HADOPI : L’historique complet

par rush
jeudi 12 mars 2009

HADOPI qu’est-ce, me direz-vous ? Donc, un petit historique s’impose :

Entre –15,5 milliards d’années et – 1000 000 d’années, nos experts en hadopiologie n’ont retrouvé aucune trace hadopique malgré de nombreuses et acharnées recherches.

En –1000 000, un 14 septembre pour être précis, un groupe d’hominidés tenta d’accorder ses borborygmes aux harmonieuses mélopées des volatiles de l’époque. Des esprits éclairés proposèrent immédiatement que l’on applique une loi qu’on baptiserait HA-DO-PIE. Ils restèrent incompris pendant de nombreux millénaires et reçurent force coups de massues et de matraques sur la tête.
 

Entre le 14 septembre – 1000 000 et le milieu du XX ème siècle, des artistes de grand talent vécurent heureux en se produisant sur les scènes les plus diverses. Cirques, théâtres, opéras, music-hall, caf’conç’, et même la rue leur permettaient de vivre de leur art dans l’opulence et de remplir d’allégresse le public subjugué.

Entre temps, le 14 septembre 1889 Émile Berliner avait inventé le gramophone. Lourd, encombrant et coûteux, son succès relatif n’avait que peu d’impact sur la carrière des milliers d’artistes qui continuaient à vivre heureux.

Las, le 14 septembre 1945 la firme Teppaz sort le premier électrophone portatif modèle 610 et le 14 septembre 1948 la firme Columbia sort le 45 tours tout en vinyle ! C’est le véritable début de l’industrie du disque avec un trou au milieu et des sons tout autour !

Dès lors, les artistes peuvent rester chez eux, on les enregistre une fois et on duplique, duplique, duplique, duplique… Le public, enthousiaste, reste chez lui.

Quelques années après, le 13 septembre 1952, alors que les presseurs de vinyle commençaient à s’acheter des haut de forme et des gros cigares, catastrophe : Les radios, qui étaient libres à l’époque en France puisque de Gaulle n’avait pas encore imposé sa dictature, les radios, dis-je, s’équipent elles aussi de tourne-disques et diffusent ce qui ne s’appelle pas encore des tubes, mais ça va pas tarder.

Aussitôt, le 14 septembre 1952 donc, l’industrie du disque réagit : Au secours ! On duplique par les ondes à des millions d’exemplaires sans notre autorisation (lisez  : sans que l’on puisse piquer du blé au passage) ! Il y a urgence à faire adopter une loi Hadopi par nos députés ! 

Mais tout rentre dans l’ordre rapidement. Le 15 septembre un arrangement est trouvé : Les radios verseront une petite somme pour chaque diffusion. Et surtout, elles seront chargées de matraquer l’auditeur pour l’inciter à acheter le disque du morceau qu’il entend déjà 10 fois par jour…

Et ça marche ! Le matraquage se révélant très efficace, les presseurs de vinyle comprennent qu’ils ne sont plus obligés de produire des artistes de qualité en grand nombre. Une dizaine d’artistes médiocres et pistonnés leur suffit. C’est le succès inespéré pour Johnny Halliday et Mireille Mathieu qui ont encore quelques talents, mais bien plus tard pour Vincent Delerm et Carla Bruni ! On touche le fond… Enfin, si je puis dire. Parce que nous, on touche rien, ni les fonds ni Carla, quoique… Passons.

Du 15 septembre 1952 au 13 septembre 1979 les presseurs de vinyle s’achètent des hauts de forme et des gros cigares.

Entre temps, ils avaient bien pensé à une loi HADOPI quand les magnétophones grand public firent leur apparition, mais le vent du boulet n’ayant ni fait tomber leur chapeau ni éteint leur cigare, il se rendormirent sur leur matelas de billets de banque, après avoir vendu chers des millions de cassettes de mauvaise qualité qui devinrent très vite inutilisables.

Le 14 septembre 1979 Sony et Hitachi inventent le disque compact appelé familièrement CD. Les marchands de ronds avec un trou au milieu et de la musique autour voient là l’occasion de se faire pardonner la mauvaise qualité des cassettes audio et des vinyles qui grattent. Les tourne-disques sont rapidement retirés de la vente et l’achat d’un lecteur de cédérom devient obligatoire pour qui veut entendre les mêmes artistes jouant les mêmes morceaux, mais ô joie suprême, avec une qualité bien moindre !

Du 15 septembre 1979 au 14 septembre 2004, les presseurs de ronds en plastique s’achètent des hauts de forme plus grands, des cigares plus gros et fréquentent les meilleurs restaurants accompagnés des plus prestigieux top model !

Le 14 septembre 2003 un pirate invente Internet ! En réalité, il l’avait inventé bien avant, mais peu de gens en France s’en étaient aperçus, le Minitel, surtout le rose, étant la technologie de pointe la plus répandue dans la France qui gagne tout. Sauf des parts de marchés dans les technologies grand public.

Dès cette date fatidique, des milliers d’artistes se ruent sur la toile, s’auto produisent et s’auto promeuvent, ce qui permet aux surfeurs perspicaces de voir des choses d’une extrême originalité et d’une extrême qualité. Bref c’est le retour du talent à l’état pur ! Le bouche à oreille aidant, les gens se ruent à des concerts que le grand public et la télé ne connaissent même pas.

Un véritable scandale ! Il y aurait même des artistes qui ne seraient pas inscrits à la SACEM puisque leur cachet leur suffit pour vivre ! C’est un désastre annoncé pour l’industrie du pressage des ronds en plastique. La SACEM elle-même déconseille fortement aux artistes de s’évader des circuits officiels !

Revers de la médaille, dès le 14 septembre 2004 on voit déferler sur Internet des surfeurs non perspicaces atteints du syndrome Halliday-Mathieu-Delerm-Bruni. Le crâne bourré de scies promues par les presseurs de rond en plastique avec un trou au milieu et de la musique autour, ils téléchargent illégalement les morceaux qu’ils entendent 10 fois par jour à la radio et dont ils possèdent déjà le vinyle, la cassette et le disque compact, souvent en plusieurs exemplaires.

15 septembre 2004 – 13 septembre 2009. Cinq ans de lutte acharnée ! On dit même qu’un type avec un haut de forme, un gros cigare et des chaussettes trouées a failli y laisser la peau en défendant âprement le monopole qu’il tentait de créer sur une industrie moribonde.

14 septembre 2009. Ça y est ! Les presseurs de ronds en plastique sont sauvés. Sous le prétexte fallacieux de lutter contre les nouvelles technologies, rebaptisées "piratage" pour mieux tromper l’opinion publique, les députés et les sénateurs, qui pour la plupart n’y comprennent rien, votent enfin la loi HADOPI qui permettra aux ministres hadopiomanes de contrôler Internet.

14 septembre 2010. La France est sauvée ! HADOPI contrôle l’ensemble du réseau. Chaque fichier, que ce soit du texte, du son, de la vidéo ou quoi que ce soit d’autre, doit passer devant une commission avant publication.

Cette commission est composée uniquement de gens avec des haut de forme, des gros cigares et des chaussettes trouées.


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