Du déterminisme à l’eugénisme : Quel doit être le sort des pédophiles ?
par GHEDIA Aziz
mardi 17 avril 2007
Voilà une question passionnante mais qui ne devrait pas faire irruption dans le débat politique. Car elle peut conduire vers l’irréparable.
Une seule source, le "Soir d’Algérie", m’est largement suffisante pour laisser libre cours à mon imagination. Et comment ? Avec une chronique animée par l’un de nos journalistes le plus en vue actuellement, la matière à réflexion coule de source.
Voilà ce qu’il a rapporté dans sa chronique d’hier.
"Bechar, une fillette de trois ans kidnappée puis violée" et " dix enfants de moins de dix ans en ont été victimes, un imam serial pédophile à Boghni".
En fait, j’ai cité cette chronique en guise d’introduction à mon sujet pour que tout un chacun sache d’emblée où je veux en venir. Oui, la question qui fait couler beaucoup d’encre actuellement au sein d’Agoravox est cette déclaration de Nicolas Sarkozy au « Philosophie Magazine ». Je ne la reprends pas ici puisqu’elle est du domaine public et circule sur tous les sites Web et les blogs.
Alors, permettez-moi d’ajouter, en ma qualité de médecin, mon grain de sel à ce débat passionné et passionnant en même temps.
Quel doit être le sort des pédophiles ? Indépendamment du degré de respect des droits de l’homme des sociétés auxquelles nous appartenons, devrions-nous être tolérants envers ces énergumènes ? Ou alors devrions-nous les condamner à la peine de mort ? Ou encore devrions-nous prévenir ce genre de déviations sexuelles en étouffant l’embryon dans l’œuf, autrement dit pratiquer l’eugénisme ? Car, en fin de compte, c’est bien de cela qu’il s’agit.
Contrairement à Nicholas Sarkozy qui s’est livré à une explication pseudo-scientifique de la pédophilie, mais sans aller au-delà d’une certaine limite, c’est-à-dire proposer ce qu’il y a lieu de faire dans ces cas-là, notre chroniqueur, lui, a tranché net sur la question. Le chroniqueur est contre la peine de mort. Par principe, certainement. Il ne le dit pas texto, mais c’est ce que j’en ai déduit. Mais, un peu plus loin, le chroniqueur ajoute : "Je serais plutôt favorable à une mort lente. Très lente. Etalée sur des mois, voire sur des années. Précédée et entretenue par des actes de torture pleinement assumés".
A la limite, on pourrait comprendre la réaction, livrée à chaud, de notre chroniqueur. Choqué par cette nouvelle, il s’est adonné, avec un style qui lui sied si bien, à un "plaidoyer pour la torture", mais je suis sûr qu’après une tasse de thé, il se ravisera et nous livrera peut-être une autre chronique où il fera son mea culpa.
Mais la réaction de Sarko ? Est-elle compréhensive ? Rien, à ma connaissance, ni fait divers se rapportant à la pédophilie et fraîchement rapporté par la presse, ni "question- piège" d’un journaliste relative à cette question, n’a poussé Nicholas Sarkozy à se lancer dans cette diatribe contre une catégorie de personnes qui sont en même temps bourreaux et victimes par/de leur comportement asocial.
En effet, la théorie du déterminisme génétique qui semble, de prime abord, séduisante et simpliste en même temps pour expliquer le comportement humain, n’a plus cours de nos jours. Elle a connu son heure de gloire, certes, mais, tous les scientifiques sérieux vous le diront, le comportement de l’homme n’est pas uniquement dicté par une séquence de gènes que celui-ci porte dans ses chromosomes. Donc, que ça plaise ou non à Sarko, on ne "naît pas pédophile" ou criminel, on le devient ! L’influence du milieu dans lequel on vit a une responsabilité incontestable dans le déclenchement des déviations sexuelles (et il va de soi que la pédophilie en est une). C’est ce qui explique d’ailleurs que la majorité, pour ne pas dire tous les pédophiles (bien que, personnellement, je ne dispose pas de statistiques qui vont dans ce sens), viennent d’un milieu socio-économique défavorisé. Je n’irai pas jusqu’à dire que ces gens-là sont sains d’esprit mais en tout cas ils répondent presque machinalement au stimulus de leur instinct bestial mais une fois l’acte accompli, n’en doutons pas, ils éprouveront le plus intense des remords. Mais, que ça soit clair entre nous, je ne défends nullement les pédophiles, je discute plutôt, encore en ma qualité de médecin, un concept scientifique qui, si, par malheur, il est appliqué pour soi-disant étouffer l’embryon dans l’œuf et ainsi débarrasser la société de ses futurs éventuels rebuts, pourrait avoir des répercussions dramatiques sur nos sociétés démocratiques. Nul n’a le droit, sous prétexte que x ou y a une prédisposition pour la pédophilie ou le crime d’une façon générale, d’agir de la sorte. Il est vrai qu’on l’a déjà fait ou qu’on le fait encore pour certaines maladies génétiques mais ça reste quand même à une échelle très infime. Et ça relève directement de la responsabilité des parents après que ceux-ci aient eu toutes les explications médicales possibles. C’est le cas de la trisomie 21, par exemple. Tout le monde sait maintenant que le diagnostic de cette « infirmité mentale » est possible en anténatal c’est-à-dire dès les premières semaines de la grossesse. Il suffit d’une amniocentèse à la recherche de quelques hormones spécifiques (et de l’étude du caryotype des cellules foetales prélevées) et d’une bonne échographie obstétricale à la recherche de « la clarté nucale » et le diagnostic est fait. Pourtant, la décision de procéder à l’évacuation du contenu utérin n’est pas facile à prendre par le couple. Car, l’on sait aussi que le trisomique, malgré son handicap mental, reste un être humain. Je dirai même mieux : le trisomique est un être très attachant, très aimable et ne fait de mal à personne.