Dior : l’anorexie, j’adore !

par Laurent Herblay
jeudi 1er août 2013

La maison de couture Dior vient de lancer le second volet de sa campagne Secret garden, tourné dans le cadre idyllique du château de Versailles. Un film qui aurait pu être très beau si la marque de luxe française n’avait pas cédé à la mode mortifère des mannequins maigrissimes.

 
Quand la mode vire à l’horreur
 
Il y a vraiment quelque chose de pourri dans l’esprit de certaines personnes pour faire de femmes aussi maigres des modèles de beauté. Bien sûr, il ne s’agit pas de jeter l’opprobre sur l’ensemble d’une industrie qui apporte beaucoup à la France. On peut aussi considérer que la majorité des personnes qui y travaillent ne font que se conformer aux canons de beauté de leur secteur sans forcément se poser la question de la pertinence de ces canons de beauté. Mais comment peut-on faire de femmes au corps si maladivement maigre des modèles de beauté pour la société ?
 
 
En vingt ans, les mannequins semblent avoir perdu une dizaine de kilos. Alors que les égéries des années 1990 (déjà très minces) affichaient à peine moins de 60 kgs pour 1,80 m, la génération qui a suivi affichent des mensurations de plus en plus inquiétantes. Plus aucune ne semble dépasser 55 kgs et certaines affichent même moins de 50 kgs. Les mensurations des mannequins Dior sont effrayantes : Daria Strokous pèse 54 kgs pour 1,8 mètres et affiche un 80/62/89 famélique. Pire, Melissa Stasiuk semble encore plus maigre avec des mensurations oscillant entre 76/58/85 et 83/60/88.
 
 
Alors bien sûr, dans les films ou les publicités, elles peuvent faire illusion, avec l’aide du maquillage, de l’éclairage et des retouches. Mais dans la réalité, même si elles peuvent avoir de beaux visages, la plupart de ces femmes ni sont ni belles ni désirables. La photo de Melissa Stasiuk dans son tee-shirt YSL montre le côté maladif de cette maigreur et, dans sa photo de book, elle apparaît complètement disproportionnée. De même, un regard attentif à la dernière publicité Dior révèle des bras qui ressemblent à des baguettes, des épaules décharnées et osseuses, et un visage si maigre…
 
De l’urgence d’agir, par la loi
 
Bien sûr, l’anorexie est une maladie complexe et il serait profondément malhonnête d’attribuer aux images de mode la seule responsabilité de ce phénomène. Mais, il semble aussi évident qu’elles y contribuent et que la promotion d’une image maladivement maigre de la femme par les grandes marques joue un rôle non négligeable dans les désordres psychologiques et alimentaires de certaines femmes, sans parler du mal que peuvent s’infliger certains mannequins pour rester fidèles au corps squelletique qui les fait vivre. D’ailleurs, c’est la mort d’une jeune femme qui avait poussé l’Espagne à agir.
 
Madrid a ainsi décidé d’interdire les mannequins dont l’IMC est inférieur 18 (Daria Strokous affiche un 16,7, et certaines descendent à 15) et impose une taille 38 pour les vitrines, comme je le rappelais en mai 2012, à l’occasion de la sortie du premier volet de la campagne publicitaire Dior. Malheureusement, notre pays, sans doute paralysé par le poids que l’industrie de la mode a dans notre économie, ne semble pas décidé à suivre ce bon exemple. Pourtant, une députée UMP, Valérie Boyer, avait déposé en 2008 une proposition de loi « visant à combattre les incitations à l’anorexie  ».
 
En 2009, elle avait également demandé à ce que soit indiqué quand les photos sont retouchées, sans que cela soit suivi d’effets. Parce que les gouvernements ne semblent pas vouloir s’emparer de la question, il est essentiel de protester et de montrer son désaccord devant ces pratiques malsaines des marques, ou des magazines, comme Elle, qui s’était fait remarquer en début d’année. Là encore, il semble que nous cédions à un laisser-faire extrêmement malsain, en mésestimant les effets que cela peut avoir sur la société ou le bien-être d’une partie de la population, qui y est sensible.
 
Et puis, il faut être clair, malgré les publicités, je crois pouvoir parler pour l’immense majorité des hommes : ces femmes ne sont pas belles. La maigreur de ces corps parfois enfantins ne fait vraiment pas envie. Alors, à quand une mannequin taille 38 dans les prochaines publicités Dior ?

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