Il faut plus de libéralisme

par qyutiun
lundi 13 octobre 2008

Le libéralisme est une excellente chose car il permet à la main invisible du marché de réguler naturellement notre société. La concurrence bénéficie toujours au consommateur. Je suis heureux de constater que la bataille idéologique a été gagnée. Seulement si encore aujourd’hui nous rencontrons des difficultés, c’est bien parce que nous ne sommes pas allés assez loin. En effet, il existe aujourd’hui encore des pans entiers de notre société qui ne sont pas privatisés. Ainsi s’il existe des cliniques privées, les hôpitaux publics sont encore légion. Et je ne parle pas de la Sécurité sociale. Les exemples sont nombreux. Voici ce qui, selon moi, dans une société idéale, devrait être privatisé pour un meilleur fonctionnement.

L’école

L’imposition par l’Etat des programmes scolaires est une injuste atteinte à la liberté. Si les écoles étaient privatisées, la concurrence entre les programmes scolaires pourrait jouer à plein, ce qui bénéficierait immédiatement non seulement aux élèves, mais aussi au marché. L’idée serait que les écoles s’adapterait naturellement au marché pour fournir la main-d’œuvre dont les autres entreprises ont besoin, suivant l’offre et la demande. Le marché de l’emploi serait ainsi optimisé sans besoin de régulation par l’Etat.

Par ailleurs, beaucoup d’argent est inutilement dépensé dans l’Education nationale et constitue un énorme gâchis : pourquoi enseigner les mathématiques ou le français à quelqu’un qui ne s’en servira jamais dans son métier d’ouvrier ? Pourquoi enseigner l’histoire à un futur ingénieur ou les sciences à un futur commercial ? Pourquoi même enseigner à un élève qui ne réussira jamais ? La privatisation de l’école permettrait de s’affranchir de ce gâchis en sélectionnant les écoles les plus performantes sur le marché. Les écoles responsables de ce gâchis seraient de facto éliminées, car moins productives.

Aujourd’hui, des choses sont faites pour aller dans ce sens. Je pense aux décisions prises de supprimer les mathématiques et l’histoire-géogaphie du tronc commun au lycée, ou encore de supprimer le redoublement. Effectivement, le redoublement est une dépense inutile pour l’éducation, car les élèves qui redoublent ne sont pas les meilleurs, pourtant on leur consacre plus de temps. C’est anormal. Nous ne pouvons que saluer le courage de Xavier Darcos pour ces décisions qui vont dans le bon sens. Mais ce n’est pas suffisant.

Il existe un troisième bénéfice encore plus subtil à la libéralisation de l’école. En effet, ce ne sont pas seulement des travailleurs que nous pouvons former, mais aussi des consommateurs. Le but à terme est, bien entendu, de favoriser la croissance en stimulant la consommation des élèves. Il sera, par exemple, possible d’introduire de la publicité dans les écoles, voire dans les manuels scolaires. Le contenu des cours pourra être modifié de manière à optimiser le marché et notamment la consommation, en incitant les élèves à consommer plus.

Les administrations

Encore aujourd’hui les administrations, comme par exemple les municipalités, appartiennent à l’Etat. Privatiser les villes serait certainement un grand bénéfice pour la société. On pourrait imaginer un système où le maire et ses adjoints seraient nommés non pas par les habitants de la ville, mais par les actionnaires. Ceci aurait pour effet d’optimiser le fonctionnement des villes par le marché et la concurrence. La ville serait rien de moins qu’un fournisseur de territoire pour les entreprises et les particuliers. Elle assurerait ou sous-traiterait les services associés à l’emplacement géographique, comme les voiries ou le maintien de l’ordre.

Ainsi les villes faisant payer le moins d’impôts attireraient plus de citoyens. Il faut penser en termes de marché : de même qu’il existe des produits bas de gamme et haut de gamme, il pourrait exister des villes bas de gamme et des villes haut de gamme. De cette manière chacun serait satisfait : ceux qui souhaitent payer moins et ceux qui souhaitent une meilleure qualité de vie.

Le marché des villes permettrait à terme d’optimiser l’implantation des entreprises : les usines s’implanteraient dans des villes plutôt ouvrières, et les quartiers d’affaire dans des villes plus aisées. De même pour les écoles, qui sont des entreprises comme les autres. Enfin les villes pourraient adopter des politiques d’urbanisation efficaces adaptées à leurs besoins pour obtenir un rendement maximum, par exemple en rapprochant les logements et les usines.

Ajoutons que les entreprises pourraient également posséder leur propre ville. Ainsi Coca-Cola, par exemple, pourrait racheter les villes sur lesquelles les usines sont implantées, y faire vivre ses employés, y construire ses écoles.


La justice et la police

La justice permet le maintien de la paix sociale, ce qui est essentiel au marché. Mais comment juger que telle loi est meilleure qu’une autre ? Qu’est-ce qui nous permet d’affirmer que voler ou tuer est mal ? La morale ? N’est-elle pas arbitraire ? En réalité, la seule façon de déterminer si un système législatif est meilleur qu’un autre est de le soumettre aux lois du marché et de la concurrence. La main invisible du marché pourrait ainsi sélectionner le meilleur système. Il serait du ressort des villes privatisées de choisir les lois qui leur conviennent, et non pas, comme aujourd’hui, à l’Etat d’imposer ses lois, ce qui est une injuste entrave à la liberté

Aujourd’hui de bonnes décisions sont prises. Par exemple, le fait de faire des entretiens psychologiques avec de futurs détenus pour savoir s’ils ont des tendances suicidaires est une bonne chose. Cela permet de sélectionner les détenus les plus dociles, capables d’endurer des conditions plus difficiles, et optimise la capacité de nos prisons en nombre de détenus. Nous pouvons remercier Rachida Dati de prendre des mesures qui vont dans le bon sens. Mais ce n’est pas suffisant.

Si la justice était privatisée, le service serait rendu par des sociétés de justice assurant à la fois la législation, le jugement et le maintien de l’ordre, ce dernier pouvant éventuellement être sous-traité. Ainsi les entreprises de justice les plus performantes, celles qui sont à même de favoriser le marché, que ce soit par la paix sociale ou en favorisant les acteurs les plus compétitifs, et ayant le meilleur rendement économique, seraient naturellement sélectionnées par la main invisible du marché.

Prenons exemple des lois anti-racisme et anti-discrimination qui existent dans notre société. Il devrait être possible de mettre en concurrence un système autorisant le racisme et un système anti-raciste. S’il s’avère que le système anti-raciste est réellement plus performant, alors il sera logiquement adopté. A l’inverse, si les sociétés qui ne luttent pas contre la discrimination, voire encourage celle-ci, sont plus productives que les autres, il est normal qu’elles soient conservées.

Il est possible que certaines entreprises de justice soient particulièrement compétitives. Je pense par exemple à une législation qui punirait les chômeurs et les improductifs et qui encourage la flexibilité des travailleurs sur le marché. De telles législations favoriseraient sans doute fortement la croissance. On peut penser qu’elles attireraient moins de travailleurs, mais, à terme, qui refuserait de faire partie du système le plus compétitif ? Après un certain temps, les systèmes concurrents ne pourront plus faire face et seront rachetés. Bien sûr, ce ne sont que des conjectures.

Là-dessus, encore une fois, nous nous devons de saluer les décisions prises par Nicolas Sarkozy qui vont dans ce sens, en incitant les chômeurs à accepter des offres qui ne leur conviennent pas.

L’armée

Il peut être utile pour les entreprises-villes d’étendre leurs territoires, ou de le défendre. Pour ceci, elles pourront faire appel à des milices.
La guerre n’est pas forcément rentable économiquement car elle détruit de la main-d’œuvre. Les rachats entre villes sont préférables. Cependant elle peut l’être dans le cas ou des ressources naturelles sont présentes en grande quantité sur un territoire.

Les services sociaux

Les services sociaux peuvent être compétitifs dans le sens où ils assurent une bonne répartition des différentes classes sociales suivant les besoins du marché et améliorent la qualité des travailleurs. Ils jouent le rôle de régulateur.

Ainsi si la main-d’œuvre à bas coup est trop abondante ou si la consommation est trop faible, il peut être utile, par une répartition de l’argent, d’augmenter la classe moyenne.

La bonne santé d’une partie non négligeable de la population est également une garantie du bon fonctionnement des entreprises, à la fois pour le travail et pour la consommation. Les services sociaux sont donc de puissants outils au service des entreprises.

L’art et la culture

Les biens culturels sont infiniment copiables. Ils ne peuvent donc que servir de support à la publicité. Les artistes rejoindraient ainsi les services marketing des grandes entreprises.

Une seconde approche est le divertissement. Le divertissement peut être un service rendu aux entreprises afin d’améliorer la compétitivité des travailleurs. Le divertissement peut être considéré comme une forme de service social.

L’idéal est de combiner les deux, car le problème de la copie se posera toujours sur certains types de biens culturels.

Les nations

Dans un tel monde, l’Etat deviendrait une entreprise comme les autres, non pas plus mais moins performante que les autres, en tout cas dans sa forme actuelle, et s’adapterait ou disparaîtrait. Cependant l’Etat peut aussi être vu comme un regroupement de ville permettant de les rendre plus compétitives en se regroupant.

Les Etats comme les villes pourraient également s’acheter les uns les autres. Imagine-t-on les Etats-Unis racheter l’Inde ? Si enfin les Etats étaient privatisés, ce serait possible.

Conclusion

La loi naturelle du marché pourrait s’appliquer partout et réguler naturellement le monde vers le maximum de bien-être du plus grand nombre, car qui dit optimisation du marché dit optimisation des gains, et donc plus de bonheur. Dans un tel monde personne ne serait laissé pour compte, puisque chacun serait libre d’entreprendre. Mais ne rêvons pas. Aujourd’hui trop de forces réactionnaires refusent un tel progrès.

Pour finir, un peu de science-fiction : imaginons que l’on supprime les lois anti-monopole. Du fait de la concentration des entreprises par rachat successif, on pourrait aboutir après quelque temps à un stade ultime, un véritable dépassement de l’humanité, le graal du libéralisme : l’entreprise unique, possédant un seul et unique actionnaire.


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