Arrętez de nous bassiner !

par Michel DROUET
mardi 2 mai 2023

Les risques de pénurie d’eau se profilent. C’est même une réalité dans certaines communes, et l’été n’est pas encore là… Et voilà que se précipitent dans les médias certaines corporations qui anticipent le problème en nous expliquant qu’elles sont prioritaires dans l’utilisation de la ressource, pourtant commune.

Le lobby agroalimentaire

Alors, on pourrait désigner les agriculteurs dont l’action la plus visible est de construire des bassines pour stocker de l’eau puisée dans les nappes phréatiques au détriment des autres consommateurs, mais ce serait trop réducteur et oublieux de ceux qui, en coulisse, les instrumentalisent (l’agroalimentaire), et spéculent sur les marchés mondiaux, le tout sous la houlette d’un syndicat professionnel figé dans ses certitudes qui cogère l’agriculture avec le Ministère du même nom.

Tout est gommé pour nous donner une image la plus lisse possible du système, loin de profiter aux agriculteurs et producteurs, et on n’hésite pas à nous ressortir des poncifs sur les défis de l’agriculture française qui participe à nourrir la planète, mais sans se soucier des méthodes de production ni de la pénurie d’eau qui menace et en ignorant le concept de souveraineté alimentaire pour vendre ou acheter au plus offrant.

Les piscines aussi

Du côté des installateurs de piscines, on se prévaut de 3 millions de réalisations effectives et on agite le chantage à l’emploi (60000 salariés). On argumente sur le fait qu’une piscine ne nécessite que 15 m3 par an, ce qui représente tout de même la consommation de 900000 personnes par an…

Et tous les autres

On pourrait citer également les installations industrielles consommatrices d’eau, telle une usine de viennoiseries dans mon département qui consommera 200000 m3 par an et bien d’autres encore, pas toujours vertueuses et bouffent nos ressources sans vergogne pour exporter leur production

Toujours les mêmes arguments

C’est l’emploi qui est mis en avant et les élus locaux soutiennent bien souvent des projets uniquement pour dire qu’ils travaillent pour leurs concitoyens : c’est bon pour l’économie, l’emploi local, il y aura des retombées sur le commerce local, etc… sauf que, une fois les captages devenus insuffisants pour maintenir l’activité, ces entrepreneurs « désintéressés » n’hésiteront pas à foutre le camp en laissant ceux qui regardent le problème par le petit bout de la lorgnette, seuls devant les problèmes de chômage, d’aides sociales, de fermetures de commerce avec en plus la fermeture de classes dans les écoles

Outre l’emploi, ce sont toujours les mêmes arguments qui sont utilisés pour justifier le discours prioritaire : les foyers qui gaspillent trop pour leurs besoins personnels et sanitaires, l’arrosage des jardins le lavage de la bagnole ou le robinet qui fuit (et il y a des jours où cela s’évapore..). L’autre, toujours l’autre, en opposition à des corporations faussement vertueuses surtout l’agroalimentaire qui consomme déjà 60 % de la ressource et qui verrait bien cette quantité sanctuarisée en demandant, le cas échéant des restrictions pour le petit peuple.

Quand ils auront soutiré la dernière goutte de nos nappes, de nos ruisseaux et de nos rivières, que feront-elles ces bonnes âmes moralisatrices ? Elles se reconvertiront, sous la contrainte, ou iront poursuivre leur business florissant dans des contrées plus humides en laissant notre pays dans un sale état : le robinet des profits doit continuer à cracher.

Tiens, tant qu’on y est, on pourrait proposer aux installateurs de piscines de se reconvertir dans la récupération de l’eau de ruissellement des toits en installant des cuves alimentant les chasses d’eau : ça devrait être dans leurs cordes.

 

Que fait l’Etat pour arbitrer et réguler les usages de l’eau ? Pas grand-chose, de peur de déplaire au business. C’est la politique du chien crevé au fil de l’eau, (tant qu’il y en a…) Prendre une douche tous les deux jours ou mettre des mousseurs aux robinets ne suffira pas.

 


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