La société du grignotage

par Adam Kesher
samedi 24 décembre 2005

Barres chocolatées, biscuits et apéritifs qu’on mange quand on n’a pas faim : nous grignotons. Émissions regardées d’un oeil distrait, zapping incessant et choix multiples : nous grignotons.

Des centaines de morceaux téléchargés gratuitement et qu’on n’écoutera pas : nous grignotons.Un tour dans les grands magasins pour se faire du bien en achetant des produits dont on ne se servira pas : nous grignotons.

Informations à portée de clic, incitations à cliquer et articles à moitié lus : nous grignotons.

Blogs lus en diagonale, commentaires laissés sans avoir suivi le début de la conversation, ni avoir l’intention d’en suivre la fin : nous grignotons.

Politiciens décevants, intérêt distrait pour les débats, sanction du sortant plutôt qu’élection de l’entrant : nous grignotons.

Rencontres, Meetic, Speed dating, maîtresses, divorces, échangisme, partouzes : nous grignotons.

Qu’on l’appelle grignotage, zapping ou prêt-à-consommer, tout ce qu’on nous apporte aujourd’hui est accessible, facile, immédiat, libre, sans effort. Il faut se résoudre à l’appeler le progrès, si le progrès consiste en la suppression de l’effort.

Mais la valeur d’un objet ou d’un acte n’est-elle pas intimement dépendante de l’effort qu’on a consenti pour l’obtenir ou le pratiquer ? Comment, dès lors, réhabiliter la notion de valeur ?

Avant qu’il ne reste que des miettes de nous...


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