Ségolène Royal, la french touch

par Ben Ouar y Villón
jeudi 22 février 2007

Toutes les grandes émissions politiques ont connu leur tournant. Lundi 19 février 2007 au soir, sur TF1, Ségolène Royal s’est sortie de l’ornière savamment préparée par l’équipe de Poivre d’Arvor.

Après une demi-heure passée sur les thèmes anxiogènes de la mort, la maladie, la psychiatrie, une demi-heure propre à faire zapper tout bon français shooté -comme il se doit- au Lexomyl, survint l’incident, la pirouette d’une situation mal engagée, comme un rétablissement phénoménal après une descente d’escalier vertigineuse.

Quelqu’un pleurait. Elle s’est approchée.

Geste éminemment féminin, irrésistible. Commandé par l’humaine compassion que nous devrions tous être en mesure d’avoir pour une personne qui souffre, même aux prises en même temps avec un autre événement à affronter, comme ce fut le cas pour Ségolène Royal ce jour, sous la pression d’un rendez-vous télévisé de cette ampleur.

Souvenons-nous de ce fameux "Je ne vous comprend pas" de Chirac aux jeunes citoyens en mai 2005, du célèbre "Vous n’avez pas le monopole du coeur" de Giscard à Mitterrand en 1974 qui a raflé la mise sur un bon mot, du geste de la main méprisant de Laurent Fabius face à Chirac en 1986, du malheureux "Mon programme n’est pas un programme socialiste" de Jospin en 2002 qui, de ce point de vue, n’aura pas volé sa défaite.

Donc, on l’a vu, PPDA et sa rédaction auront voulu plomber Ségolène Royal en la faisant passer pour une assistante sociale. Fort bien. Plombera bien qui plombera le dernier.

On reparlera de ce geste comme d’un tournant dans sa campagne, là où sa personnalité a parlé, au milieu des mots.

Car, en définitive, nous les gens, on aime bien s’imaginer avoir à notre tête une personne qui réagit comme nous on réagirait. On ne comprend pas tout ce qui se dit dans les ministères, on n’a pas une grande conscience historique et politique, on a même quelquefois la mémoire politique du poisson.

Nous avons recours à l’émotion pour emporter notre jugement, comme au spectacle, où l’on ne retient pas tous les alexandrins d’une pièce mais on grave à jamais une émotion qui nous a traversés et qui nous renvoie à nos hontes, à nos douleurs, à nos secrets.




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