Comment une nouvelle « ruse de la Raison », en cours dans l’histoire, vise à déclasser la 1ère puissance mondiale, les États-Unis ?
par Hamed
vendredi 6 juin 2025
Pourquoi l’Occident n’est plus seul comme il l’était dans la première moitié du XXe siècle dans le commerce mondial ? Les pays d’Afrique étaient colonisés ; une grande partie d’Asie l’était aussi ; ces pays, accédant à l’indépendance, à partir de la fin de la Deuxième Guerre mondiale, ont commencé à renforcer ceux qui étaient déjà indépendants, les pays d’Amérique centrale et du Sud qui comptaient déjà dans le commerce mondial.
Comment alors vont se régler, suite à cette montée en puissance de nouveaux pays arrivants dans le commerce mondial, les crises monétaires qui ont commencé à opposer les États-Unis aux pays d’Europe, au milieu des années 1960 ? D’où viendra le salut non seulement pour l’économie occidentale mais aussi pour l’ensemble des économies du monde ? Ce sera comme l’a énoncé Hegel, une « ruse de la Raison » qui gouverne le monde. « Et que sera cette ruse de la Raison ? »
Ironie de l’histoire, elle viendra de ce monde arabe que l’Occident ne cessait de déstabiliser, depuis l’implantation d’Israël par la force et imposé par le Conseil de sécurité dominé par l’Occident.
La « ruse de la Raison » ou mieux encore, une « nécessité de l’histoire pour sortir le monde du marasme économique » viendra de l’Arabie saoudite qui, en réaction à l’intervention américaine lors de la quatrième guerre israélo-arabe (guerre du Kippour), poussera les pays arabes, membres de l’OPEP, réunis au Koweït, le 16 et 17 octobre 1973, à quadrupler le prix du pétrole. Le prix du baril de pétrole passe de 3 à 12 dollars, en quelques semaines.
Mais ce qui n’est pas dit dans ce jeu du poker menteur, c’est que l’Arabie saoudite, tout en décrétant des sanctions contre les États-Unis, comme l’embargo total sur les livraisons pétrolières, « facture » ses exportations pétrolières en dollar US et « pousse » les autres pays arabes membres de l’OPEP à facturer leurs exportations pétrolières en dollar US.
Ce qui en clair signifie que l’Arabie Saoudite, en décidant de facturer la vente de son pétrole en dollar, suivie par les pays arabes puis par les autres membres de l’OPEP, ne fait qu’« offrir » aux États-Unis le moyen cardinal pour « obliger » les pays d’Europe, le Japon et les autres pays importateurs de pétrole du reste du monde d’acheter les dollars US pour importer leur pétrole des pays du Golfe, d’Afrique du Nord et des autres pays d’OPEP.
Ce qui se traduit par un achat massif de dollars US par les pays importateurs de pétrole, ce qui permet de nouveau à la première puissance du monde de « répercuter ses déficits commerciaux sur le reste du monde ».
Que peut-on dire alors de l’Arabie Saoudite puisque l’initiative de sanctionner par un embargo les États-Unis venait d’elle ? Certes, l’initiative venait d’elle, mais « dictée » par le lobby financier mondial, en grande partie détenu par le lobby juif dans le monde.
Ouvrons une parenthèse sur le lobby juif, comme l'atteste l'histoire, les Juifs ont toujours dominé les finances publiques, depuis le Moyen-Âge. Comme l'écrit le journal français, La Dépêche, le 11 juillet 2024 :
« Parler des juifs au Moyen-Âge conduit de façon quasi-certaine à évoquer leur rôle dans le prêt à intérêt, voire dans l'usure. Effectivement, dès le début de cette période, les israélites, auxquels la plupart des métiers étaient interdits, s'orientèrent vers le crédit à la consommation entre voisins. Celui-ci, consenti souvent à la semaine et qui portait sur des besoins essentiels, atteignait parfois des taux de 30 à 35 % l'an, était difficile à supporter par les débiteurs. Louis Fédié (1815-1899), dans son Histoire de Carcassonne, nous explique qu'ici comme ailleurs les créanciers, tout comme les lépreux, étaient rendus responsables de tous les fléaux, notamment de l'empoisonnement des puits. Le même auteur a publié le serment que devait prononcer un courtier juif : après avoir reconnu l'existence du Tout-Puissant et des dix commandements, il admettait qu'en cas de malhonnêteté il serait frappé ainsi que ses enfants par les pires maladies et tomberait dans une totale misère. » (1)
En réalité, le lobby juif doit sa puissance sur le plan financier et monétaire à la « Raison dans l’histoire » ; ce n’est pas le lobby juif qui est devenu le lobby financier mondial, mais l’histoire qui l’a instruit à le devenir ; et elle se traduit comme une compensation à l’errance de 2000 ans que le peuple juif a subie ; sans cette puissance sur le plan financier et monétaire dans le monde, fondant dans les autres peuples, on ne voit pas comment le peuple juif aurait survécu, et avec lui, la religion monothéiste hébraïque qui vient du Seigneur Tout-Puissant.
Or, aujourd’hui, de plus en plus la tendance de la puissance sur le plan financier et monétaire, surtout avec l’implantation de l’État d’Israël, en 1948, est en train de s’étendre aux autres peuples du monde ; la Chine est en train de devenir un leader dans les problèmes financiers et monétaires internationaux ; la Russie est en train de la suivre.
Ceci étant, en revenant au privilège unique du dollar octroyé aux États-Unis, à partir de l’année 1973, avec le quadruplement du prix du pétrole, privilège qui n’est autre que le « droit de seigneuriage du dollar US sur le monde ». Celui-ci ne repose pas seulement sur le coût de l’émission monétaire par la Banque centrale américaine (Fed), mais sur les échanges mondiaux que permet la formidable masse de dollars en circulation utilisée par l’ensemble des pays du monde.
Une partie importante de cette masse de dollars américains qui n’est pas adossée à des contreparties physiques productives réelles de l’économie américaine repose sur la demande de dollars par les importateurs de pétrole (Europe, Japon et reste du monde) pour le règlement de leur pétrole importé auprès de l’Arabie Saoudite et les autres pays arabes et OPEP. Ce processus d’émission monétaire par la Fed ex nihilo (planche à billet) reposant sur le libellé monétaire des transactions pétrolières saoudiennes, arabes et OPEP permet précisément aux États-Unis de répercuter leurs déficits commerciaux sur les pays du reste du monde.
La dépréciation du dollar liée au surplus massif de création monétaire ex-nihilo par la Fed qui devait s’opérer sur les marchés monétaires n’a pas lieu ou très faiblement du fait que le surplus de création monétaire est absorbé dans les transactions pétrolières avec le cartel pétrolier dominé par l’Arabie saoudite.
C’est ainsi qu’à partir de 1973 les États-Unis redeviennent de fait l’Empire régnant sur le monde par le « dollar adossé au pétrole arabe et OPEP ».
Dans ce nouveau processus, lorsque les pays arabes convertissent des dollars sur les marchés en monnaies européennes ou japonaise pour régler leurs importations en provenance d’Europe et du Japon, et qu’une partie de ces dollars reviennent sur les marchés, si le dollar se déprécie sur les marchés monétaires, cette dépréciation du dollar ne sera pas un frein au « droit de seigneuriage » de l’Empire, pour au moins trois raisons.
La première porte sur les excédents commerciaux des ventes du pétrole en dollars des pays arabes qui, en accord avec le pouvoir financier américain, viennent se placer en bons du Trésor et obligations américains. Ce qui permet de pondérer la dépréciation de la monnaie américaine.
La deuxième raison réside dans le fait que les conversions des dollars en d’autres monnaies pour régler les achats de biens et services en provenance d’Europe ou du Japon par ces pays sont en bonne partie contrebalancées par les achats de dollars sur les marchés pour le règlement des importations pétrolières ultérieures qui sont récurrentes. Le pétrole étant une matière énergétique consommable qui nécessite toujours de nouvelles importations, chaque année.
La troisième raison, et c’est la plus importante, en « couronnant » les États-Unis sur le plan monétaire, les pays arabes « couronnent » aussi les pays d’Europe et le Japon, en tant qu’émetteurs de monnaies internationales. Comment ? Toute dépréciation du dollar due à un excès d’émission monétaire par la Fed est aussitôt contrebalancée par des émissions monétaires ex nihilo par les pays d’Europe et du Japon. En effet, une dépréciation du dollar fait automatiquement apprécier les monnaies européennes et japonaise. Conséquence : les pays d’Europe et le Japon perdent en compétitivité commerciale, les biens exportés sont plus chers. Pour dégonfler le taux de change de leurs monnaies, les pays d’Europe et le Japon utilisent à leur tour la planche à billets et émettent des liquidités en franc, en livre sterling, en deutschemark, en yen, adossés à rien donc ex nihilo comme les États-Unis.
Ainsi, les quatre puissances monétaires, c’est-à-dire les trois grands pays d’Europe et le Japon, en tant que détenteurs de monnaies internationales, retrouvent aussi leurs « droits de seigneuriage respectifs » sur l’ensemble des pays du monde. Il faut aussi dire qu’en plus des grandes nations, les pays comme l’Italie, la Suisse... ont aussi un droit de seigneuriage mais plus restreint.
L « ruse de la Raison », on le voit bien, avec l’inclusion du monde arabe dans la consommation mondiale à laquelle s’ajoute la monétisation des déficits extérieurs américains, a permis, en dopant la consommation mondiale, d’éviter une crise économique majeure au monde. Avec le monde arabe, l’Arabie Saoudite au centre entre les puissances, le jeu monétaire mondial s’opère en fait à six : « l’Empire US, le monde arabe-Arabie Saoudite et les quatre puissances monétaires (Allemagne, Royaume-Uni, France, Japon). »
On comprend dès lors l’importance du monde arabe et de l’Arabie Saoudite dans le jeu monétaire mondial, et toutes les crises et guerres qui se jouent en son sein. Toutes les grandes puissances convoitent cette région centrale du monde ; pour les États-Unis, la région du monde arabe constitue l’espace vital qui conditionne leur survie en tant que première puissance économique, financière, monétaire et militaire du monde ; sauf que ce conditionnement ne s’opère pas dans la paix mais dans la guerre.
Par exemple, l’islamisme armé n’a joué que grâce aux pétrodollars ; il a permis à l’Arabie saoudite de le propager à travers le monde, en construisant dans tous les pays des mosquées, des instituts islamiques, et ce avec l’assentiment intéressé des puissances occidentales, en particulier les États-Unis qui l’ont utilisé pour protéger le Moyen-Orient des puissances adverses.
Le véritable objectif des puissances occidentales et l’Arabie Saoudite en tant que monarchie absolutiste était donc d’instrumentaliser l’islam pour en faire, à l’époque, un rempart contre les visées soviétiques sur cette région centrale du monde, surtout depuis l’affaiblissement de la première puissance mondiale, suite à la débâcle militaire au Vietnam et à la semi-victoire de l’Égypte contre Israël en octobre 1973.
Et la décennie 1980 a été éloquente sur les guerres qui se sont jouées pour précisément affaiblir l’Union soviétique et cette déstabilisation a été telle que l’Union soviétique a finalement cessé d’exister, en décembre 1991.
Mais si l’Union soviétique a cessé d’existé, en réalité, elle a terminé son rôle historique ; on le constate aujourd’hui, après avoir aidé les pays d’Afrique et d’Asie à se libérer de la colonisation occidentale, le monde n’a plus besoin d’URSS. En effet, la guerre à Gaza en témoigne ; le Hamas, à lui seul, malgré les souffrances inouïes du peuple de Gaza, met en échec l’armée suréquipée d’Israël et soutenue par l’Occident, dont les États-Unis, la première puissance mondiale.
Et là c’est le prodige de l’histoire qui se greffe à la ruse de la Raison dans l’histoire. Ce qui nous fait dire qu’« une nouvelle ruse de la Raison dans l’Histoire est en cours, mais, cette fois, vise à déclasser la puissance américaine. » Le processus est en cours ; le yuan fait déjà partie des monnaies internationales les plus utilisées dans le monde.
Avec l’échec en cours en Ukraine et à Gaza qui ne manquera pas de venir, l’Occident et son socle, les États-Unis, obligés de lâcher prise, la « ruse de la Raison » ouvrira une nouvelle ère. Comment ? D’abord mettre fin au privilège exorbitant du dollar US dont l’économie des États-Unis en dépend, puis de nouveau « la Raison, dans une ruse, imprime un autre cours de l’Histoire ». Comment sera-t-il le monde ? Le temps nous le dira. Et qui sait ? Un monde meilleur qu'aujourd'hui.
Medjdoub Hamed
Chercheur
Note :
1. « Prêt à intérêt et usure au Moyen-Âge », par La Dépêche. Le 29/09/2019
https://www.ladepeche.fr/2019/09/29/pret-a-interet-et-usure-au-moyen-age,8445874.php