Ségolène Royal, premier meeting politique à Paris

par Manuel Atreide
mercredi 7 février 2007

Mardi 6 février 2007, à Paris, Ségolène a tenu son premier meeting politique. Bertrand Delanoé, puissance invitante, était présent, ainsi qu’une impressionnante brochette de responsables politiques du PS ou soutenant la candidate. Oui, ce soir, c’était la première fois.

Allez, je ne vais pas vous faire trop languir, et répondre tout de suite à la question que certains vont se poser. En début d’émission, à l’inverse de Jacques Delors, je me dévoile. Tant pis si je perds quelques lecteurs, débarrassons-nous du futile pour prendre notre temps avec le sérieux et l’indispensable.

Oui, je suis de gauche. Oui, je vote à gauche.

Voila. Cette précision faite, je vous propose de rentrer un peu plus avant dans le sujet. Qui n’est autre que ce début de campagne. Car, qu’avons-nous vu, jusque-là ? Ségolène Royal a fait une brillante campagne à l’automne, mais cette campagne était faite pour être désignée candidate du PS. Quand cela fut fait, elle décida de s’immerger un peu plus profondément dans la France, par le biais de débats participatifs. Vous savez, ces débats tant décriés par la droite et par une partie des médias.

Le PS en a organisé plus de cinq mille. Vous imaginez, cinq mille débats partout en France, réunissant des gens comme vous et moi, qui viennent non pas pour écouter la bonne parole ou se voir délivrer le message à applaudir, mais pour parler, discuter, râler, exploser. Proposer aussi. Proposer surtout.

Oh, bien sûr, j’entends les sceptiques. Il y en avait, ce soir, dans la file d’attente, pendant que nous piétinions pour entrer dans ce gymnase. "Les Français ne sont pas des spécialistes de la fiscalité." "La diplomatie internationale, c’est plus compliqué que ce qu’on croit." "Tout ça, c’est du flan."

Du flan ? Ma foi, il me semble quand même que le premier débat participatif français porte un nom. Election. Que faisons-nous lors de ces élections, sinon nous prononcer sur ces sujets aussi compliqués, rébarbatifs, abscons ? Ne réclamons-nous pas de connaître les programmes pour les lire et porter un jugement dessus ? Sommes-nous si stupides que notre parole ne vaille rien ?

Je me doute bien que les propositions concrètes n’auront pas trouvé leur origine dans les propos des citoyens. Cependant, un débat entre politiques et ceux qu’ils représentent permet de poser les principes directeurs, les grandes lignes, les axes que le peuple veut suivre dans les années à venir.

Ségolène Royal a fait ce travail formidable en quelques mois. Je ne doute pas qu’elle ait pensé à une éventuelle candidature depuis des années, mais elle n’y a pas consacré ces cinq dernières années jour et nuit, en se rasant, enfin non, pas en se rasant. De débat en débat, elle a sillonné son pays, rencontré le peuple.

Et elle l’a écouté.

Maintenant, elle commence à présenter son programme présidentiel. Elle parle de valeurs, elle parle de directions, elle parle de changements. Aucun demi pour cent de baisse des impôts ; ou de tranche de PIB à consacrer à ceci ou cela, non. Elle énonce les principes.

Ces principes, elle va, je pense, les décliner dans les jours et les semaines qui vont suivre. Ecoutez, tendez l’oreille. Entendez une candidate qui joue une partition différente. Qui tient des propos qui sortent du cadre habituel et si vermoulu de la politique classique. Regardez-la vous parler à vous, exprimant ses envies, ses colères, ses révoltes. Dire sa vision de la France.

Pour la première fois, une femme est en mesure de gagner l’élection présidentielle. Elle est de gauche. Elle est différente. Elle est habitée par une vision. Je n’y croyais pas il y a un an. Je le sais ce soir. On peut être pour ou contre elle, mais le procès en incompétence et en défaut de stature est terminé.

Pour la première fois, j’avais devant moi, ce soir, une femme présidente. Et c’était bien. Que cela dure, c’est ce que je veux.

Manuel Atréide


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