L’Europe voudrait, dans la quête de son destin incertain, accélérer sur une piste glissante et sans boussole

par H.Ramirez
jeudi 20 février 2025

Obligée par le grand hiver russe d’aller de l’avant, l’Europe monte dans un véhicule, une machine faite de bric et de broc, sans savoir précisément où aller et sans un conducteur défini et compétent, et tout ceci dans une nuit de brouillard.

Une réalité douloureuse !

Oui, c’est un piètre tableau qu’à chaque réunion internationale nous donnent à voir ces petits dirigeants arrivés au pouvoir et au destin de nos grands pays européens. On est en droit de se demander quel sera le destin du continent européen où a pu se réfugier et fleurir la civilisation des Lumières, et si elle n’est pas en train de s’éteindre et disparaître.

En effet, le chemin parcouru vers le désastre a été multiple. Depuis un demi-siècle, dans presque tous les pays de notre Europe, s’est relevée dans leur direction et gouvernement une caste d’hommes formés aux affaires, avec un seul souci dans leurs actions : la rentabilité et la renommée personnelle.

Attitude bien contraire aux motivations et comportements d’un Adenauer, d’un Willy Brandt, d’un Winston Churchill ou de Charles de Gaulle. Et bien évidemment, à côté de ces dirigeants, il y avait une myriade d’hommes et de femmes qui n’hésitaient pas à risquer leur vie pour affirmer et défendre leurs convictions politiques et sociétales ; ce monde a disparu !

Le monde du spectacle a pris le devant de la scène, surtout en France, avec un Hollande, un Sarkozy et un Macron ! Des nains politiques, mais maîtres dans le spectacle.
Le désastre de l’abandon de l’éducation publique gratuite et véritablement laïque, d’une agriculture traditionnelle et attentive aux lois de la nature, d’un effort d’industrialisation soutenu, ainsi que du respect de la volonté populaire, tous ces principes, fondement de la démocratie et du fonctionnement d’une Nation, ont été mis à mal.

Monsieur Sarkozy est allé plus loin et sans hésiter, il a méconnu la volonté du peuple français lors du référendum sur la Constitution européenne ; et face à son rejet, il n’a pas douté un seul instant, faisant approuver le traité de Lisbonne, violant ainsi la volonté de la nation française. À cela, on peut ajouter ses ententes et relations douteuses avec le régime de Kadhafi.

Tous ces actes et comportements similaires se sont présentés dans tous les pays européens. Rappeler deux exemples entre eux est suffisant pour étayer nos affirmations : le comportement de Gerhard Schröder, chancelier allemand, et de l’ancien Premier ministre François Fillon, embauchés tous les deux par des multinationales russes, sont des exemples pathognomoniques, qui ont conduit aujourd’hui à la situation dans laquelle se trouve l’Europe : une Europe affaiblie et proie de l’extrême droite.

Ouvrez les yeux, peuple européen !

La vie des peuples, quelle qu’elle soit, est rythmée par le mouvement de balançoire entre la guerre et la paix. Les changements fondamentaux se font toujours sur les échos des explosions de canons et des bombes. L’être humain est essentiellement un être politique, un être violent et en même temps un être de paix ! Il est sous l’emprise de deux pulsions : la pulsion de vie et la pulsion de mort ! Et Clausewitz a raison quand, dans sa célèbre phrase, il affirmait que la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens. Il faut donc se rendre compte que la guerre initiée par Poutine vis-à-vis de l’Ukraine est de la haute politique. Ce n’est pas un acte irréfléchi, même s’il a pu faire de mauvais calculs stratégiques. Son armée s’est montrée inférieure aux objectifs fixés par son jeu stratégique et géopolitique.

Or Poutine n’est pas fou, c’est un leader politique d’une grande nation : la Russie. Il veut tracer le destin de son pays dans un nouvel ordre mondial qui se restructure actuellement en blocs géopolitiques inédits.

Que pour cela, face à une Europe en déliquescence, fractionnée, incapable jusqu’à présent de s’unir politiquement et se montrant intéressée uniquement par une simple union économique, où des intérêts divergeant s’expriment tous les jours, lui, Poutine, de façon cohérente veut placer son pays dans le rôle qu’il croit qu’il doit jouer et qu’il a eu dans son passé glorieux.

Or de ce fait l’Ukraine est un moyen nécessaire, tout comme les pays baltes, dans la vision de placer la Russie comme leader incontesté du bloc géopolitique russe-européen.

Du côté des États-Unis, qui sont déjà à eux seuls un bloc géopolitique, un empire, mais qui ont besoin, face aux nouvelles forces qui se développent et se restructurent dans le monde actuel, en particulier par l’émergence de la Chine, de se renforcer avec de nouvelles acquisitions, conquêtes territoriales ou annexions, la politique du président Trump est aussi claire ! Le Canada, le Groenland, le Canal de Panama seraient des objectifs souhaitables.
Mais plus important encore pour les États-Unis est le besoin pressant d’alliance avec la Grande Russie et son « ami » Poutine face à la Chine. Ceci explique ce qui apparaît comme inexplicable : l’abandon et la trahison de son ancien ami, le président Volodymyr Zelensky, par les États-Unis d’Amérique.

Or face à cette volonté de pouvoir, l’Europe est placée, malgré elle, en face de toutes ses contradictions et fragilités. Tout ceci la condamne à jouer un rôle futur de quatrième rang dans la nouvelle structure géopolitique de ce monde qui se construit sous nos yeux !

Pour étayer les affirmations que je viens de faire et celles que je ferai immédiatement, il faut se souvenir des déclarations de Poutine au moment de déclencher l’agression contre l’Ukraine. Monsieur Poutine a affirmé qu’il n’accepterait pas l’entrée de l’Ukraine dans le giron de l’OTAN, et qu’il ne voulait pas seulement la neutralité de l’Ukraine, mais également celle des pays baltes.

Que signifie, grosso modo, à long terme, la neutralité de ces pays qui lui posent problème pour la sécurité de ses frontières européennes ? Avoir les mains libres pour des tâches plus importantes : par exemple, la consolidation et la mainmise sur des pays qui, avec l’effondrement de l’URSS, avaient eu des velléités de s’éloigner de l’emprise russe. In fine, l’organisation du bloc géopolitique euro-russo-américain face à l’autre géant : la Chine et ses alliés asiatiques.

Or, pour Poutine, les pays baltes doivent rentrer définitivement dans la sphère de l’influence russe. Il est prêt à jouer de sa force et de sa carte maîtresse : les populations russophones, afin de créer l’instabilité à l’intérieur de ces pays. Pour cela, il lui suffira de quelques assassinats et viols ciblés. Une fois cet objectif atteint, l’Europe des affaires sera dans ses mains. Elle ne lui échappera pas !

L’Allemagne, comme la France, a également eu droit à ses trois nains politiques : Angela Merkel, Gerhard Schröder et Olaf Scholz ; les trois, par tous les moyens, ont fait le nécessaire pour rendre l’Allemagne dépendante énergétiquement de la Russie. Maintenant, l’Allemagne importe une bonne partie de son combustible des États-Unis, qui lui fait payer une facture salée qui l’étouffe économiquement et la fragilise !

Le boulevard est grand ouvert pour Monsieur Poutine afin de phagocyter l’Europe.
Face à cette situation dramatique, l’Europe entrera dans une phase de convulsions, où l’extrême droite se présentera, par son amitié avec Poutine, comme la seule bouée de sauvetage !

H Ramirez A.

19/02/2025 Neuilly sur Seine


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