Au Québec, coup de tonnerre contre le vote électronique

par Michel Monette
mercredi 9 novembre 2005

Le candidat défait aux élections de la ville de Montréal, Pierre Bourque, vient de donner une gifle au vote électronique. Bourque admet sa défaite, mais demande tout de même le dépouillement judiciaire de TOUS les votes exprimés.

Selon Bourque, plusieurs anomalies, en plus de sérieux ratés des systèmes informatiques, entachent le résultat des élections.

Un des candidats défaits à la mairie dans ma ville, Québec, où il y a aussi eu cafouillage informatique sur cafouillage informatique toute la journée, aura-t-il la sagesse d’en faire autant ?

Le politicologue Claude Côté se pose de sérieuses questions sur la sous-traitance au privé de la démocratie. « Est-ce que les techniciens qui ont travaillé dans les serveurs pendant des heures ont été assermentés, comme les autres travailleurs d’élections ? », demande-t-il dans un article du journal Le Devoir (accessible sur abonnement seulement).

« Les dirigeants municipaux ont eu l’air de penser que les élections, ça se fait sur la bonne foi ! », ajoute Côté. La naïveté des élus est en effet plutôt sidérante, et c’est un euphémisme.

Faut-il accepter les yeux fermés la privatisation de la journée de vote ?

L’animateur Michel Désautels a posé aujourd’hui LA QUESTION lors de son émission quotidienne (du lundi au vendredi) : peut-on vraiment confier le vote électoral au privé ?

Son invité, le directeur général des élections du Québec, Marcel Blanchet, avait fait savoir un peu plus tôt dans la journée qu’il était « extrêmement préoccupé » par les difficultés du vote électronique qu’ont connues plusieurs municipalités du Québec.

Monsieur Blanchet a reconnu que le déroulement du scrutin rend tout à fait légitime cette interrogation sur la pertinence de faire appel au privé, mais n’a pas fermé la porte à la poursuite de l’expérience avec des firmes privées.

Mais qu’est-ce que ça va prendre, pour jeter à la rue ces vendeurs du Temple de la démocratie ?

Une soirée électorale prolongée

À Montréal, il a fallu attendre jusqu’à 03h30 du matin les résultats complets de l’élection. À Québec, ce n’est que 22 heures plus tard que les résultats ont été définitifs.

Le ministère des Affaires municipales du Québec, qui accompagnait les municipalités dans leurs démarches pour choisir l’entreprise chargée du vote électronique, va « faire une évaluation "sérieuse, exhaustive" des technologies utilisées dimanche dans plusieurs municipalités où les résultats ont mis des heures à être transmis, en raison d’un problème avec le serveur. »

Quoi ? Les firmes vont accepter de livrer tous leurs secrets industriels ?

Tout le problème est dans l’incompatibilité totale entre les objectifs du privé, développer une technologie de pointe à l’abri de tout regard indiscret de la part des concurrents, et les impératifs de la démocratie, contrôler tous les aspects du déroulement du scrutin pour garantir l’intégrité du vote.

Cette incompatibilité devrait pourtant provoquer le rejet définitif de cette tentative de greffe des intérêts commerciaux sur la démocratie.


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