Relaxe pour des caricatures à dessein

par Phileas
vendredi 23 mars 2007

Au moment où Philippe Val vient d’être relaxé par le Tribunal correctionnel de Paris, Jean-Marc ROUBAUD, député UMP, souhaite déposer une proposition de loi « visant à interdire les propos et les actes injurieux contre toutes les religions ».

La formule principale de cette proposition est : « Tout discours, cri, menace, écrit, imprimé, dessin ou affiche outrageant, portant atteinte volontairement aux fondements des religions, est une injure. » Ainsi seraient condamnés tous ceux qui oseraient critiquer, la Torah, la Bible et le Coran. Ainsi, plus question de dénoncer le terrorisme se nourrissant volontiers des paroles de Mahomet, devenu chef de guerre.

Il faut réfléchir aujourd’hui à la façon dont nous souhaitons que demain notre pays se positionne en matière de liberté d’expression :
Le droit à l’avortement
L’avancée des droits des femmes
Le droit à la contraception
L’égalité entre les hommes et les femmes
Le droit de choisir sa sexualité
n’ont été possible qu’après avoir placé la discussion en dehors de la position religieuse, en restant sur le terrain sociétal et laïque.

Si nous souhaitons qu’une loi, en réflexion actuellement au Parlement par un député zélé, pénalise le blasphème, créant ainsi un bouclier contre toute liberté d’expression, alors nous devons donner raison à Dalil Boubakeur contre Charlie-Hebdo.

Une religion devient idéologique lorsqu’elle veut se substituer au législateur pour définir le périmètre de la liberté d’expression ; lorsque des groupes religieux veulent agir dans le domaine publique : leur action devient idéologique.
Ce procès n’a pas rendu service aux musulmans de France qui tentent de nous convaincre qu’un islam à la française est possible : surtout quand Dalil Boubakeur, musulman modéré, se retrouve sur le même banc que l’UOIF.

Philippe Val et Charlie Hebdo croient à la démocratie de ce pays lorsqu’ils se font le relais de certains journaux danois qui publient des caricatures représentant Mahomet. La façon dont certains représentants du monde religieux s’attaquent à la liberté d’expression nous donne une petite vision de ce que devait être l’Europe des années 1930 lorsqu’un autre "isme" avait décidé d’en finir avec la démocratie séculaire européenne. On imagine la peur de ceux d’alors, qui se terraient de crainte de représailles aveugles et sanglantes et d’ exécutions sommaires.

Quant aux dessins pris pour cible, il est intéressant de s’arrêter un instant sur ce qu’ils représentent : c’est-à-dire une non-représentation puisque par essence, Mahomet est sans image.

Si cette loi passait au Parlement, les journalistes ne pourraient plus s’en prendre à une icône religieuse, si ce n’est pour dénoncer l’utilisation négative qui en serait faite. Ce qui n’empêcherait pas les terroristes de continuer à se ceinturer d’explosifs et se faire sauter au milieu d’attroupements de toutes sortes, en son nom.

C’est la responsabilité des journalistes et des intellectuels de dénoncer l’islamisme mais aussi les dirigeants occidentaux lorsqu’ils soutiennent des monarques douteux dont les régimes ont été mis en place juste après les mouvements de décolonisation des années 1950 à des fins pétrolifères et qu’ils maintiennent toujours, contre des peuples affamés, laissés dans l’inculture, la misère et l’indigence.
Car rappelons-le, les seuls jusqu’à présent à s’être intéressés à ces peuples sont des mollahs locaux qui leur apportent nourriture, culture coranique et qui ne se privent pas de réinterpréter à leur guise la moindre sourate et le moindre verset... à dessein
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