Nous partîmes cinq cents, mais par un prompt renfort... (lettre ouverte à José Bové)
par Socialistes Anonymes
mercredi 24 janvier 2007
Les socialistes anonymes regroupent de plus en plus de socialistes qui ne se résignent pas à l’investiture de Ségolène Royal par le Parti socialiste. Ils prônent l’abandon de la social-démocratie pour un retour aux valeurs de justice sociale qui faisaient jadis toute la force et la crédibilité du socialisme. Entrés en résistance contre la direction du Parti socialiste, ils se regroupent dans toute la France et entretiennent l’espoir d’un réveil de la vraie gauche de ce pays.
Les socialistes anonymes se moquent de la personnalisation de leurs convictions. Les socialistes anonymes ont choisi l’anonymat pour faire passer leurs idées avant le petit bout de leur nez et leurs grandes dents limées. Les socialistes anonymes sont de très bons passe-partout mais n’appartiennent à aucune cour.
Après la lettre ouverte à François Bayrou, les socialistes anonymes récidivent...
Camarade José,
A cette date du 24 janvier, nous savons qu’Olivier Besancenot, le candidat de la LCR, n’a pas ses signatures. A-t-il été trahi par de roses promesses faites contre un retrait précoce de la campagne unitaire pour une candidature antilibérale ? Mystère... Le fait est qu’il ne devrait pas être en mesure d’être candidat à la présidence de la République.
Quant à Marie-George Buffet, elle est créditée du plus
mauvais score jamais pronostiqué pour le Parti communiste. Qu’elle fasse déjà
si visiblement campagne pour l’avenir Royal de son parti ne va rien arranger.
La gauche française de ce pays, la vraie, ne voit pas juste dans l’ordre juste
: elle voit juste clair.
Tu devrais finalement être candidat le 1er février. Un grand
nombre de militants et de sympathisants de la gauche sociale t’y encouragent. Ils attendent que tu
puisses porter les aspirations d’une gauche insoumise au néolibéralisme et à
tous ses excès. Une gauche en nombre sur la liste d’attente d’un nouvel espace
politique aujourd’hui inexistant.
Partout dans le monde, la gauche social-démocrate est impuissante à freiner la course effrénée du néolibéralisme. A l’heure où un collectionneur de montres de luxe, sans aucun doute grand lecteur de Jaurès, nous enseigne que les couples avec deux enfants vivant avec 12 000 euros nets mensuels sont loin d’être des privilégiés, ne faut-il pas plus que jamais prendre la défense de ceux qui sont confrontés à la pauvreté ?
La priorité de la gauche sociale doit être de garantir des
droits fondamentaux tels que se nourrir, se loger, se soigner,
s’éduquer, se déplacer, pouvoir travailler et vivre dans un environnement
préservé, ou encore l’accès de tous à des biens communs comme l’eau ou
l’énergie. Ce sont toutes les politiques ultralibérales qu’il faut remettre en
cause. Cela nécessite notamment un impôt plus juste et mieux redistribué, une
véritable péréquation dans le cadre de la décentralisation, un meilleur contrôle
de l’Etat sur toutes les administrations publiques. Il faut aussi contraindre
les entreprises à une véritable responsabilité sociale et écologique, à une
plus grande représentativité de leurs salariés au sein de leurs instances
décisionnelles, à un meilleur partage des richesses.
De même qu’il faut s’attaquer à la toute puissance du marché, il faut combattre le communautarisme qui bien souvent s’en accommode,
voire s’en nourrit. Le pacte social, lui, s’appuie sur des valeurs universelles
que nous devons à tout prix défendre et préserver. L’égalité et le respect des
libertés publiques doivent bien sûr être au coeur de ton projet. L’accès de
tous à une justice non discriminante en est l’un des aspects importants.
L’égalité de tous devant l’école, impliquant à la fois l’Etat et les
collectivités locales, afin que tous les élèves puissent bénéficier des mêmes
moyens, en est un autre tout aussi prioritaire. L’égalité des chances est un
leurre d’égalité. Seule compte l’égalité des droits.
Avec le non majoritairement exprimé le 29 mai 2005 lors du
référendum, les Français ont affirmé leur rejet des politiques libérales
européennes, contre la volonté des médias et des grands partis politiques. La
réalité de ce vote et de la campagne référendaire d’expression populaire qui
l’a précédé est sans cesse éludée. Les dirigeants européens semblent attendre
l’élection présidentielle de 2007 pour relancer le processus de ratification du
TCE. Si ce processus devait aboutir, contre le choix populaire déjà exprimé, le
pays basculerait probablement dans une crise nationale de grande ampleur. Au
regard de l’attente exprimée, comment construire une Europe fédérale définie
par l’intérêt général et libérée du joug des intérêts financiers et des lobbies
industriels ? Nous savons qu’une simple renégociation au sommet du traité est
vouée à l’échec pour atteindre cet objectif. Aussi te faudra-t-il oeuvrer pour
que les citoyens puissent obtenir un nouveau texte qui leur reconnaisse des
droits sociaux.
Les institutions financières internationales imposent leurs priorités commerciales partout dans le monde. C’est la puissance financière des Etats membres qui détermine leur poids décisionnel au sein de ces institutions. Il faut donc en revoir le fonctionnement, car leurs décisions sont très contraignantes sur le plan international, mais aussi national. L’intérêt du plus grand nombre doit en être la condition, garantie par une représentation des Etats vraiment démocratiques. L’intégration de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) au système des Nations unies (fondé sur le respect de la souveraineté des Etats) est l’un des moyens envisageables pour faire passer les droits de la personne avant ceux du commerce.
Tu as sans doute assez entendu dire que Bové fait campagne pour Bové. Nous aussi. Si Bové fait campagne, il ne peut le faire que sur la base d’une plate-forme politique solide. Il doit être capable de capter les voix d’une gauche en deshérence qui ne cèdera pas à la candidature virtuelle de la parole, de la vérité, de la morale, et des paraboles de campagne. Les coups pleuvront, mais si les querelles de personnes sont dépassées par la force et la justesse des convictions, alors les coups tomberont dans l’eau.
Seule une campagne claire sans velléité de ralliement et
sans signe de compromission confortera l’élan qui te pousse depuis un certain
temps maintenant. Une candidature de la gauche alternative qui soit offensive,
constructive, et lisible pour le plus grand nombre. Et donc pas une énième
sous-candidature Royal préfabriquée en vue de la Grande Synthèse si prisée du Parti socialiste. Ou une ultime apparition d’un miraculé de la politique, déjà
embaumé - auquel personne n’a jamais cru - qui surgit de son champ de maïs
transgénique planté par des lobbyistes amis.
La gauche sociale, laïque et républicaine est aujourd’hui la force militante la plus réactive à même d’être mobilisée. Es-tu prêt à mettre en ordre de bataille toutes ces volontés, à en préserver l’unité et à en assurer la pérennité ? Car la présidentielle n’est qu’une étape. La création d’un nouvel espace politique pour la vraie gauche de ce pays doit être le véritable objectif.
Devons-nous nous attendre à de très mauvais sondages te
concernant, dès cette semaine peut-être, et ensuite tout le long de ta campagne
? Nous le pensons. Tu ne dois pas fléchir, et tu dois même te déclarer prêt à
débattre avec chacun des principaux candidats en face à face, alors que la 1re
chaîne de France nous prépare déjà des débats faussés, non contradictoires, et
donc peu démocratiques, avec des panels de citoyens-consommateurs triés sur le
volet. Si les autres candidats ont vraiment un programme spécifique - et pas
seulement uniformément libéral - pour changer la vie des gens, qu’ils osent
venir le défendre face à chacun de leurs principaux adversaires devant des
millions de téléspectateurs !
Nous savons que toi, tu oserais. Mais nous serons encore plus exigeants. Le combat politique qui se prépare, pas seulement dans les mois à venir, mais bien au-delà, ne nous en laisse pas le choix.
Les Socialistes anonymes
PS : José, si tu as besoin d’une femme battue, surendettée, licenciée sans préavis par un patron voyou, expulsée de son domicile par la force, et privée de la garde de ses enfants, pour animer un de tes meetings dans le Nord, fais-nous signe ! On a ce qu’il te faut.