Ils veulent tous le pouvoir sans savoir qu’en faire

par Marc Dugois
jeudi 26 juin 2025

L’observation de la classe politique dans son ensemble est déprimante. Aucune réflexion d’ensemble. Uniquement tournée vers les élections, elle se dit de droite, de gauche ou du centre en laissant chacun en entendre ce qu’il veut et en rajoutant extrême quand elle a envie de diaboliser. Elle ne pense qu’à elle et à augmenter son électorat, en ne s’intéressant qu’aux problèmes immédiats, visibles par tous et désagréables pour chacun. Elle traite les conséquences par des obligations, des interdictions ou des distributions d’argent qu’elle n’a pas et qu’elle emprunte, sans jamais en étudier les causes qu’elle a elle-même générées par son absence d’analyse. Incapable de se remettre en cause, elle a donné le vrai pouvoir à Bruxelles à un monstre portant beau mais corrompu, dépensier et moralisateur, incapable de comprendre le désastre qu’il construit lui-même par pure idéologie. Elle a confié la définition du bien à des magistrats qu’elle a elle-même choisis et qui imposent leur idéologie personnelle sans aucune réflexion globale de fond. Les idéologies nées au siècle des Lumières, se sont construites au XIXe siècle, affrontées au XXe siècle et se maintiennent toutes depuis 1971 par la dépense d’un argent dont l’énergie ne vient plus d’une énergie humaine précédemment bien dépensée comme c’était le cas pour l’or, mais d’une énergie humaine à trouver plus tard sans contrepartie puisque précédemment consommée.

La réflexion de fond est que la classe politique dans son ensemble nous fait vivre dans une impasse où, depuis la deuxième guerre mondiale, elle favorise par démagogie la consommation et pas la production, ce qui attire évidemment tous les perdus de la Terre.

De tous temps les peuples ont pourtant produit ce qu’ils consommaient et ils se sont même toujours regroupés grâce à l’échange indispensable entre les productions des uns et des autres. L’équilibre entre la production et la consommation reste une nécessité de base et de bon sens. Mais pendant la deuxième guerre mondiale les peuples ont souffert d’un manque de consommation, la production partant principalement dans l’économie de guerre. A la fin de la guerre l’accent a été mis sur la consommation en faisant payer principalement les besoins de l’état par la production. Jusqu’en 1985 l’impôt sur les sociétés était en effet de 50 % des bénéfices et venait s’ajouter aux impôts sur la production, à l’impôt sur le revenu et aux charges sociales, ces dernières n’existant pas au lendemain de la guerre où un bulletin de paye tenait en deux lignes. Ce n’est qu’en 1968 que l’on a commencé à faire payer légèrement la consommation par la TVA dans les commerces et les services tout en continuant à taxer la production même si l’IS n’est depuis 2022 que de 25%.

La classe politique ne gère que les conséquences fréquentes et immédiates de l’absence de réflexion économique cohérente globale. L’argent, déconnecté de toute richesse réelle depuis 1971 et fabriqué depuis à l’envi par les banques au travers du crédit, lui permet de donner provisoirement une double apparence de cohérence et d’efficacité qu’elle a pourtant totalement perdues. Avec la montée sans fin d’une dette irremboursable, l’argent fait croire très provisoirement que l’on peut oublier les bases fondamentales de la vie en société que personne ne rappelle plus. Le pire évidemment est de dépenser cet argent emprunté et d’avoir le culot d’appeler cette dépense produit intérieur brut et la présenter comme une création de richesse.

La spirale négative de notre descente aux enfers est visible par tous et s’accélère. Tout a commencé, dès que les banques commerciales ont eu le droit de créer de l’argent, par le financement de sociétés devenues multinationales en automatisant leurs productions et en cherchant où payer au moins cher l’énergie humaine et où vendre sans entraves. Cela a entraîné une période euphorique où la société occidentale continuait encore à produire et était capable d’acheter pas cher ce qui était fabriqué en quantité dans le tiers-monde. Cette déconnection euphorique de la production et de la consommation et cet abandon de cohérence a bouleversé l’organisation de la société. En appelant la dépense, une création de richesse, les états ont laissé se regrouper dans les villes des consommateurs qui ne produisent plus mais consomment. Pour donner une impression de cohérence les médias appartenant de fait aux multinationales et aux banques, ont créé un narratif qui n’a plus rien à voir avec la réalité. Ce narratif nous explique que le progrès crée de la richesse, que cette richesse peut toujours être mieux partagée, que les droits de l’homme sont les droits de l’individu, que les races n’existent pas, que l’homme et la femme sont identiques, que la production domestique dont celle d’enfants est dépassée puisqu’elle ne se vend pas et ne rentre donc pas dans le PIB et que l’idéologie imbécile qui a construit ce narratif est l’intelligence même. Pour faire passer ce narratif la communication a tué l’action et la réflexion. La communication pure est survalorisée, journalistes écrivains chanteurs acteurs tiennent le haut du pavé. Elle a phagocyté l’action et la réflexion qui auraient dû la nourrir et surtout la filtrer. Communiquer pour faire croire à l’action s’appelle la politique, communiquer pour faire croire à la réflexion s’appelle l’intelligence artificielle. Les deux prospèrent dans le narratif et ne tiennent que par l’argent illimité.

Boris Cyrulnik a beau dire avec bon sens « Un cerveau seul est un cerveau atrophié, la notion d’individu est une illusion de la pensée occidentale », le narratif prospère et supporte mal la contradiction.

Comme cette idéologie est incohérente, la réalité n’a bien sûr rien à voir avec le narratif qui empêche simplement qu’elle soit perçue. Grâce aux investissements en machinerie par les banques d’un argent sans valeur, une production pléthorique permet la consommation pléthorique des villes mais génère une dette en constante augmentation. D’autant plus que, l’argent n’étant plus limité, les consommateurs ont emprunté à leur tour tant pour se loger que pour consommer. L’état pour contrôler l’incontrôlable a fait multiplier les lois, et a accumulé les normes et les fonctionnaires pour créer ces normes, les contrôler et faire payer tous ceux qui bougent encore. Comme il ne faut dogmatiquement pas toucher à la consommation, l’état ponctionne de plus en plus la production locale sur laquelle il a du pouvoir et chacun voit bien dans son métier qu’il est de plus en plus difficile d’en vivre, surtout en voyant tout autour de soi la majorité vivre d’aides sociales ou de subventions. Un salaire ne suffisant plus, les femmes sont allé chercher une deuxième rémunération. Les besoins de l’état, aberrants dans leur monstruosité illimitée par laxisme, corruption, incompétence, copinage et électoralisme, n’arrivent même plus à être financés par l’impôt tellement l’état français est déjà le plus gourmand du monde. Il continue à faire payer la production et la consommation mais rajoute depuis 50 ans le futur comme contributeur par des budgets déficitaires ininterrompus.

Les quatre essentiels d’une société saine sont : renouveler elle-même sa population, produire ce qu’elle consomme, harmoniser sa réflexion, ses actions et ses échanges et comprendre que l’argent se gagne et est par définition rare puisqu’il est un prélèvement qu’a fait la collectivité sur les richesses créées par le peuple. Aucun de ces quatre essentiels n’est actuellement vécu par nous.

Les multinationales et les banques savent que le système est intenable et qu’elles disparaitront toutes quand le système s’effondrera. Comme elles créent elles-mêmes l’argent, elles s’en servent pour augmenter artificiellement leur espérance de vie en achetant de fait notre adhésion à une nouvelle religion non définie, incomprise, totalement incohérente mais bien martelée par leurs médias.

La seule question sérieuse qui reste est de savoir quand et comment tout cela va s’effondrer tellement nous sommes sortis du domaine de la raison et tellement le système actuel incohérent ne permet qu’aux banques et aux multinationales de disparaître moins vite au prix de la disparition des peuples.

Quand se lèvera le Politique pensant au peuple plus qu’à lui-même et qui rappellera qu’un peuple doit avant tout produire, produire les enfants dont il a besoin pour survivre, les logements et la nourriture qui lui sont nécessaires et accessoirement tout ce qui donne un sens à la vie et la rend agréable ? Nous sommes tellement à l’inverse de tout cela que rien ne pourra se faire d’un coup mais il est indispensable que la réflexion ne se résume plus à faire tenir encore un instant par l’argent un système impossible, seule chose que la classe politique sait faire, mais se concentre sur ce qui devrait être fait si le pouvoir était retiré aux incompétents égoïstes qui ont réussi à se faire élire par une majorité de consommateurs non producteurs.

Le Politique à trouver, commencerait par proposer de diviser par deux, trois au quatre, les fonctionnaires, les parlementaires, les parafonctionnaires, de supprimer toutes les agences prétendument indépendantes. Un fonctionnaire ne le serait plus à vie et devrait démissionner s‘il souhaitait faire de la politique. Il supprimerait le principe même des subventions et des aides sociales sans contrepartie comme la possibilité pour les banques commerciales de créer de l’argent en reprenant l’étalon or. Favorisant enfin la production, il proposerait de supprimer tous les freins à la production, les impôts sur les sociétés comme sur les revenus en taxant uniquement la consommation non essentielle, résultat positif d’une économie saine. Taxer la consommation et le travail improductif plutôt que le travail productif est le changement de paradigme fondamental à faire. Il reviendrait sur la décision honteuse du conseil constitutionnel présidé par Daniel Mayer nommé par Mitterrand, de considérer que le droit constitutionnel au travail n’est pas une créance sur l’état mais une simple obligation pour l’état de faire ce qu’il peut, c’est-à-dire rien. L’arrêt des subventions comme des aides sociales n’est envisageable que si l’état est capable de faire travailler le jour même, n’importe quel citoyen qui en a besoin pour vivre. Sans reprendre la lettre des ateliers nationaux du XIXe siècle, mal conçus et mal dirigés, leur esprit serait au cœur de l’action gouvernementale et les rémunérations du travail productif seraient augmentées pour qu’un seul salaire soit à nouveau (puisqu’il l’a toujours été) suffisant pour loger et faire vivre une famille. Les femmes pourraient enfin si elles le désirent faire et élever des enfants en leur montrant avec l’aide de l’état que la production domestique est aussi noble dans sa complémentarité que la production commerciale n’en déplaise aux banques et aux multinationales qui prônent la compétitivité, course à l’échalote aberrante pour écouler la production en continu des machines. Ce Politique au contraire proposerait de revenir à l’esprit de l’Office International du Commerce et de la Charte de La Havane signée par tous les pays en 1948. Par tous les droits de douane nécessaires, il protégerait la production nationale de la concurrence de pays ayant choisi un autre mode de vie. Nous consommerions moins et assècherions moins notre planète tout en faisant payer ceux qui veulent consommer de la production étrangère. L’état vivrait sur ces droits de douane et sur une TVA qui n’existerait pas sur la consommation de survie mais qui pourrait être très forte sur la consommation d’agrément, pouvant aller jusqu’à 50 % comme l’était l’impôt sur les sociétés quand on faisait payer la production.

Serait-il envisageable qu’il y ait enfin un parti politique capable de proposer cette évidence tant que les consommateurs non producteurs ne sont pas encore les seuls à choisir nos dirigeants ? Nous pourrions à nouveau croire à la démocratie


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