Les émules de Pinocchio

par C’est Nabum
lundi 6 mars 2023

 

Gouverner par le mensonge

 

Il est un peuple, amateur de gaudrioles, de bons mots et de calembours qui ne dédaignent pas qu'on le mène en bateau, qu'on le conduise par le bout du nez vers des territoires incertains. Est-ce parce que le Roman est né sous ses latitudes, que ce beau pays voue une passion folle pour les menteurs et leurs balivernes ? La chose pourrait prêter à rire si elle ne concernait pas aussi ceux qui sont chargés de conduire les destinées de la nation.

Il est permis de se gausser des vérités alternatives de l'ancien président des États Unis. Il passe pour un fieffé imbécile tandis que ses électeurs ne valent pas tripette pour les concitoyens du pays des droits de l'homme. Jamais, ô grand jamais, un tel homme politique aurait sa place à la tête de notre État. C'est du moins l'avis général de ceux qui ne voient pas la poutre fichée dans leur œil.

Car, voyez-vous, le mensonge dans ce doux pays de France est un moyen avéré, recommandé même de gouverner un peuple qui n'aime rien tant que se faire berner, se laisser bercer par des promesses fallacieuses, des explications oiseuses, des discours truffés d'inexactitudes. C'est la règle du jeu, le discours ne prête jamais à conséquence, il n'engage pas celui qui le profère, le sourire hypocrite aux lèvres.

En la matière, ne cherchez pas à attribuer ce travers à tel camp plutôt qu'un autre. C'est une pratique universelle (puisque cet adjectif semble relevé de la spécificité tricolore) dans la classe politique. Personne n'y échappe sans que quiconque s’en offusque. Nous évoquerons alors la stratégie, le besoin de tromper, l'envie de tordre les opposants par des arguments aussi retors que leurs déclarations.

C'est devenu un jeu de tennis de table, les échanges interminables de menteries s'accompagnent d'insultes, de grimaces, de coups de gueule pour bien montrer que tout ceci n'est que du théâtre, une fort mauvaise pièce du reste, jouée par des acteurs pitoyables. Pourtant, alors que chacun sait la vacuité de cette farce, les braves électeurs continuent de se rendre aux urnes pour choisir entre menteurs celui qui aura malgré tout leur préférence.

On pourrait gagner du temps et de l'argent, tirer à la courte paille ou bien mesurer la longueur du nez du récipiendaire pour désigner celui ou celle qui nous mettra le nez dans la farine durant tout son mandat. Le plus drôle dans cette expression, c'est que dans le même temps, très souvent, pour tenir le coup et l'effroyable charge que l'élu doit endosser, il inhale une toute autre poudre blanche. C'est véritablement hallucinant.

Le plus amusant en l'espèce est l'habitude, la tradition si j'ose écrire, de réagir invariablement de la même manière, quand une presse encore irrévérencieuse, débusque une affaire, une malversation, un loup dans la bergerie. L'accusé, celui qui est pris les doigts dans le pot de confiture ou qui a commis un acte contre la morale, monte sur ces grands chevaux et parfois à la tribune, pour tenir un démenti qu’il qualifie de formel.

Si cela ne suffit pas, le malheureux se drapera avec cette dignité outragée qu'ils feignent tous avec une merveilleuse efficacité dans la si commode présomption d’innocence qui semble ne valoir que pour cette caste d'autant que la justice n'est jamais aussi lente que pour ces gens-là. Le menteur ou pire encore, le délinquant, le harceleur, le fraudeur, le prévaricateur continuera à exercer sa fonction dans cette République exemplaire, unique en Europe.

Quand le mensonge avéré sera motif de démission systématique, nous serons bien en peine de trouver des hommes et des femmes politiques pour entrer dans un gouvernement. Les poules auront alors des dents et le parle ment sera bien silencieux.

À contre-vérité.


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