveau que depuis des années l’école, les syndicats et les parents complices génèrent des êtres schizophrènes qui seront leur vie durant mal dans leur peau. Chassez le naturel, il revient au galop ! Il revient toujours, mais non sans séquelles psychosociologiques : certains jeunes se révoltent, et c’est la violence et la délinquance juvéniles, d’autres subissent, et c’est la marginalisation qui conduit au je-m’en-foutisme, à la drogue, ou à l’anesthésie mentale par la musique techno !

On peut même penser que tous ces "laissés-pour-compte" d’une société hémiplégique ne sont que des dévoyés de notre système éducatif ! Leur intellect à dominance pratique a été contrarié dès l’école qui les a orientés de force vers des études théoriques. Ces jeunes auraient été bien plus heureux si on les avaient dirigés, comme auparavant, dès l’âge de 14 ans vers des formations manuelles ou techniques, pour lesquelles ils étaient prédisposés.

Pour une formation intégrale


Aucun homme n’est semblable. Mais si l’on sait que tous les intellects sont différents, l’on sait moins que leurs périodes de réceptivité sont elles aussi différentes. D’où la nécessité d’une formation globale, mais aussi d’une formation permanente.

En effet, rejeter et complexer un jeune parce qu’à un moment donné il n’est pas ouvert à l’enseignement théorique est un crime de lèse-personnalité, comme d’avoir rendu l’école actuelle obligatoire jusqu’à 16 ans est un crime de lèse-société. Un véritable gaspillage de potentialités pratiques d’une bonne partie de notre jeunesse ! Pour remédier à cette aberration il faut impérativement revaloriser l’enseignement manuel et l’apprentissage. Et la culture alors ? diront les cerveaux bien-pensants. Mais n’ayons aucune crainte pour le niveau culturel de ces jeunes, car devenus adultes et ayant acquis de bons métiers et donc de bons salaires, beaucoup reprendront, d’eux-mêmes, les enseignements et les études dont ils éprouveront le besoin. Et avec l’énorme avantage que ces nouvelles connaissances seront d’autant mieux assimilées et valorisées qu’elles auront été désirées et choisies et... non pas subies ! La "formation continue" devra aussi servir à cet enrichissement culturel !

- Formation globale. Afin d’assurer une éducation intégrale de tous les citoyens il faut procéder à une profonde réforme de notre système éducatif. Il faut réaliser la difficile mais indispensable symbiose de l’abstrait, du concret et aussi de l’esprit, afin d’apporter à chaque être humain les nourritures physiques, intellectuelles et morales dont il a besoin... au moment où il en a besoin. Et si nous avons surtout cité le technique, n’oublions pas le sport, ni tous les arts, musique, sculpture, etc., toutes ces disciplines qui en général se situent à la charnière des connaissances théoriques et pratiques, et qui font essentiellement appel à la pédagogie de l’apprentissage.

- Formation permanente. On n’a jamais fini d’apprendre ! Devant la masse immense et l’évolution des connaissances, l’école doit être permanente tout au long de la vie. D’autant plus que l’accroissement du temps libre donnera à tout le monde les possibilités de développer ses connaissances, tant théoriques que pratiques. Il faut inventer des dispositions qui permettent à tout un chacun, tout au long de sa vie, de changer de métier, d’activité, ou tout simplement de réaliser son épanouissement personnel.

Ambitieux et vaste programme, certes, profonde et difficile réforme de notre école, bien sûr, mais qu’on le veuille ou non, ce n’est qu’à cette condition que nous parviendrons à l’indispensable symbiose du "Savoir" et du "Faire", et à la si nécessaire réconciliation de l’HOMO SAPIENS et de l’HOMO FABER.


Raymond MONEDI


Septembre 2007


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