Du culte, rien que du culte !
par Voris : compte fermé
vendredi 29 septembre 2006
« Du culte, du culte, du culte ! » Pour parodier la marionnette des Guignols elle-même parodiant Patrick Le Lay de la chaîne TF1. Du culte, en veux-tu en voilà ! Culte de certaines personnalités politiques en vogue, de sportifs, de chanteurs, d’acteurs. Objets cultes, films cultes, spots de publicité cultes. Même le corps est objet de culte. Mais pas l’esprit ! Curieusement... Et les vrais cultes là-dedans ? Et notre principe de laïcité ?
La Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen de 1789 se place,
rappelons-le, « sous les auspices de l’Etre suprême ». Qui est cet «
Etre suprême » ? Nul ne sait. Mais la référence demeure, et le peuple
français est supposé vénérer son culte.
Depuis la loi de 1905 décidant de la séparation de l’Eglise et de
l’Etat, le ministre de l’Intérieur est aussi chargé des cultes. (Il ne
faut pas confondre cette fonction avec celle de « ministre du culte »
qui est une fonction du clergé). Sarkozy se pose même en super ministre
en cette matière, qui affirmait le 19 septembre 2005, être "le ministre de l’Intérieur qui s’est le plus senti ministre des cultes
" ! Il le prouve deux mois plus tard en mettant en place la commission
de réflexion juridique sur les relations des cultes avec les pouvoirs
publics. Présidée par le professeur de Droit Jean-Pierre Machelon,
cette commission vient de rendre son rapport, mercredi 20 septembre
2006, et préconise un « toilettage » de la loi de 1905 ainsi que le
financement public des mosquées. Sarkozy est un homme cohérent et, sans
attendre les conclusions de la commission, il a décidé d’appliquer le
financement public au culte de sa personne dans le cadre de sa campagne
présidentielle.
Nous vivons dans un pays curieux : le ministre des cultes est aussi
l’objet d’un culte par le fait de sa personnalité par ailleurs très
médiatisée. Ces deux fonctions ne seraient-elles pas incompatibles ?
N’est-ce pas là se montrer à la fois juge et partie ? Circonstance
aggravante, l’homme est en plus avocat ! A moins qu’il ne veuille
instaurer une nouvelle forme de Sainte Trinité, je ne vois pas la
raison qui nous ferait tolérer plus longtemps une telle situation. Il
mélange les fonctions, mais il mêle aussi les cultes, à tel point qu’on ne sait plus qui est le culte de qui, de Johnny ou de Sarkozy. «
Un culte pour deux incultes », diraient des esprits espiègles (Dieu sait
qu’il en est par ici).
Bon ! J’ai cité le cas de Sarkozy par ordre protocolaire, mais il en va
de même pour Ségolène qui, depuis sa jeunesse estudiantine en Lorraine,
entretient un culte à Jeanne d’Arc. Observez bien qu’on dit «
Ségolène » et non « Madame Royal » ou « Royal » tout court. N’est-ce
pas la marque d’une adoration particulière ? Lorsqu’ils se
rencontreront sur un plateau de télé, ces deux-là, si cela se produit un
jour, il pourra se créer le dialogue suivant : « - Monsieur vous êtes un culte ! ». Ce à quoi l’interlocuteur répondra (à condition toutefois qu’il entende bien la tournure en deux mots séparés) : « - Madame, vous en êtes un autre ! »
Mais, me direz-vous, qu’est-ce qui me permet d’affirmer avec cette assurance que Royal (Vous aurez remarqué que j’ai dit « Royal »...) et Sarkozy sont de véritables cultes, au sens vrai du terme ? Le culte s’accompagne, selon Wikipedia (oui, j’ai eu la paresse de sortir l’encyclopédie de la bibliothèque), de :
a- création d’images pieuses, icônes ou idoles : les proliférantes apparitions dans les revues dites people attestent ce premier point : Ségolène en bikini par-ci, Nicolas en tongs UMP par-là. Voyez comme j’ai pris soin de dire « Nicolas » pour rétablir l’équilibre ! De Ségolène, on a même dit qu’elle était la « Madone de sondages ». Madone, rendez-vous compte ! Je ferai donc ici l’économie d’une démonstration plus étayée.
b- sacrifices plus ou moins symboliques : et le sacrifice de la jeune agnelle Nolwenn par Ségolène au meeting de Quimperlé sur l’autel médiatique ? Et le sacrifice des juges de Bobigny par Nicolas sorti du bois ?
c- prières et psaumes, hymnes ou chants : bon là, c’est vrai, je pense à sortir mon joker. Mais, tout de même ! Ces chants des sirènes séducteurs chez la belle Ségolène, l’hymne national en fond de politique d’immigration ? Que nos deux candidats cultes prennent garde, cependant. Nous avons assisté cet été à la chute, ou du moins à la fissuration, de deux cultes et non des moindres : celui de Zinédine Zidane (coup de boule) et Günter Grass (Waffen SS tardivement repenti)
A quoi bon une morale à cette histoire ? Je sais très bien que notre société continuera de perpétuer le culte des ségo. (Pardon j’ai dit "Ségo" ? Je voulais dire des "ego"). Alors je serai le Babeuf du XXIe siècle en dénonçant la conspiration des ego...
Méfions-nous des cultes : ils mettent à mal le libre-arbitre. Le citoyen doit croire en lui-même et vivre, et explorer toujours plus en avant car, après tout, il n’y a pas que le culte dans la vie...