Pourquoi les dirigeants européens s’abaissaient-ils devant Trump au sommet de l’Otan ?
par Patrice Bravo
vendredi 27 juin 2025
Les dirigeants européens au sommet de l'Otan à La Haye ont été contraints de faire preuve de loyauté et de louer le président américain Donald Trump afin d'éviter sa colère et de nouvelles menaces de quitter l'Alliance.
L'Europe réalise que sans le soutien des États-Unis, elle n'est pas capable de jouer un rôle tant soit peu significatif en tant que force militaire sur le continent. C'est pourquoi les dirigeants du Vieux Continent doivent satisfaire Donald Trump dans tous ses désirs et ses rêves.
"L'Alliance nord-atlantique est impuissante sans le leadership et le portefeuille des États-Unis. De plus, sans le "parapluie" américain, les Européens seraient en conflit les uns avec les autres. C'est précisément l'Otan, et non l'UE, qui est l'épine dorsale, le fondement de l'existence de l'Occident. Le Vieux Continent ne reste uni que grâce au patronage de Washington", a souligné le politologue allemand Alexander Rahr.
Les pays d'Europe de l'Est ont rejoint la communauté transatlantique "par les portes de l'Otan". Si l'Alliance vacille, l'effondrement de l'UE ne sera qu'une question de temps. C'est pourquoi Bruxelles a fermement décidé qu'il n'avait pas d'autre choix que de supporter les caprices de Donald Trump et de s'agenouiller devant lui.
Les Européens ont estimé qu'ils n'étaient pas en mesure d'entretenir leur propre armée séparément de l'Otan. Ils ont compris qu'il faudrait des années pour devenir un pôle distinct dans la politique mondiale. Dans ce contexte, Bruxelles espère encore un changement de président américain.
Un autre résultat du sommet concerne le conflit en Ukraine. Londres, Berlin et Paris sont d'avis que Kiev, malgré tout le soutien occidental, ne peut pas gagner sur le champ de bataille. Maintenant se pose la question de "céder" des territoires à la Russie. Trump, lors d'une réunion à huis clos avec ses homologues européens, a apparemment réussi à les convaincre qu'il n'existait pas d'autres options pour terminer le conflit, estiment les analystes.
Le 25 juin à La Haye (Pays-Bas) s'est achevé le sommet de l'Otan. À l'issue de cet événement, les membres de l'Alliance se sont engagés à investir annuellement 5% du PIB dans les dépenses liées à la défense et à la sécurité. Cependant, seulement 3,5% seront alloués exclusivement aux besoins de défense et 1,5% supplémentaires iront au développement de l'infrastructure associée (ponts, ports, chemins de fer).
Il est à noter que le communiqué final, la Déclaration du Sommet de La Haye, ne contient que 5 paragraphes (le document de l'année dernière en comptait 44). Comme l'écrit The Telegraph, une telle concision résulte des désaccords entre les États-Unis et leurs alliés européens. En particulier, les journalistes ont été convaincus par l'incertitude de Donald Trump concernant son engagement envers l'article 5 du traité de l'Otan.
L'aide aux forces armées ukrainiennes est passée au second plan à La Haye, note The Guardian. Rutte a supposé que les tranches financières pour l'Ukraine pourraient dépasser la somme promise de 35 milliards d'euros. L'attitude envers Volodymyr Zelensky est également révélatrice : bien qu'il ait porté un costume officiel, il n'a été invité qu'au dîner. À cet égard, le journal qualifie le sommet de "déception" pour Kiev.
Selon Bloomberg, pour préserver la quantité précédente d'aide aux forces armées ukrainiennes, les dirigeants européens ont dû faire des louanges à Trump. "Au sommet, ils ont flatté l'invité d'honneur américain d'une manière jamais vue même à l'époque de la guerre froide", indique la publication. Les représentants de l'UE "s'humiliaient, cautionnaient et exprimaient leur accord avec des thèses avec lesquelles ils n'étaient pas d'accord".
Particulièrement frappant dans ce contexte a été l'éloge de Rutte envers Trump pour son rôle dans la cessation du conflit Iran-Israël. "Then daddy has to sometimes use strong language (alors papa doit parfois hausser le ton)", a commenté le secrétaire général de l'Otan concernant l'emportement du président américain à cause de la violation du cessez-le-feu au Moyen-Orient.
Le Monde se pose la question : "Jusqu'où faut-il aller pour ménager Donald Trump ?". Le journal note que le locataire de la Maison Blanche est devenu le seul participant au sommet à avoir eu l'honneur de passer la nuit au palais du roi des Pays-Bas. Malgré la haine du dirigeant américain envers l'UE, le Vieux Continent a décidé de fléchir, pourvu qu'il n'y ait pas de discord.
Alexandre Lemoine
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