La désillusion géopolitique de Téhéran

par Dr. salem alketbi
mardi 8 juillet 2025

L’affrontement irano-israélien du mois dernier, juin 2025, ne fut pas un épisode éphémère dans les annales du conflit. Il s’est au contraire transformé en un moment révélateur, exposant la profondeur de l’effondrement de l’Iran, tant comme régime que comme projet.

Ce qui avait été promu pendant des années comme une puissance régionale majeure s’est écroulé en seulement douze jours. Il a laissé derrière lui un système en ruine, une population désabusée et des illusions brisées sous le poids des réalités militaires, économiques et politiques.

Cette guerre n’a pas éclaté soudainement. Depuis l’assassinat de Qassem Soleimani en 2020, Téhéran a poursuivi l’escalade via ses milices en Irak, en Syrie, au Liban et au Yémen, s’illusionnant sur le fait d’avoir encerclé Israël sur quatre fronts.

Mais Tel-Aviv n’a pas attendu. Il a travaillé discrètement à développer ses capacités de renseignement et militaires jusqu’au moment venu de renverser la situation par une frappe préemptive. Cette frappe a ciblé le cœur du projet nucléaire et décimé les centres de commandement et de contrôle, révélant les profondes fissures du régime iranien.

De manière remarquable lors de cet épisode, Israël n’a pas seulement été l’initiateur, il a aussi démontré une capacité qualitative à dominer le champ de bataille. Il a utilisé des systèmes défensifs intelligents gérés par des algorithmes avancés, qui ont neutralisé l’efficacité des missiles iraniens. Ces missiles se sont révélés n’être guère plus que des armements orientaux recyclés sous de nouveaux noms. Là où Téhéran misait sur l’intimidation quantitative, Tel-Aviv a construit son action sur l’efficacité qualitative. C’est ainsi que le mythe de la dissuasion iranienne est tombé sous un coup précis et rapide.

Plus crucial encore, Téhéran a non seulement perdu militairement, mais a aussi subi un coup douloureux à son noyau économique et social. Le ciblage des infrastructures pétrolières a paralysé la production et les exportations, tandis que l’effondrement du rial a exposé la fragilité d’un État qui prétend à la force pendant que son peuple peine à acheter du pain.

En réalité, la guerre a démasqué le dilemme historique de l’Iran : un régime obsédé par le contrôle extérieur alors que ses fondations internes s’effritent. Parallèlement, les factions soutenues par Téhéran de l’Axe dit de la Résistance ont perdu leur capacité de manœuvre, certaines battant ouvertement en retraite.

En contraste, Israël, malgré sa petite taille, semble redéfinir les équations de pouvoir au Moyen-Orient. Grâce à des partenariats intelligents avec les États du Golfe et à des capacités technologiques avancées, il a réussi à renverser le concept traditionnel de puissance militaire. Israël est devenu un pôle de sécurité régional en ascension, attirant l’attention de Gaza à Téhéran.

Les États-Unis ont géré la bataille à distance, capitalisant sur le chaos semé par Téhéran et sur la capacité d’Israël à atteindre des objectifs stratégiques avec une intervention directe minimale. Cela marque un retour clair à la stratégie d’affaiblissement sans renversement. Elle permet au régime iranien de survivre, mais accablé par des défaites accumulées, il reste une entité épuisée, incapable d’exporter sa révolution ou d’imposer sa volonté.

Aujourd’hui, le régime iranien fait face à un effondrement à triple détente. Il voit sa légitimité s’éroder à l’intérieur, son influence décliner à l’étranger et son programme nucléaire en ruines. Ce projet, ayant englouti quatre décennies de dépenses, de contrôle et de répression, est désormais effectivement anéanti. Reconstruire ces installations provoquerait de nouvelles frappes sévères et humiliantes. Pire encore, aucune propagande ne peut convaincre le peuple que la faute incombe uniquement à un ennemi extérieur.

Le Moyen-Orient assiste à une recomposition non pas par des conférences ou des ententes politiques, mais par l’échec de projets bâtis sur le sectarisme et l’expansion par la force. L’Iran, qui a cherché à exporter son modèle, se retrouve désormais presque rejeté par son propre peuple, isolé de son environnement et cherchant désespérément une issue à tout prix.

Au cœur de cette transformation, Israël émerge comme une puissance affirmée. Il n’attend pas la permission pour sécuriser ses frontières ; il forge plutôt des alliances et construit de nouvelles équations sécuritaires aux dépens d’un régime prouvé comme un fardeau pour lui-même et ses voisins.

Mais la vérité douloureuse est que l’Iran n’a pas été seulement vaincu militairement. Il est entièrement démasqué comme un modèle politique, sécuritaire et économique en échec. Il a perdu sa crédibilité et sa dignité, tant en interne qu’en externe.

Voilà un régime qui a dépensé des centaines de milliards dans des projets de domination et d’expansion pendant que son peuple avait faim. Aujourd’hui, il ne peut que se cacher derrière des slogans creux de résistance et de victoire divine, slogans qui ont perdu tout sens et sont devenus objets de dérision. Pendant ce temps, les bras armés extérieurs et les milices du régime s’effondrent sous le poids des frappes israéliennes et de l’assassinat de leurs chefs.

La profondeur stratégique de l’Iran a vu sa souveraineté et sa sacralité violées. Son poids régional se dissipe sous ses yeux non seulement parce que ses adversaires sont plus forts, mais parce que c’est un régime rongé par la corruption et aveuglé par les illusions.

Le Moyen-Orient n’attend personne. Ceux qui ne voient pas que l’ère de l’hégémonie et des milices est en train de disparaître paieront un lourd prix en termes de souveraineté et de survie. L’Iran, qui s’imaginait invincible, ressemble désormais davantage à un État en crise, brûlant dans le feu de ses propres aventures.

L’ère post-iranienne a commencé non pas géographiquement, mais en termes d’érosion de son influence et de sa domination. Cette réalité ne fera que se préciser à chaque étape, quels que soient les dénis du régime iranien.


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