Manuel Valls et l’aggiornamento de la gauche en matière de sécurité

par Christian Vanneste
mercredi 8 juillet 2009

Christian Vanneste, député (UMP) du Nord, réplique à une tribune de Manuel Valls, député-maire d’Evry (PS), parue dans Le Figaro au sujet de la sécurité. Il revient également sur la proposition de loi Estrosi visant à lutter contre les violences des groupes.

Il y a un mois, dans les colonnes du Figaro, Manuel VALLS publiait une tribune qui montrait à gauche une nouvelle et bonne volonté en matière de sécurité. Contrairement au faux-pas de Madame AUBRY, à l’encontre de toute la tradition qui voulait qu’à gauche on victimise les délinquants, résistant à une société injuste et qu’on stigmatise les partisans de la vidéosurveillance comme des ennemis de la liberté, le Député-maire d’Évry reprenait la thèse d’Alain BAUER du délinquant, produit de lui-même, osait évoquer la vidéo-protection comme un objet de consensus politique, et allait jusqu’à dénoncer les ratés de la chaîne pénale.

Après avoir lu ce texte, que j’aurais pu cosigner, je n’ai pas été étonné du soutien que le parti socialiste m’a apporté lors de la discussion de la proposition de loi sur les bandes, fin juin. Le groupe socialiste a en effet soutenu trois de mes propositions. La première consistait à raccourcir le délai entre la commission d’un délit et le prononcé de la sanction. La seconde visait à introduire comme peine autonome, et non plus de substitution le Travail d’Intérêt Général, tellement plus adapté pour la délinquance de quartier que la prison saturée et souvent présentée comme l’école du crime. La troisième instituait un délit de harcèlement social afin de rendre possible des sanctions pénales à l’encontre de cette délinquance minuscule, qui à travers l’occupation d’une pelouse, d’un square, d’un parking permet à une bande de s’approprier un territoire et d’y faire régner sa loi. Cette disposition qui vise à protéger des insultes, des menaces, des brimades une population qui doit déjà supporter le bruit, la dégradation de l’environnement et les trafics de tous genres sans rien voir ni protester, est inspirée de la politique de la « vitre brisée » menée à New York par son ancien Maire Rudolph GIULIANI et prolonge le texte sur les halls d’immeuble initié par Nicolas SARKOZY. Le parti socialiste a néanmoins voté cet amendement, comme les deux précédents apportant la démonstration que la sécurité n’est ni de gauche ni de droite, que les bandes doivent être combattues au nom de la liberté des citoyens, qu’elles doivent être éradiquées des quartiers (d’où elles mènent ensuite leur raid) au nom de la tranquillité des habitants.

Le Gouvernement n’a pas approuvé ces amendements, la majorité ne les a pas votés, manquant à cette occasion l’envoi d’un signal essentiel adressé à l’ensemble du pays : face à la violence des bandes, le Parlement unanime droite et gauche confondues propose des solutions de bon sens, fermes, mesurées, et donc efficaces.

Un jeune ne peut comprendre une peine qui lui est infligée un an après la commission des actes.

Il est plus facile de mettre en œuvre un Travail d’Intérêt Général que de construire une cellule de prison. Le premier redonne le sens de l’utilité sociale et ramène le voyou à la banalité du quotidien. La seconde apparaît aux yeux des autres comme un rite d’initiation qui confère un grade supplémentaire quand il n’apporte pas un plus grand savoir-faire.

Il est certes utile de pourchasser ceux qui commettent des agressions au cours des expéditions menées par les bandes auxquelles ils appartiennent. Il est plus utile encore d’empêcher que ces bandes ne se forment et ne prennent conscience de leur pouvoir en leur interdisant de s’approprier un territoire et d’y exercer un pouvoir de nuisance.

J’en appelle aujourd’hui aux membres de la majorité : ne laissez pas passer l’aggiornamento de la gauche en matière de sécurité, car bientôt c’est elle qui pourra nous accuser à juste titre de laxisme et d’inefficacité.

 


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