La grande victoire d’Israël !

par Laïd DOUANE
mardi 22 août 2006

Israël a gagné la guerre au Liban ! Il a détruit les infrastructures libanaises, donnant ainsi du travail aux multinationales ! Il a largué des tonnes d’obus pour massacrer une grande partie de la population. Enfin, il a tué au moins 400 enfants ! L’objectif est donc atteint !

On se demande si le Hezbollah avait prévu les réactions d’Israël avant l’enlèvement des deux soldats israéliens. Selon des observateurs américains et sionistes, Hezbollah avait commis une faute monumentale en menant cette action, affirmant que celle-ci avait été planifiée en collaboration avec les autorités iraniennes. Il faut rappeler que le Hezbollah avait annoncé que 2006 serait l’« année des prisonniers. » Il avait même averti qu’il capturerait des soldats israéliens pour les échanger contre des prisonniers arabes. Ceci pour dire que la capture des deux soldats du 12 juillet n’est pas hors du commun des règles de l’affrontement entre le Hezbollah et Israël depuis mai 2000.

Hezbollah n’a donc pas été surpris par l’agression israélienne. Sa résistance héroïque nous en donne la preuve. En outre, il a infligé des pertes considérables à un armé considérée comme invincible du fait de son armement sophistiqué. Non seulement, il l’a mise en échec, il a fracassé son pouvoir de dissuasion comme il a réussi à ébranler la confiance que les USA accordait à Israël. Il est également utile de rappeler qu’il a réussi à paralyser tout le Nord d’Israël sur tous les plans économiques, politiques et sociaux.

A l’échelon régional, Hezbollah a remporté un succès inégalé. Au lieu de la virulence affichée par nombres d’états arabes, en l’occurrence l’Arabie saoudite et l’Egypte, il a contraint les autorités à condamner l’intervention israélienne. Son chef Hassan Nasrallah a gagné le respect de la majorité des Libanais au moment où l’on s’attendait à leur colère. Les sionistes espéraient que le peuple libanais se retournerait contre le Hezbollah à cause de l’enlèvement des deux soldats israéliens. Finalement, tous les partis se sont alignés malgré leurs divisions confessionnelles. Mieux que cela, le Général Michel Aoun, dirigeant des Maronites a soutenu Nasrallah qui a su entretenir l’unité nationale.

A peine le cessez-le-feu est il rentré en vigueur, que le Hezbollah s’est lancé dans la reconstruction et la prise en charge des populations. « Le Hezbollah prend en charge la reconstruction du Sud, alors que le monde débat encore de la constitution d’une force de paix. Après un mois de guerre, de vastes parties du pays sont en ruine. Des centaines de milliers de personnes sont sans logement. Beaucoup de Libanais sont terriblement furieux contre les Etats-Unis et Israël qu’ils rendent responsables de leurs souffrances. Quelle que soit la colère qu’ils peuvent avoir contre le Hezbollah pour avoir provoqué la guerre, elle est plus que compensée par la réponse sur le terrain de la milice et les importantes sommes d’argent qu’elle déverse, écrit New York Times. » Ainsi, par exemple, tout Libanais ayant perdu son logement bénéficie de 12 000 dollars.

Le problème qui nous parait insoluble, c’est le désarmement de Hezbollah, même si le gouvernement libanais en est d’accord. Mais qui pourrait le faire et qui est en mesure de défendre le Liban des agressions israéliennes ? L’armée, en tout cas, n’en a pas la force. Hezbollah refusera tant que les Israéliens occupent des terres libanaises telles que les fermes de Chebaa. D’autre part, il n’est pas facile d’imaginer qu’Israël accepterait de se retirer, au risque de contribuer au prestige du Hezbollah. Une solution possible pour Israël serait, d’engager des négociations avec la Syrie avec, au préalable, la restitution du Golan. Le régime syrien est seul capable de neutraliser son allié en le privant des aides extérieures en logistique et en armement. La Syrie pourrait négocier la tête de son allié si Israël acceptait de se retirer de territoires occupés.

Enfin, tout dépendra des décisions américaines quant à l’évolution de la situation. Les USA doivent actuellement gérer le conflit avec l’Iran, ses différents avec la France, la Russie et la Chine. Cependant, s’ils s’entêtaient à redessiner la carte du Moyen-Orient, ils chercheraient dans ces négociations des prétextes pour mener des raids contre l’Iran. Ceci donnerait quelque chose qui ressemblait à une guerre globale où chacun choisirait son camp. La guerre ne se limiterait alors pas aux salles d’opérations mais elle s’étendrait aux salles de jeux et aux casinos !

Laïd DOUANE


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