DSK, une question de stratégie, aussi !
par kottelat@gmail.com
mardi 14 novembre 2006
Les militants socialistes doivent choisir les 16 et 23 novembre leur candidat pour la présidentielle de l’an prochain. Dans cette optique, le débat politique de fond est très important. Mais la victoire face à la droite est aussi une question de stratégie.
Pour que tout soit clair, je l’affirme dès le départ : dans la course à l’investiture socialiste pour la présidentielle française, ma préférence va à Dominique Strauss-Kahn. Je ne vais pas essayer ici de convaincre qui que ce soit sur le fond - pourquoi le projet social-démocrate proposé par DSK est le
meilleur - mais bien de montrer aux partisans des deux autres candidats
ainsi qu’aux indécis que choisir de nommer l’élu de Sarcelles est, au
niveau purement stratégique, la meilleure façon de battre la droite
l’an prochain.
Résumons tout d’abord ma position. Je pense que,
selon la situation actuelle qui peut encore évoluer, Laurent Fabius est
celui qui a le plus de chances de ne pas se planter au premier tour de
la présidentielle, devant Ségolène Royal puis Dominique Strauss-Kahn. En
revanche, les positions s’inversent totalement, à mon sens, pour le
second tour : DSK est le mieux à même de battre le candidat de droite,
suivi par Ségolène Royal et enfin par Laurent Fabius. L’objectif du
commentaire ci-dessous sera d’expliquer mon analyse.
A mes yeux,
Laurent Fabius devrait cristalliser autour de lui une grande partie de
l’électorat socialiste, notamment l’aile gauche du parti qui pourrait
échapper aux deux autres candidats, et réussirait de plus à récolter
une partie des voix de la gauche de la gauche.
En outre, les partisans acharnés de Ségolène Royal, véritables idolâtres sans réelle assise rationnelle, ainsi que d’autres soutiens assez solides, parfois extérieurs à l’électorat traditionnel socialiste, peuvent lui garantir sans grand problème le nombre de voix suffisant pour terminer à la première ou à la deuxième place lors du premier tour.
Enfin, DSK semble le moins bien armé des trois postulants pour le premier tour. Il risque de faire fuir une partie de la gauche du Parti socialiste vers un candidat de la mouvance antilibérale et pourrait avoir du mal de mobiliser de façon importante l’électorat centriste. Malgré tout, je ne doute à aucun moment de sa capacité de passer le premier tour grâce au soutien des sympathisants socialistes, qui restent, et très nettement, la plus grande force de gauche.
Au deuxième tour, tout se renverse. Ici, la ligne social-démocrate de DSK permettrait sans conteste de mobiliser un électorat très large. En effet, le député du Val d’Oise, même s’il ne plaît pas vraiment à l’extrême-gauche, serait avantagé par un vaste mouvement antisarkozyste dans cette frange de la population. Par ailleurs, sa force de conviction et sa grande maîtrise du débat politique lui permettrait d’attirer vers lui l’électorat de gauche, bien entendu, mais aussi des centristes et des chiraquiens (Chirac lui-même ? Qui sait ce qui se passe dans le secret de l’isoloir ?) craignant l’actuel ministre de l’Intérieur.
Ségolène Royal conserverait quant à elle une popularité importante dans une partie de la gauche et chez des personnes habituellement peu intéressées par la politique et qui n’allaient peut-être pas voter auparavant. Elle réussirait également à réunir autour d’elle un électorat féministe, pour lequel le genre est plus important que la compétence, mais c’est justement cette dernière qui lui manquerait pour vaincre face au candidat de droite. En effet, les débats internes au Parti socialiste ont montré qu’elle ne maîtrisait pas parfaitement ses dossiers. La présidente de région a également eu du mal à se défendre dans une adversité toute relative par rapport à ce qui l’attend face à Sarkozy et à sa meute de fidèles.
Enfin, Laurent Fabius risquerait de son côté de conserver les voix acquises au premier tour, mais il ne réussirait pas à aller prendre des voix au centre, des voix essentielles pour remporter la victoire. Personnellement, je ne vois pas comment il pourrait remporter un deuxième tour, à moins d’affronter un épouvantail comme Le Pen.
Finalement, vous l’aurez compris, ma conviction est que les militants socialistes doivent nommer DSK s’il veulent que la gauche retrouve le pouvoir. C’est une question de projet, bien sûr, et une question de stratégie, aussi !