Première arrivée

par C’est Nabum
mercredi 6 septembre 2023

Les Ponts de Cé

L'expérience du kayak en plein cagnard vous laissera sans doute froid aussi il est inutile de décrire ce retour au court bouillon en cuisson faciale. C'est donc en mode écrevisse que je ralliais Les Ponts de Cé pour notre première animation marinière.

Je vous ferai grâce des difficultés d'intendance, elles seront le lot quotidien de ce trio de saltimbanques se mouvant les uns sur l'eau et l'autre en déplacement mixte pour que suive toute cette logistique qui fait le succès des grandes entreprises. Pour l'heure, nous n'en sommes qu'à une approximation désolante, cause de bien d’égarements.

Sur le pied de guerre alors que mes camarades et leur armada se faisaient attendre. Quand le premier fûtreau pointa le bout de sa levée à l'ouest, je me jetais à l'eau en jouant l'expert porteur d'informations capitales et néanmoins fluviales. Une demi-heure durant, je répondais aux questions des curieux sur cette Loire qu'ils côtoient sans s'être véritablement interrogés sur son histoire, son présent, ses hôtes, ses épopées.

Une fois encore, je sentais ce besoin d'en savoir plus de la part de riverains qui constituent sans conteste ce Peuple de Loire qui se reconnaît dans le mystère de cette présence mouvante, énigmatique, inquiétante ou lascive et qui ne cesse de leur offrir un spectacle sans cesse renouvelé. Les spectateurs firent ainsi bon accueil aux deux musiciens qui allaient les embarquer d'une toute autre manière.

À nos côtés, d'autres déployaient eux-aussi des trésors de patience pour évoquer la Loire, son avenir, sa faune, son économie, son statut. L'ambition de cette grande Randonnée est naturellement de ne pas se limiter à la seule dimension marinière ou artistique pour ouvrir le débat, provoquer une prise de conscience, mettre en synergie tous les acteurs de la rivière.

Le public joue le jeu, passant des uns aux autres, écoutant, lisant, dialoguant, écrivant, festoyant pour que cette étape soit une réussite non pas en tant qu'animation mais comme point de départ d'une prise de conscience de la nécessaire préservation de cette fabuleuse richesse que la nature confie à notre responsabilité.

L'accueil reçu aux Ponts de Cé confirme que nous nous reconnaissons derrière cette appartenance à une vaste communauté de riverains qui d'un bout à l'autre de ce bassin versant a à défendre un patrimoine qui au-delà d'être reconnu par l'Unesco est en premier lieu un héritage personnel et néanmoins collectif que chacun met en lumière à sa manière.

Les uns la photographient, les autres la peignent, certains y chassent ou y pêchent quand non loin d'autres préservent la faune ou la flore. Quelques-uns la chantent, d'autres l'écrivent, de plus intrépides la parcourent quand de plus rares s'y baignent. Nombreux sont ceux qui marchent sur ses berges, quand de nouveaux adeptes fréquentent ses guinguettes même si ceux-là n'ont pas encore tous pris la peine de l'admirer.

Être ligérien n'est pas un vain mot, un concept en l'air, une idée à faire passer. C'est tout au contraire une réalité tangible, une évidence qui ne demande qu'à être encouragée, structurée afin de préserver et hélas, peut-être de sauver le véritable joyau de la Vallée des Rois. Bien avant les châteaux, la Loire restera le plus fabuleux des trésors qu'il nous appartient d'honorer et de protéger. C'est là le noble dessein de la Grande Remontée et des multiples interventions de ceux qui participent à cette aventure.


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