Combien la guerre a-t-elle coûté à Israël et à l’Iran ?
par Patrice Bravo
mercredi 25 juin 2025
Chaque jour, Tel Aviv dépensait jusqu’à 800 millions de dollars pour la guerre, les dégâts de l’Iran se chiffrent également en milliards de dollars
L’affrontement armé entre Israël et l’Iran, qui s’est brutalement intensifié après le 13 juin 2025, est devenu la cause de dépenses en hausse rapide des deux côtés. Aucun des deux pays n’a publié de données officielles définitives, cependant les informations disponibles permettent d’évaluer au moins approximativement l’ampleur des dégâts.
Dépenses d’Israël
Israël subit des pertes directes et indirectes considérables. Selon diverses estimations, les dépenses militaires quotidiennes dépassent 800 millions de dollars, selon l’intensité des opérations de combat. Durant les deux premiers jours d’opérations actives, environ 1,45 milliard de dollars ont été dépensés, écrit The Wall Street Journal.
Le secteur d’activité le plus coûteux est devenu l’interception des missiles lancés depuis l’Iran. Chaque missile des systèmes de défense aérienne, tels que la Fronde de David et Arrow 3, coûte à Israël 700.000 dollars. Certains jours, le système de défense aérienne à lui seul consomme jusqu’à 200 millions de dollars.
Les interventions des chasseurs israéliens F-35, effectuées à une distance de plus de 1.300 km, coûtent environ 10.000 dollars par heure par avion, sans compter le coût des munitions guidées. Selon l’estimation de l’Institut de politique économique Aaron, si Israël rompt le cessez-le-feu et continue le conflit, les dépenses militaires totales d’Israël en un mois pourraient atteindre 12 milliards de dollars.
Les dégâts économiques supplémentaires incluent l’arrêt temporaire de la plus grande raffinerie de pétrole du pays à Haïfa, la fermeture de l’aéroport international Ben Gourion, l’arrêt de la construction et les dégâts aux infrastructures. Selon l’Administration fiscale israélienne, plus de 35.000 déclarations de dégâts matériels directs d’un montant d’environ 1,2 milliard de dollars ont été enregistrées, et une augmentation du nombre de demandes est attendue. Environ 9.000 personnes ont été évacuées de leurs domiciles.
Dépenses de l’Iran
L’Iran, malgré l’absence de chiffres officiels, a également subi des pertes considérables, se chiffrant en milliards de dollars. Pliant déjà sous le poids de sanctions, l’économie du pays subit une pression supplémentaire. Le lancement d’un missile de moyenne portée de type Shehab ou Sejil coûte environ 5-6 millions de dollars, selon l’estimation des services de renseignement israéliens. En une seule semaine de conflit, l’Iran a lancé environ 370 missiles de ce type, c’est-à-dire que rien que les missiles de moyenne portée ont coûté près de 2 milliards de dollars.
Des dégâts particuliers ont été infligés aux installations nucléaires clés de Fordo, Natanz et Ispahan.
Le centre de Fordo a subi de puissantes frappes avec des bombes perforantes américaines GBU-57. L’infrastructure souterraine et les centrifugeuses ont été endommagées. Selon les experts, les destructions sur le site sont "très significatives", bien qu’une évaluation précise soit difficile en raison de la profondeur de placement des systèmes.
Le coût d’une centrifugeuse iranienne de type IR-1 dépasse 50.000 dollars. Les modèles plus avancés, tels que IR-2m, IR-4, IR-5, IR-6 et les nouvelles versions sont considérablement plus chers en raison de leur efficacité et technologie plus avancées. Leur coût oscille probablement autour de 100.000 dollars par unité.
Près de 50.000 centrifugeuses IR-4 et IR-6 fonctionnaient à l’usine de Natanz, avant le début de l’attaque israélienne, enrichissant l’uranium à 60%. Les frappes israéliennes et américaines auraient pu complètement détruire le site et toutes les centrifugeuses qui s’y trouvaient, c’est-à-dire que les dégâts pourraient dépasser 5 milliards de dollars sur le seul site de Natanz.
Les conséquences économiques de ces attaques incluent non seulement la nécessité de restaurer une infrastructure très complexe pour des milliards de dollars, mais aussi la perte de capacité opérationnelle. La restauration des centrifugeuses, des systèmes d’enrichissement et des installations protégées nécessite beaucoup d’argent, du temps et une expertise technique.
Parallèlement à cela, des dépenses supplémentaires sont nécessaires pour l’évacuation, le déplacement des matériaux nucléaires, le renforcement de la sécurité et la hausse des risques.
Bien que l’Iran n’ait pas fourni d’évaluations financières officielles, le consensus parmi les experts internationaux est le suivant : les dégâts sont extrêmement sérieux et l’élimination des conséquences nécessitera des investissements conséquents.
Alexandre Lemoine
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Source : http://www.observateur-continental.fr/?module=articles&action=view&id=7029