Cancer, de scandale en scandale
par Le Hérisson
lundi 18 décembre 2006
Il y a une semaine, j’ai appris que l’une de mes meilleures amies était morte, Geneviève. Depuis six mois environ, je vivais au rythme des bilans que me livrait son mari, lui aussi, l’un de mes grands amis. Le décès de Geneviève est la suite d’une longue liste. Trop longue. Qui me fait dire que malgré ce que disent médecins ou hommes politiques, contre le cancer, aucun progrès sérieux n’a été fait depuis dix ou quinze ans. Ou alors, s’il y a effectivement progrès pour certains cancers, le nombre de cas est lui en évolution exponentielle.
Je ne peux m’empêcher de vous dire un mot de Geneviève qui vient de disparaître. Un mot bien faible et impuissant pour évoquer cette personne exceptionnelle qui savait comme personne ce qu’amour veut dire. Enseignante, analysée par un disciple de Françoise Dolto, puis conseillère conjugale, elle était au fait de la psychologie certes, mais aussi de l’humanisme, le plus élevé qui soit. Un genre d’ami charismatique à qui on pouvait toujours se confier. Elle et son mari, Jo, avaient une maison à la campagne. On était toujours les bienvenus. Moi qui suis un affreux sauvage solitaire, je me suis toujours demandé comment elle pouvait ainsi sourire de si bon cœur, même lorsque je venais à l’improviste. Quand je plantais ma tente en été, par un don de divination connu d’elle seule, elle se réveillait tôt et m’apportait le petit déjeuner. Quand j’arrivais l’hiver, la cheminée était prête, n’ayant plus besoin que d’une étincelle.
Mutisme médical
Quand Jo, son mari, me racontait ses rapports avec les médecins qui soignaient son épouse, cela me rappelait étrangement tout ce que j’avais pu vivre par ailleurs. En 1964, mon père est décédé probablement d’un cancer du poumon. Je dis « probablement » car le mot n’a jamais été prononcé. A l’époque il n’y avait guère de traitement. Cela dit, la mort de mon père ne résulte pas de son cancer (probable) mais d’un examen non approprié dans son état. Une bronchoscopie qui l’a fait s’étouffer dans les bras du toubib. Evidemment, personne n’a rien dit à ma mère, mis à part que de toute façon « mon père était perdu ». Perdu pour qui ? Pour la réussite de la médecine, sans aucun doute !
Lymphome : « On va le soigner, ne vous inquiétez pas »
En 1994, rebelote. Cette fois-ci, c’est la mère de ma femme qui fut atteinte d’un lymphome. Pour la petite histoire, ma belle-mère, Marie, était employée au Commissariat de l’énergie atomique (CEA) dont le siège est à Saclay. A ce titre, elle accompagna les essais nucléaires français des années soixante, dans le désert saharien. Evidemment, aucune précaution n’était prise. Le fait qu’elle ait un lymphome trente ans plus tard, un cancer très lié au nucléaire, n’est sans doute pas un hasard. Mais la « grande muette » n’avouera sans doute jamais rien. Pour ceux que cela intéresse, il y une association qui s’est constituée des vétérans des essais nucléaires français et qui recense des centaines de cas douteux. Quand le cancer de ma belle-mère s’est déclaré, j’ai évidemment pioché mes encyclopédies (le Net n’existait pas à l’époque) et j’ai immédiatement compris qu’il s’agissait de l’un des cancers les plus graves. Cependant, soignée à l’Institut Roussy, de Villejuif, les informations que nous avaient livrées les médecins étaient des plus rassurantes : le stade de la maladie était très peu avancé, les cellules en cause n’étaient pas très malignes, je vous passe les détails scientifiques. Le médecin m’a même affirmé qu’elle pourrait reprendre rapidement une activité professionnelle.
En fait, aucun traitement n’a fonctionné.
Non seulement cela, mais nous avons appris par la suite qu’on lui avait fait subir des traitements lourds, comme une greffe de moelle osseuse, qui n’avait plus aucune raison d’être, si ce n’est l’acharnement médical. Quand elle est morte, au bout d’un an de douleur, de non-dit, d’erreurs en tous genres, j’ai écrit au directeur même de l’Institut G. Roussy. Ce dernier a alors reçu mon épouse et lui a dit, texto : « De toute ma carrière, je n’ai jamais reçu une lettre aussi dure, aussi vraie, et aussi bien écrite... »
Le scandale Chirac
Quand il fut réélu dans les conditions que l’on sait, J. Chirac annonça parmi ses grandes priorités un plan de lutte contre le cancer. Evidemment, c’est plus consensuel que de réformer l’assurance-maladie ! Dans la foulée, il a créé l’Institut national du cancer (Inca). Or, son président, David Khayat, est devenu rapidement insupportable pour le personnel de l’institut, accusé de favoriser l’entrisme de ses amis, sans parler des conditions financières mirobolantes qui rappellent le scandale de l’Arc et de son faux médecin président en blouse blanche, Jacques Crozemarie. Bref, le professeur Khayat n’a eu d’autre choix que de démissionner de ses fonctions cet été...
Et en attendant, le cancer se porte bien, merci pour lui. Le Journal du dimanche du week-dernier annonçait que le dernier rapport de l’Institut national de veille sanitaire (INVS) a calculé une augmentation de 60 % de cancers entre 1980 et 2000 ! Comme l’a expliqué un autre rédacteur d’AgoraVox, de nombreuses substances chimiques sont maintenant suspectées. Et qu’on arrête de nous parler de l’allongement de la vie pour expliquer cette inflation : les cancers des enfants n’ont jamais été aussi nombreux. Il est vrai, à la décharge du monde médical, qu’ils sont également mieux soignés. Maigre consolation. On note également que les cancers du poumon sans facteur de risque (tabac passif ou actif, amiante) est aussi en très forte augmentation et atteindraient les 30 %.
La vérité, c’est que nous avons un monde médical tout puissant et sclérosé par sa toute-puissance. Jamais aucune recherche ne peut être faite sur une quelconque médecine différente, comme, par exemple, les traitements du professeur Beljanski, ni sur les peuples qui, assez miraculeusement, ont des taux de cancers beaucoup moins élevés qu’en Occident. Mon amie Geneviève croyait dans les autres, aussi faisait-elle confiance à la médecine. Jusqu’à son dernier soupir. Je voudrais qu’elle ne soit pas morte pour rien.