Evolution : sélection naturelle ou artificielle ?

par Jacques-Robert SIMON
mercredi 5 juin 2024

Le Monde semble s’acheminer vers un destin que personne ne maîtrise. Chacun est submergé par les innombrables catastrophes qui vont nous menacer ou nous menacent déjà. Il serait peut-être bon de cerner le cadre dans lequel on vit avant même de chercher des solutions aux problèmes qui se posent.

 Toute espèce vivante, des animalcules jusqu’aux bipèdes, est immanquablement régie par la Théorie de l’évolution qui d'ailleurs constate plus que postule ce qui constitue sa crédibilité. La Nature depuis des milliards d'années ne s’est pas constituée en fonction d’un dessein d’un quelconque créateur, d'une raison ou d'une déraison, il n’y a même pas de cause finale prédéfinie. Le vivant sous toutes ses formes découle seulement du hasard et de la nécessité. Les mutations qui se retrouvent au niveau de l’ADN sont parfaitement imprévisibles et ont été produites au gré de circonstances imprévues. Toutes les mutations ne seront pas pérennes, la plupart resteront sans descendance, les seules qui subsisteront devront surmonter la sélection naturelle, qui n’est en aucun cas une lutte pour être le meilleur des mutants, mais seulement pour être le mieux adapté à l’environnement. La capacité de reproduction est le seul échappatoire à la mort. Les mutations liées au hasard induisent la diversité, la reproduction est le seul guide de la vie. Au sein d'un milieu naturel, l’environnement est indépendant ou presque des êtres vivants qui y prospèrent. Ce qui fut vrai ne l’est plus. 

 En l’an 1000, il y avait de l’ordre de 300 millions de personnes sur la planète. La population n’augmenta que très modérément par la suite mais une explosion démographique se produisit lors des révolutions industrielles du XIXsiècle tout en initiant paradoxalement une baisse de la fécondité. Au seuil de la Révolution Française, le nombre d’enfants par femme (taux de fécondité) était de l’ordre de 5 et était en lente décroissance par rapport aux siècles antérieurs. Les guerres sanglantes et meurtrières ont pour effet d’augmenter significativement les taux de fécondité. En 1917 le taux de fécondité est de 2,7, il décroît régulièrement jusqu’à 2,1 en 1937, il bondit ensuite à 3,0 en 1947.

 Au niveau mondial, une décroissance continue de la fertilité est également observée depuis la seconde guerre mondiale avec cependant des disparités régionales considérables. Les pays occidentaux, ou plus généralement développés, connaissent des taux de fécondité qui la plupart du temps ne permettent pas le renouvellement quantitatif des populations. Seuls quelques pays africains connaissent un boom démographique important (Somalie, Mali, Tchad…). Il est donc tentant de relier l’embourgeoisement des nations avec la fertilité des femmes qui les constitue, l’investissement nécessaire à l’éducation d’enfants serait jugé trop important par rapport aux autres activités plus terrestres accessibles.

 Ce type d’explication n’est satisfaisante que pour l’esprit, les désirs et la volonté de quiconque n’étant pas quantifiables. Il est possible d'évaluer l'effet du facteur politique sur la natalité (en faisant exception des mesures exceptionnelles mises en oeuvre en Chine). Deux Corées furent créées en 1948, l’une sous domination soviétique, l’autre sous emprise américaine. Au Nord une forte expansion économique fut observée tant que l’URSS de l’époque épaula le régime (1990). La fertilité était importante, bien au-delà du seuil de renouvellement. Dans le même temps la Corée du Sud végétait, l’essor économique ne débutant qu’à la fin des années 1980, la fertilité au Sud était légèrement plus élevée qu’au Nord. Le différentiel de richesse entre les deux pays, tel que mesuré par le Produit Intérieur Brut par habitant, ne cessa ensuite de s’accroître. De nos jours, le Sud est 30 fois plus riche que le Nord mais les deux taux de fécondité sont inférieurs à 2. De plus le pourcentage de personnes en surpoids est quasi-identique dans les deux pays. Et on connaît parfaitement les effets délétères de l’obésité sur la fertilité. Des études statistiques sans fin pourraient être menées pour trouver l’explication ultime des phénomènes observés, mais il est plus simple de raisonner selon un autre biais.

 Depuis l’apparition des premières traces de vie il y a plus de quatre milliards d’années, l’évolution des différentes espèces n’a suivi, rappelons-le, que deux principes : le hasard et la nécessité. Le hasard permet d’obtenir une divergence au sein du vivant : bactéries, algues, insectes, plantes, reptiles, mammifères … vont apparaître au fil des mutations pour constituer ce qu’on appelle la Nature. Au fil du temps la biodiversité s'accroît. Des catastrophes externes (astéroïdes, volcanisme, glaciation...) peuvent temporairement, à l'échelle du million d'années, anéantir une bonne partie des espèces vivantes. Ce qu'on observe ces dernières décennies n'a rien à voir avec ces phénomènes : toutes les espèces disparaissent une à une au bénéfice du seul Homo Sapiens. Il s'agit d'un anéantissement du vivant par une seule espèce, l'Homo Sapiens, et elle s'installe en quelques dizaines d'années. L’Homme est ingénieux et dur au mal (pour la plupart). Lors des révolutions industrielles il a pu utiliser ses qualités non seulement pour domestiquer la Nature mais en pour faire son esclave. Le temps est fini de l’apparition de nouvelles espèces (autres que des animalcules), seule l’espèce humaine s'est donnée le droit de peupler la Terre. La divergence du nombre d'espèces induite structurellement par l’évolution naturelle a fait place a une évolution artificielle pour laquelle les chiffres, les nombres, les mesures, les statistiques, les probabilités mettent au rencart le hasard. La reproduction permettant la perpétuation de l’espèce n’échappe pas à la dictature du quantitatif et du raisonnable, on ne se reproduit pas par calcul. Dans le futur les rejetons seront obtenus en faisant appel aux technologies mises au point dans les laboratoires afin de pallier à une copulation entre sexes devenue marginale. 

 Un remède ? « Lorsqu’une maladie a beaucoup de remèdes c’est qu’elle est incurable. »


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