Sauver la démocratie
par ddacoudre
lundi 16 juin 2025
Mise en contexte et exploitation médiatique à partir du meurtre de la surveillante de Nogent.
Le meurtre de la surveillante par un adolescent de 14 ans représente bien plus qu’un tragique événement isolé. Au-delà de l’épreuve douloureuse qu’il constitue pour les familles impliquées – et, au sens large, pour chacun d’entre nous en tant qu’acteurs, souvent inconscients, de la vie sociale – cet incident est exploité par les médias et certains hommes politiques. Ceux-ci s’alignent sur l’urgence des choix éditoriaux immédiats, donnant ainsi plus de visibilité à des faits divers qui, en réalité, dévoilent des dysfonctionnements plus profonds de notre société. Dès lors, les polémiques, en particulier celles alimentées par les colères de figures telles que Mélenchon ou d’autres responsables, participent à un jeu de discrédit visant les journalistes en les accusant de manquer d’impartialité. Dans une interview, le président Macron soulignait justement l’absurdité de la situation en rappelant que ni lui ni le gouvernement ne peuvent se laisser guider par la réactivité des médias pour réagir à chaque fait divers.
Les déclarations politiques et leurs incohérences
Les opposants de Macron n’ont pas tardé à réagir, affirmant que le meurtre de la surveillante justifiait pourtant des mesures sévères. Cette contradiction a forcé le gouvernement à revenir sur ses positions pour finalement annoncer des limitations concernant l’usage des réseaux sociaux par les moins de 15 ans, tandis que le Premier ministre envisageait d’interdire la vente de couteaux aux mineurs. Par ailleurs, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, évoquait « l’ensauvagement de la société » en qualifiant, par exemple, l’attaque au couteau à Nantes non pas de simple fait divers, mais de fait de société. Ces déclarations témoignent d’un discours paradoxal : d’un côté, la volonté de présenter de manière scientifique et désintéressée la réalité des faits, de l’autre, l’emploi de formules simplistes et théâtrales, à l’instar de celles souvent utilisées par l’extrême droite pour alimenter la peur collective.
La transformation des faits divers en faits de société
Historiquement, certains faits divers étaient relégués à des rubriques mineures – par exemple, les « chiens écrasés » – et n’attiraient guère l’attention médiatique. Aujourd’hui, en revanche, ces événements sont sublimés, reformulés en « faits de société » et utilisés pour véhiculer une vision de la violence quasiment inhérente à notre mode de vie. La confusion entre le réel déclin des taux de violence (une mutation sociologique mesurée) et le sensationnalisme d’une information qui s’affiche en première page crée une perte de repères. Cette situation traduit une inversion des priorités : les faits divers sont désormais conçus et exploités non pour informer de manière objective, mais pour susciter une réaction émotionnelle immédiate, souvent au détriment d’un débat de fond sur l’évolution de notre société.
La dimension éducative et la responsabilité individuelle
La question de la compréhension des mécanismes menant au passage à l’acte – qu’il s’agisse de suicides, de délits ou de crimes – demeure plus qu’abrupte. Chaque jour, par nos actions et nos choix, nous contribuons, directement ou indirectement, à la dynamique sociale. Toutefois, sans une approche éducative et une reconnaissance de la part de chacun de la complexité de ses influences, il est difficile d’identifier les prémices de comportements déviants. Or, il serait irréaliste d’exiger de chaque parent qu’il endosse le rôle de psychanalyste, surtout lorsque, dès l’entrée de l’enfant à l’école, une partie de son monde et de ses interactions leur échappe. Cette situation renforce l’impression que l’information et la gestion de la délinquance chez les mineurs sont laissées à des dispositifs institutionnels qui parfois paraissent détachés de la réalité quotidienne des familles.
Analyse critique et réflexion globale
Les déclarations de personnalités politiques – de Marine Le Pen qui appelle à des mesures radicales pour « éradiquer la banalisation de l’ultraviolence dans nos écoles », aux prises de position de figures conservatrices sur la rigueur sécuritaire – soulignent l’utilisation instrumentale des faits divers à des fins électorales. Tandis que l’Observatoire de la société sur la délinquance et la criminalité des mineurs indique, dans certains cas, une tendance à la baisse des comportements délictueux malgré le sensationnalisme médiatique, le discours politique continue d’entretenir des peurs irrationnelles. Ce décalage entre la réalité statistique et le discours public rappelle combien il est dangereux de confondre l’émotion avec l’analyse rigoureuse. Pour réussir à encadrer la violence et promouvoir une véritable sécurité, il est impératif de réconcilier la rigueur scientifique avec une éducation qui valorise la compréhension des enjeux sociaux. L’existence d’un arsenal législatif entourant nos rapports sociaux – 29 codes et plus de 150 000 lois en témoignant – souligne la complexité des interactions humaines, bien loin de la vision manichéenne véhiculée par certains discours politiques qui empruntent aux orateurs des références antisoixante-huitardes.
Enfin, si ces déclarations pèsent lourdement sur la perception collective et peuvent ouvrir la voie à des dérives autoritaires, elles illustrent surtout la difficulté de dépasser les intérêts médiatiques et électoraux pour aborder de manière objective les questions de violence, d’éducation et de cohésion sociale. Le défi consiste alors à réconcilier une information posée, éclairée par des données réelles, avec une approche qui ne se contente pas de sanctionner ou de stigmatiser, mais qui propose des pistes pour transformer durablement notre société.
https://ddacoudre.over-blog.com/2025/05/la-meute-n-est-pas-la-ou-ont-la-decrit.html.
https://www.observationsociete.fr/
https://ddacoudre.over-blog.com/pages/La-france-enceinte-d-une-dictature-2892788.html
l’information
Être informé des risques qui nous entourent est essentiel à notre survie. Cependant, est-il vraiment nécessaire que les journaux télévisés diffusent quotidiennement un ou deux faits divers à forte charge émotionnelle ? Ne contribue-t-on pas ainsi à maintenir un climat d’inquiétude et d’anxiété, souvent abstrait pour ceux qui ne sont pas directement concernés ?
Avec environ 3 700 000 faits divers chaque année, soit plus de 10 000 par jour, il serait impossible de tous les relater : il faudrait plus de 56 heures d’écoute quotidienne rien que pour les couvrir. Par conséquent, la sélection des faits divers relayés dans les médias n’est jamais anodine et répond à des choix éditoriaux et politiques qui dépassent la simple volonté d’informer le public.
C’est un sujet de débat complexe qui touche à la responsabilité médiatique et à l’influence sur l’opinion publique dont les citoyens devraient s’emparer au lieu de suivre béatement l’actualité que leur proposent les médias.
Un point qui mérite réflexion.
L’information joue un rôle essentiel dans la société : elle éclaire, protège et permet aux citoyens de prendre des décisions. Mais la sélection des faits divers diffusés dans les journaux télévisés est effectivement subjective et peut orienter l’opinion publique.
Certains médias privilégient des nouvelles qui frappent les émotions, car elles captent l’attention et fidélisent les téléspectateurs. Cela peut donner une impression déformée de la réalité, où l’on pense que le monde est plus dangereux qu’il ne l’est statistiquement. Cet effet est parfois appelé biais de négativité : les événements dramatiques marquent plus que les nouvelles positives ou neutres.
Cela dit, il est aussi vrai que certains faits divers ont un impact sociétal et méritent d’être exposés pour sensibiliser et prévenir des risques réels. Mais où se situe la frontière entre une information nécessaire et une stratégie médiatique influencée par des intérêts politiques ou économiques ? C’est une question essentielle qui questionne de nombreux chercheurs en sociologie et en médias.
Il est impossible d’ignorer cette évolution, bien que souvent éclipsée par les polémiques autour des colères de Mélenchon contre certains journalistes, visant à mettre en doute l’impartialité de l’information comme je l’ai rappelé au début. Depuis 1990, les faits divers, autrefois relégués à la rubrique des « chiens écrasés » par des journalistes privilégiant l’actualité politique, ont progressivement pris une place centrale dans les médias. Ce basculement, que j’ai nommé « stratégie de l’émotion », semble avoir pour objectif de remplacer la réflexion intellectuelle par une mise en scène de l’angoisse et de l’insécurité à travers des événements tragiques, suscitant une compassion immédiate pour les victimes.
Cette montée en puissance de l’émotion entraîne non seulement une forte empathie, mais aussi une quête de justice qui pousse à accepter des sanctions parfois plus sévères que celles prévues par le code pénal. Cette dynamique a notamment ravivé, au sein de l’opinion publique, le débat sur la peine de mort. Parallèlement, l’administration a mis en place des services dédiés à la prise en charge des victimes ainsi qu’à la réinsertion des auteurs de ces drames, accompagnés d’un soutien psychologique et psychiatrique adapté à chacun.
L’évolution scientifique peine à s’imposer
dans l’opinion publique l’évolution scientifique peine à s’imposer, trop souvent dominée par des analyses réductrices qui omettent de saisir pleinement la complexité du monde.
La violence n’est pas une dérive anormale, mais une caractéristique intrinsèque des rapports vitaux, présente chez tout être vivant pour survivre. L’humain, malgré sa capacité à raisonner, n’y échappe qu’en cultivant une éducation qui vise à canaliser ses instincts et à favoriser une coexistence harmonieuse, a se civiliser.
Dans un univers où l’agressivité se manifeste dès les gestes les plus simples – qu’il s’agisse de cueillir une pomme ou d’abattre un animal pour se nourrir – les structures sociales et économiques, fondées sur une logique de compétition féroce, nous rappellent que la pure innocence est une utopie. En devenant pleinement conscients de nos actions et de leurs conséquences, nous acceptons implicitement notre responsabilité dans la perpétuation de pratiques souvent violentes, que ce soit au niveau individuel ou collectif.
Ce manque de compréhension intellectuelle se heurte aux émotions qui nous définissent en tant qu’êtres sensibles. Certains acteurs, qu’ils soient politiques ou économiques, exploitent cette dichotomie apparente entre raison et sentiment pour légitimer une vision du monde qui nie l’humanisme. Ils se servent de la violence comme d’un miroir de notre nature fondamentale, tout en se dérobant à la possibilité d’une transformation sociale à long terme. Pourtant, le passage à une société réellement apaisée ne peut s’opérer qu’après une longue évolution, s’inscrivant dans le temps et dépendante de conditions environnementales favorables.
Les paradigmes dominants, notamment ceux incarnés par le capitalisme et la logique du « plus fort », tendent à exclure toute alternative à l’expression exacerbée de la violence sociale et économique. Cette dynamique contracte non seulement les possibilités d’un changement pacifique, mais elle confond aussi l’évolution sociétale – mesurable par des statistiques souvent trompeuses – avec une mutation réelle de nos comportements collectifs. Ainsi, les sanctions punitifs et les discours politiques réducteurs masquent les mutations profondes plutôt qu’ils ne les favorisent.
Enfin, tenter de déchiffrer les facteurs qui conduisent certains individus au passage à l’acte – qu’il s’agisse de suicides, de délits ou de crimes – relève d’un défi complexe. Chaque jour, nous sommes les artisans de nos actions, et repérer, en amont, le germe d’un comportement déviant nécessiterait une vigilance quasi psychanalytique de la part de chaque parent. Or, dès qu’un enfant entre dans le cadre structuré de l’école, une partie de son quotidien demeure inaccessible, façonnée par des interactions et influences extérieures dont la compréhension complète échappe aux observateurs proches. D’autres part l’histoire, le cinéma, la littérature, les contes, la télévision et les jeux sur le net proposent une quantité d’histoire avec la violence pour support, sans que chacun d’entre-nous ne deviennent un criminel où un délinquant, quel est l’enfant qui ne s’identifie pas à une éros.
https://ddacoudre.over-blog.com/pages/Que-sommes-nous-avec-notre-agressivite-8495698.html
Repenser la violence.
Par ce texte je nous invite à repenser notre perception de la violence et de l’évolution sociale. Il met en lumière la nécessité d’équilibrer l’émotion et la raison dans notre interprétation du monde, tout en reconnaissant que notre environnement, tant naturel que social, joue un rôle déterminant dans la mise en scène de nos comportements. La stratégie éducative et la transformation des paradigmes économiques et politiques semblent indispensables pour ouvrir la voie à une société où la violence n’est ni amplifiée ni banalisée, mais plutôt comprise dans toute sa complexité. Ces réflexions soulignent l’importance de favoriser une pensée nuancée et collective, au lieu de céder à des explications simplistes souvent instrumentalisées politiquement.
Je souligne souvent que depuis 1990 l'information s'oriente massivement vers des faits divers chargés d'émotion, on constate ce que certains appellent la "stratégie de l'émotion". L'idée centrale est que la diffusion de récits tragiques qu'ils soient de "chiens écrasés" ou d'autres drames personnels sert à détourner l'attention de débats plus nuancés, politiques ou structurels, au profit d'une impulsion immédiate, émotionnelle et souvent anxiogène. Cette approche produit plusieurs effets :
L'évacuation de la réflexion intellectuelle.
En focalisant l'attention sur le drame vécu par une victime, l'information devient presque automatiquement un morceau de compassion qui, en submergeant l'analyse rationnelle, ralentit ou néglige la prise de recul sur les causes et conséquences de ces événements. Par exemple le harcèlement scolaire ou professionnel voire familial ou rendre compte des faits par une anecdote ne permet aucune réflexion sociétale de fond, sur laquelle se penchent les professionnels des psys.
Une demande de justice exacerbée.
Lorsque le récit émotionnel domine, il devient tentant pour le public d'exiger des sanctions excessives, parfois bien au-delà de ce que prescrit un système judiciaire mesuré. Ce phénomène, en créant une atmosphère de crise permanente, favorise des positions politiques allant jusqu'à réhabiliter l'idée de la peine de mort. Cela sans prendre conscience que l’on demande à une société de devenir criminelle en conscience pour satisfaire au désir de vengeance naturel des victimes qu’une société dite civilisée n’a pas à partager
Un outil de régulation sociale et politique.
En suscitant de la peur et de l'insécurité, cette stratégie peut amener les citoyens à renoncer à l'effort de compréhension complexe et à se laisser guider par des réponses simplistes, souvent punitives.
Paradoxalement, alors que des dispositifs administratifs existent pour accompagner tant les victimes que les auteurs d'infractions—avec des mesures de soutien psychologique, de réinsertion et de réparation—la sphère médiatique, concentrée sur l'immédiateté du drame alimente une vision distordue de la réalité. Cette dynamique favorise un climat d'angoisse qui peut, à long terme, influencer tant le débat public que l'action politique de manière potentiellement dangereuse pour nos démocraties, comme nous le constatons.
Nous devons nous interroger sur l'information, censée éclairer le citoyen, qui devient un vecteur de manipulation émotionnelle, et détourne de la compréhension profonde des enjeux sociaux et judiciaires. En cultivant une approche critique face à ces récits, en cherchant à recontextualiser ces drames et en s'informant auprès de sources diversifiées, il est possible de résister à cet effet de désensibilisation intellectuelle et à l'appel à une justice purement punitive.
Ces exemples illustrent comment une information médiatique axée sur des récits émotionnels ou centrée sur certaines tragédies peut orienter le débat public et, par ricochet, influencer directement l’action des décideurs politiques. Dans un contexte où l’information est omniprésente et souvent formatée pour susciter des réactions immédiates, il devient impératif d’analyser de manière critique le rôle des médias dans la construction des lois qui régissent notre société.
Pour aller plus loin, nous devons aussi examiner comment les médias numériques et les réseaux sociaux, par leur instantanéité et leur viralité, modifient encore davantage cette dynamique entre opinion publique et législation.
Ces critiques témoignent d’une inquiétude générale quant à la transformation de l’information juridique en un outil d’influence politique. Elles appellent à une responsabilisation éthique des médias, pour qu’ils rétablissent un équilibre entre l’impératif de capter l’attention et celui d’informer de manière complète et nuancée.
Face à ces enjeux, certains acteurs de la société civile et des institutions travaillent à promouvoir une information plus équilibrée sur le droit et la justice, tels WWW.actu-justice.fr2, www.portaildudroit.fr3 et shs.cairn.info dont l’on n’entend jamais parler.
Simultanément, d’autres propositions visent à contrer le climatoscepticisme diffusé par certains médias, par l’instauration de règles ou de quotas qui orienteraient la couverture vers des faits étayés et contextualisés.
Renforcement des pouvoirs des régulateurs Dans le même temps, les autorités de régulation, comme l’ARCOM en France, voient leurs prérogatives étendues. Ces mesures visent à encadrer les pratiques journalistiques pour assurer que les informations relatives aux lois et aux enjeux critiques ne se limitent pas à des extraits sensationnalistes, mais s’inscrivent dans une perspective d’intérêt public et de vérification des faits. Ce cadre réglementaire tend à responsabiliser les diffuseurs et à favoriser un débat public plus approfondi.
Initiatives de formation et de sensibilisation Au-delà des réformes législatives, plusieurs think tanks et associations, tels que l’Institut Rousseau, travaillent à la promotion d’une culture médiatique et juridique renforcée. Ces initiatives incluent la formation des journalistes pour mieux aborder les sujets complexes liés aux lois et à la justice, ainsi que la mise en place de référentiels de qualité assurant une information contextualisée et fiable. Par ailleurs, des projets de sensibilisation auprès du grand public visent à développer l’esprit critique face à l’information diffusée, en aidant les citoyens à décrypter les enjeux législatifs, vert.eco2, reporterre.net3, institut-rousseau.fr.
Ces diverses initiatives illustrent la volonté d’instaurer un cadre dans lequel la couverture médiatique des lois – et des sujets associés – ne se contente pas de susciter l’émotion pour capter l’audience, mais participe activement à l’information responsable et à la formation d’un débat public éclairé. Leurs actions semblent encore plus que limité quand à leur efficacité.
Nous sommes entrée dans une ère de technicité où tout va vite.
Nous traitons des masses d’informations égotiques pour la plupart du temps, disons narcissique , ce n’est pas là un reproche, mais un constat qui répond à notre nature instinctive qui nécessite de se valoriser et de séduire pour se trouver une place et être reconnu. Cela met en mouvement de nombreux processus émotionnels au fil des informations reçues dans son environnement. Or aujourd’hui la part de l’information médiatique ou réseautique monopolise la circulation de l’information et s’entrecroise sur une multitude de sujets qu’il est impossible d’ordonner législativement. Hormis la désinformation expresse comme moyen politique, celle naturelle que véhiculent les individus malgré eux est tout aussi importante et d’autant plus caricaturale suivant l’éducation aux sciences humaines des sujets. Nous y trouvons rumeurs, fausses nouvelles, distorsions de l’info, et tous les aspects insultants qui s’y greffent. En clair c’est le simple déroulement de l’existence qui met les humains en relation et échange ce que chacun ressent de son existence dans son espace personnel où il est le seul à poser ses pieds. Pour ceux qui ont la chance de suivre une instruction sur la communication, tout cela est connu, et fait l’objet d’outil de travail pour ceux qui sont des conseillés en communication. Cet ensemble accompagné de la place de la psychologie et la psychiatrie dans notre monde devrait être l’objet d’une instruction, dès que les enfants sont à même d’utiliser un appareil informatique avec lequel ils peuvent intervenir dans les rapports interpersonnels. Nous ne ferions rien de plus que ce qu’il se faisait par le passé en instruisant nos enfants de la morale nécessaire pour entrer en communication avec l’autre dans le respect de chacun. Nous ne vivons que les conséquences des moyens technologiques mis à notre disposition qui multiplie X fois les rencontres et les relations interpersonnelles, le plus souvent virtuelles, ce qui ne pouvait se faire par le passé. La différence est que la rumeur, la désinformation, la distorsion, et toutes les insultes touchent un public sans limites. Nous avons en quelque sorte le devoir de donner à nos enfants les moyens éducatifs d’utiliser un outil qui ouvre sur les autres et le monde et dont la neutralité des effets n’existe pas, car tout ce qui y circule constitue une information disponible. Le public dans son ensemble n'en est pas arrivé à la compréhension de cette évolution, et conserve des jugements et des analyses qui sont ceux d'un temps qui n'existent que dans le souvenir de leur vécu, et sont la source de dichotomies que nous observons, et qui sont le fonds de commerce de la RN et de tous les adeptes d'extrême droite.
C’est un ensemble d’enjeux cruciaux qui témoignent d’une transformation profonde dans notre manière d’accéder, de traiter et de diffuser l’information. En effet, nous voilà immergés dans une ère de technicité où le flux d’informations se fait à la fois massif et individualisé, exacerbant des ressentis égoïstes et narcissiques inhérents à notre nature humaine. Ce phénomène, tout en n’étant pas intrinsèquement négatif, expose chacun de nous à une saturation émotionnelle et à une accélération permanente de la circulation des messages. L’évolution vers une telle « information en réseau » contribue à amplifier non seulement la diversité des opinions mais aussi les rumeurs, fausses nouvelles et distorsions, qui s’entrecroisent sans cadre légal véritable pour en ordonner la diffusion.
Le constat où la désinformation exprimée volontairement à des fins politiques se mêle aux biais naturels de la communication individuelle met en lumière la difficulté à distinguer l’urgent de l’essentiel. À l’échelle d’un individu, la circulation incontrôlée de ces informations peut facilement susciter anxiété, polarisation ou même une forme de repli identitaire. Ce contexte, bien que révélateur d’une condition humaine toujours à la recherche de reconnaissance, souligne aussi le défi majeur d’assurer une qualité informationnelle dans un monde où tout est médiatisé, souvent sans filtre ni recul critique.
Face à ce constat, l’idée d’intégrer dès le plus jeune âge une éducation à la communication, ainsi qu’aux sciences humaines et à l’esprit critique, apparaît comme une nécessité.
Auparavant, un apprentissage moral transmit à travers des interactions plus limitées pouvait suffire à encadrer la socialisation. Aujourd’hui, la multiplicité des canaux d’information avec ses algorithmes, ses bulles de filtres et sa diffusion instantanée exige des outils pédagogiques adaptés pour doter chaque enfant des compétences nécessaires pour démêler le vrai du faux, comprendre les effets émotionnels des messages et adopter une posture éthique dans leurs propres interactions.
Parallèlement, plusieurs initiatives actuelles en matière de formation aux médias (par exemple, des ateliers de « media literacy » dans certaines écoles et associations) tentent de compenser en sensibilisant le public, dès le plus jeune âge, aux mécanismes de la communication digitale. Elles visent à développer un esprit critique et à responsabiliser tant les utilisateurs que les créateurs de contenus. Ces démarches s’inscrivent dans une perspective de citoyenneté numérique, où la maîtrise des outils et la compréhension des enjeux sociétaux liés à l’information deviennent indispensables pour naviguer dans un monde surchargé de messages.
Cette réflexion met ainsi en lumière la complexité de notre ère technologique, où la neutralité d’un outil d’information est une illusion, tout est influence, transformation et réchauffement émotionnel. Cela pose la question fondamentale de la place de l’éducation dans la gestion de ces flux et de la responsabilité collective pour préserver une information qui, plutôt que de polariser, puisse éclairer et enrichir le débat public.
C’est ce que nous devons faire pour sauver la démocratie.