Parcoursup : qu’est-ce exactement ?
par Pierre d’Artois
mercredi 23 mai 2018
Hier tombaient les premiers résultats d'affectation de la nouvelle plateforme "Parcoursup" qui fait suite à son ainée, "Admission Post-Bac" (APB). Vous trouverez ici tout ce qu'il faut savoir sur le fonctionnement de ce nouveau système.
APB était devenu l’enfant terrible de l’éducation nationale. Après une déconvenue au fort écho médiatique en 2017, près de 6000 étudiants s’étaient retrouvés sans formation affectés par l’algorithme. Le principe de celui-ci était pourtant simple : les étudiants formulaient jusqu’à 24 vœux, dont au plus 12 par types de formation ; ils les hiérarchisaient (je préfère la prépa math-sup à la licence de maths, que je préfère à l’IUT d’informatique…) ; et les formations sélectives récoltant les candidatures établissaient elles-mêmes un classement parmi les différents dossiers. Le jour des affectations, un candidat pouvait recevoir 3 réponses par vœu formulé : oui, non, ou en attente, cette dernière proposition correspondant à la fameuse liste d’attente. A noter qu’un candidat ayant reçu un oui à une un vœu classé n-ème dans sa hiérarchie se voyait aussitôt démissionné de tous les vœux s’y trouvant plus loin, libérant ainsi des places pour les listes d’attentes éventuelles. Il pouvait cependant décider de ne pas accepter immédiatement cette formation et attendre que des vœux mieux classés lui retournent une réponse favorable, le temps décantant les choix des candidats, et ce durant trois tours d’appels. En ce temps, seules les filières dites sélectives et les facs hors académie pouvaient répondre « non » à un candidat, jusqu’à l’instauration du tirage au sort, qui fit grimacer beaucoup. Les étudiants laissés pour compte avaient donc manqué de jugeotte – ou avaient-ils été mal informés – et n’avaient donc pas dû formuler de vœu dans des filières non sélectives.
Devant la levée de bouclier suscitée par ce semi-scandale, le nouveau gouvernement a décidé d’une réforme quasi-cosmétique de APB, le muant en Parcoursup. Ils se distinguent selon deux différences principales : les étudiants formulent désormais jusqu’à 11 vœux qu’ils ne hiérarchisent pas, et les formations non sélectives ont désormais deux options de réponses : oui et oui si. Le oui si correspond à un ensemble de prérequis de l’étudiant, qu’il doit acquérir s’ils lui font défaut, par une légère formation de rattrapage simultanée à son année de fac, par exemple. Prenons par exemple un étudiant voulant faire une licence de physique mais étant issu d’un bac technologique : le programme de la première année reposant sur les bases du bac scientifique, il pourra se mettre à niveau pour pouvoir suivre les cours avec plus d’aisance. Le but du jeu étant de permettre aux étudiants de mettre les chances de réussite de leur côté. D’autres ajouts mineurs font leur apparition comme l’obligation de rédiger une lettre de motivation systématiquement, qui ne sera évidemment jamais lue, car le principe de la lettre de motivation est, c’est bien connu, d’être rédigée pour contraindre la personne à réfléchir sur ses motivations réelles.
La disparition de la hiérarchisation de vœux entraine néanmoins un problème sous-jacent : les candidats n’étant plus démissionnés automatiquement des vœux moins bien classés que le meilleur auquel ils ont une réponse favorable, les listes d’attentes risquent de bouger de façon moins immédiate que l’an dernier. A moins que les formations ne pratiquent le surbooking, ce qui serait un risque inconsidéré, il est plus que probable que beaucoup d’étudiants se soient retrouvés en attente lors du premier tour d’admission. Qu’ils ne s’inquiètent pas, il faudra attendre quelques jours, que les candidats chanceux commencent à accepter leurs vœux et à démissionner d’autres, pour comparer les deux systèmes.