Le cinéma d’antan

par Réflexions du Miroir
lundi 10 janvier 2022

Notre musée le "Millennium Iconoclast Museum of Art" (MIMA) présente un duo d'expositions "Drama, The art of Laurent Durieux" et "The ABC Of Porn Cinema" repris sous l'intitulé "Double Bill" .

La première "Bill" apporte le souvenir du cinéma en 35 mm par ses différentes affiches de films rassemblées par Laurent Durieux.

La seconde, l'époque du cinéma de la pornographe au cinéma l'ABC, aujourd'hui, disparu.

1. Les affiches de cinéma

Près de 100 affiches réalisées de 2012 à aujourd'hui par Laurent Durieux pour les réalisateurs Francis Ford Coppola et Steven Spielberg. Il a notamment dessiné celles des films "Les Aventuriers de l'Arche Perdue" et "Shining".

Au départ, l'histoire du cinéma en salle se concevait uniquement en 35mm en des kilomètres de films défilant à 24 images par seconde devant l'objectif. Même à l'abri, il peut avoir stocké des poussières et de l'humidité même s'il peut en principe, se conserver des centaines d'années.

Les cinémas de Bruxelles localisés souvent au nord de la ville ont connu leur succès entre les années de la 2ème moitié du 20ème siècle dans de relativement petites salles qui se sont multipliées de premières exclusivités à cinémas populaires. En 1960, en ville, on en compte plus de 160. Elles atteignent pourtant des démentions de l'Eldorado de la place de Brouckère. En 1906, le numéro 36 de la place de Brouckère est converti en salle de cinéma et est appelé Cinéma Américain ; il est renommé Cinéma des Princes en 1915. Le Cinéma Eldorado est construit à sa place en 1931 et 1932 par l’architecte Marcel Chabot dans le style art déco. Sa salle, composée d’un parterre et d’un balcon compte plus de 2700 places et ses murs latéraux sont décorés de sculptures brillantes et dorées, de Maurice Wolf de Van Neste, illustrant l’imagerie coloniale du Congo belge des années 1930. En 1977, l’Eldorado absorbe le Scala, cinéma voisin du numéro 30-32, formant ainsi un complexe de sept salles qui rassemble plusieurs films d'actualité, en devenant l'UGC de Brouckere ouvert en 1992.

Le 20 octobre 2011, l’UGC De Brouckère fait, en grande pompe, la première mondiale du film Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne de Steven Spielberg d’après l’œuvre d’Hergé

La transformation est allée très vite en une espèce de supermarché du cinéma et a fait péricliter tous les cinémas de quartier. 

Les cinémas du Heysel n'ont fait que précipiter la déchéance des petites salles.

La télévision avec des écrans numérique sde plus en plus larges, y a ajouté un couperet. 

Pour survivre, des salles comme le cinéma Galeries se sont spécialisées dans des films d'auteurs en marge des grands blockbusters. 

Puis est arrivé le cinémascope et les grands spectacles sur écrans élargis.

Les grands films souvent documentaires, le cinérama se retrouve sur des écrans énormes conçus pour que les spectateurs puissent s'intégrer dans l'image en y associant le son et parfois les trépidations des sièges.

Le cinéma en relief, demandant des lunettes spéciales, n'a pas eu le succès espéré. 

Après les cassettes louées, Internet a bousculé les habitudes de consommation d'images. La télé subit à son tour un revirement de la situation du cinéma sur demande diffusées sur le Web par abonnement en streaming. 

Aujourd'hui, une dizaine de salles maximum à Bruxelles tentent de subsister vaille que vaille contre un nouvel ennemi : le Covid qui a imposé des fermeture de salles.

Laurent Durieux a créé plusieurs affiches de cinéma dont ces trois prises au hasard.

Par la technique dramaturgique et l'ironie, il parvient en une affiche à exprimer le résumé du film qu'il est sensé représenter. 

Comme la plupart des cinémas de quartier ont tous disparu et été remplacés par autre chose de plus commerciale.

A cette époque des années 60, la télé n'était pas encore bien installée présentes au mieux en noir et blanc et ce n'était que les cinémas qui permettaient d'accorder des loisirs avec la couleur.

Sur Facebook, les groupes nostalgiques d'une époque révolue se sont créés comme "La Belgique d'autrefois", "Bruxelles en images à travers les âges" ou encore "Le Vieux Bruxelles" en revenant avec des photos et des films de cinéma pour renouer avec les souvenirs.

Patrimoine de cette époque héroïque, les cinéclubs ressortent les films anciens et parfois tentent de sauver les cinémas de quartier.

La valorisation de ces œuvres photo chimiques peuvent très bien être revalidées et réactualisées par des procédés automatiques de restauration de l'image argentique.

Il faut avouer qu'à partir de 1980, tout a changé quand le numérique a supplanté tous les médias argentiques et microsillons basés sur l'analogique avec des pionniers précurseurs comme le Mavika.

Les photos et films devenus numériques, plus question de voir les images visuellement sans appareil de conversion des pixels.

Nous revivons cette même résurrection dans le son par les disques en vinyle de 45 tours qui reprennent tout à coup une valeur commerciale.

Le film argentique pourrait-il revivre par sa magie de rêves du passé ?

Le billet "mémoire de maitrise" qui suit, indique qu'il y a des candidats au moins à Montréal : 

Le cinéma analogique, entre obsolescence et résistance : l’exemple du collectif Double Négatif

"Chapitre 1 : Ce mémoire de maîtrise se penche sur la place du cinéma analogique à l’ère du « tout-numérique », en particulier dans le domaine du cinéma d’avant-garde. Le premier chapitre se consacre, d’un point de vue historique et théorique, sur « l’air du temps cinématographique », c’est-à-dire, sur le statut de la pellicule dans un contexte où l’on assiste à la disparition du format 35mm, tout aussi bien comme support de diffusion dans les salles de cinéma qu’à l’étape du tournage et de la postproduction. Face à une industrie qui tend à rendre obsolète le travail en pellicule, tout en capitalisant sur l’attrait de celle-ci en la reproduisant par le biais de simulacres numériques. Il existe des regroupements de cinéastes qui continuent de défendre l’art cinématographique sur support argentique.

Chapitre 2 : La pluralité des micros-laboratoires cinématographiques offrent des formes de résistance à cette domination du numérique. En amont, des mouvements de coopératives tels que la "Film-Maker’s Cooperative" de New York et la "London Filmmaker’s Coop" ont compris le changement de paradigme qui s’est opéré au sein de l’avant-garde cinématographique entre les années 50 et 70. Ces mouvements cherchent avant tout une autonomie créative, tandis que les collectifs contemporains dédiés à la pellicule assurent la pérennité d’une pratique en voie de disparition.

Chapitre 3. Une étude de cas sur le collectif de cinéastes montréalais Double Négatif relate tout aussi bien l’historique du collectif par le fondement du groupe lors de leur passage à l’université Concordia, les spécificités qui émanent de leur filmographie avec les multiples collaborations musicales et leur dévouement pour la diffusion de films sur support pellicule, depuis bientôt dix ans, au sein de la métropole à l’image de regroupements similaires ailleurs comme "Process Reversal", "l’Abominable", "Filmwerplaats". Le collectif "Double Négatif" montre des voies à suivre pour assurer que le cinéma sur pellicule puisse se décliner au futur.

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2. The ABC Of Porn Cinema

Exposition consacrée à l'ancien cinéma l'ABC, qui a fermé ses portes en 2013. Situé sur le boulevard Anspach dans le centre de Bruxelles, il était le dernier cinéma bruxellois pour adultes fonctionnant "à l'ancienne", en projetant des films en 35 mm. L'exposition a été réalisée en partenariat avec le cinéma Nova, dont les équipes s'étaient mobilisées à la reprise du lieu pour conserver ce patrimoine.

À travers de nombreux documents, posters, affiches peintes à la main, pavés de presse, photos censurées et installation artistique, ce sont quatre décennies d'activité qui sont présentées au public. Le fonds rassemble quelque 3.000 bobines de films. Cette collection illustre "l'âge d'or" de la pornographie. Elle est à découvrir armé d'un regard critique aiguisé par le recul du temps, car elle est empreinte d'un point de vue masculin et blanc, hétéronormé, sexiste et souvent violent. L'exposition évoque aussi le monde qui entourait le cinéma.

L'aventure du cinéma pornographique commence avec George Scott qui sent le filon du sexe à exploiter dans les années 70.

L'ABC est son bébé.

Il y avait alors deux films présentés entre midi et minuit, en spectacles permanents presque en automatique.

Pas besoin de venir en début de séance, pas besoin d'ouvreuses, pas de chocolats glacés à l'entracte puisqu'il n'y avait pas vraiment d'entracte.

Pas vraiment de scénario non plus. Le spectacle était stéréotypé avec un suspense élaboré sans début ni fin. La position horizontale du porno s'imposait. Les vedettes de ces films avaient un cachet calibré en fonction de l'intérêt de la fréquentation des spectateurs dans le striptease. 

Plus tard, ces cassettes pornos ont permis de voir ce genre de cinéma chez soi. 

Le cinéma Nova non conventionnel et indépendant, géré par des bénévoles, sous le patronage de la "Fondation Cineact" et de "La Cinémathèque", a rapatrié le matériel et les bobines, en attendant peut-être un nouvel investisseur qui aime reconstituer les puzzles historiques. 

Si en Belgique, la Constitution garantit, en principe l'abcence de censure. Le cinéma a été tout de même sous la surveillance d'une "Commission de contrôle" qui veille au respect de la morale et des bonnes mœurs. Elle empêche de voir certains films avant de 16 ans en les mentionnant comme "enfant admis". A la télé, cela a été remplacé par un système de recommandations à surveiller par les parents prévu par les carrés blancs.

Depuis, en cherchant un peu plus loin, les enfants en savent peut-être bien plus que leurs parents sur la "chose". 

N'est-ce pas ce qui est interdit qui intéresse le plus jeunes ou vieux ? 
Un "Jour dans l'histoire" parle de toute cette 'histoire (lien)

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Réflexions du Miroir

J'ai souvent dit et écrit que le pouvoir, l'argent et le sexe mènent le monde et parfois le bal.

La pornographie, je l'ai rencontrée jeune soldat en faisant mon service militaire lors d'une en manœuvre militaires à Hambourg.

La célèbre "Reeperbahn" est la Mecque du sexe.

Quartiers de rue et de divertissement où le St. Pauli de Hambourg se doit de maintenir le quartier en rouge. Surnommé "die sündigste Meile" (le mile le plus pécheur), il est bordée de restaurants, de boîtes de nuit, de discothèques, de bars, de clubs de strip-tease, des sex-shops et de bordels. 

Dernièrement, notre JT présentait Hambourg. La Reeperbhan en faisait partie dans les dernières images.

Pour un jeune soldat que j'étais, je n'en ai retenu qu'elle. 

C'est peut-être à ce moment-là que j'ai considéré que le sexisme pouvait devenir un danger sous forme d'arme de destruction massive. Mon indifférence vis-à-vis des différences sexuelles s'est construite en considérant l'homme et la femme de la même façon.

Après #BalanceTonPorc, voici ma nouvelle polémique #BalanceTonBar (lien)

Il y a une différence essentielle entre érotisme et pornographie.

Le rapport avec la nudité a toujours été problématique (lien)

Les photos de l'exposition (lien)

Allusion

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