L’exception culturelle en pleine Renaissance

par C’est Nabum
jeudi 1er juin 2023

 

Le verdict et le choix du Prince …

 

Au terme d'une quinzaine qui nous a laissé dans l'expectative la plus absolue, nous attendions le verdict pour enfin lever le voile sur le palmarès. Nombre d'entre nous espérions une surprise, un signe annonciateur d'un changement de paradigme, un message d'espoir pour le monde entier. Nous étions à écouter de ce qui allait sortir de ce chapeau.

Pour qui sera déroulé le tapis rouge ? Qui aura la palme ou le sceptre ? Chacun retenait son souffle tandis que la lumière allait éclairer nos lanternes après ce suspens insoutenable. Un petit coup de projecteur salutaire pour indiquer nos inquiétudes comme nos espoirs, notre envie de renouveau, le désir de faire une place bien plus importante aux femmes.

Bien sûr, tout ceci peut vous sembler artificiel, un peu loin des préoccupations réelles d'un peuple malmené par l'inflation, la crise environnementale, la réforme des retraites. Tout ceci est vrai même si rêver fait un bien fou et qu'il convient de faire une place à de telles préoccupations qui apportent un souffle d'air frais dans notre quotidien.

Ce fut un Festival de surprise, de coups de théâtre. Les acteurs firent de leur mieux pour que brillent leurs magnifiques productions. Des visions fort différentes du monde, des conceptions qui étaient parfois à l'opposé. Nous étions tous à nous soucier de qui serait le lauréat avec au plus secret de nos cœurs, l'attente d'une surprise, d'un bouleversement qui allait influencer le cours des choses.

Nous avons eu, non pas des paillettes plein les yeux, des beaux discours, des tonnerres d'applaudissement. Nous nous étions fourvoyés sur ce qu'attendait le petit peuple de nos périphéries si loin des supputations des intellectuels. Nous nous étions leurrés, qui plus est, sur l'attente du premier d'entre-nous, ce représentant de l'esprit national, des lumières et de notre exception culturelle.

Alors qu'à Cannes, le jury décernait la palme à une réalisatrice : femme et française, qui n'a pas sa langue et sa caméra dans sa poche, ailleurs un autre nom sortait d'un chapeau : une sorte de lapin posé à la démocratie. Notre bon Président, jamais aussi méprisant pour ce qui ne vient pas de lui, s'est empressé d’encenser le meilleur acteur masculin du film Turc, le seul qui vaille à ses yeux de tyrans en herbe.

Pas un mot pour Justine Triet qui a remporté la Palme d'Or du 76e festival de Cannes avec le film "Anatomie d'une chute". Est-ce la promesse de la chute qui a effaré notre Prince dans son Palais ? Il est vrai que tous les signes pour une fin prochaine s’accumulent dans le scénario mais notre bon souverain n'a que faire des messages du pays. Ce qui l'enchante, l'émerveille, le réjouit, c'est la victoire de son comparse en liberté politique : le merveilleux Erdogan.

Et ce fut alors un concert de klaxons dans cette France profonde, drapeaux au vent pour célébrer le seul événement qui vaille, celui qui une fois encore laisse la femme à la maison. Madame Triet peut bien s'égosiller, l'essentiel est ailleurs pour notre Représentant de la renaissance à la Française et de l'exception culturelle.

Brigitte a sans doute mangé son chapeau quand son cher et tendre a choisi de passer sous le boisseau la récompense de cette trublionne qui pense si mal. Nous savons désormais pourquoi personne ne sait qui est en charge du ministère de la Culture sous sa coupe tandis que le ministère des armées est un poste sous les projecteurs.

Tout est bien pour ce triste sire. Nous savons désormais vers quel modèle il conduit le pays. Il ne nous surprend guère du reste, lui qui ne se fend d'un discours émouvant que pour les hommages mortuaires aux grands artistes exilés fiscaux.

À contre-Renaissance.


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