L’Association des Jeunes Toulousains Unis dans la Solidarité : Une actualité locale qui met du baume au cœur

par Maud
mardi 4 avril 2017

Comme tous les samedis matin, dans le petit local du 12 rue Gilles Amhiau, à Bagatelle, l’AJ’TUS est en ébullition. Une vingtaine de personnes, pour la majorité des jeunes du quartier, se prépare activement à distribuer du réconfort et une centaine de repas chauds aux sans-abris de Toulouse.

L’AJ’TUS (l’Association des Jeunes Toulousains Unis dans la Solidarité) est née au début du mois de décembre dans le quartier du Mirail. Chaque semaine, elle organise des maraudes citoyennes avec une double mission. Elle lutte, à la fois, contre une pauvreté de plus en plus présente dans les rues de la ville rose, mais aussi contre l’exclusion sociale dont souffre la jeunesse des quartiers populaires. Une association fraternelle et laïque qui invite tous les Toulousains à venir la découvrir à l’occasion d’une kermesse organisée ce lundi de pâque, le 17 avril, à la maison de quartier de Bagatelle.

« L’Union fait la force. La jeunesse de nos quartiers est l’avenir et la diversité de notre société. Montrons-le !! »

L'AJ'TUS

 

Un projet qui repose sur la solidarité

 « On a commencé à trois et à la première maraude, on a fédéré huit personnes » explique Mehdi, ancien intervenant de philosophie au lycée du Mirail et président de l’association. Depuis, l’AJ’TUS ne s’arrête plus. Avec les réseaux sociaux et le bouche à oreille, la petite structure ne cesse de s’agrandir. Aujourd’hui, c’est une trentaine de bénévoles, principalement des jeunes, qui se mobilise pour venir en aide aux oubliés de la société. A les voir s’organiser tous ensemble, il n’y a pas de doute, l’élan de solidarité est lancé.

Des repas chauds (plat, pain, bouteille d’eau, dessert) sont distribués tous les samedis midis. Un rendez-vous hebdomadaire rendu possible grâce à la générosité du quartier. Sans subvention, l’association a pu compter sur l’entraide des commerçants pour naître et se développer. Aujourd’hui son indépendance la met en difficulté. Elle lance donc un appel aux dons et prévoit d’organiser des rencontres, telle que la kermesse du 17 avril, afin de créer des liens de solidarité pour une population atomisée.

L’émergence d’une citoyenneté active.

Si l’AJ’TUS est fraternelle, elle met aussi en lumière une jeunesse qui a soif d’expression citoyenne. Le cheminement de l’association dépasse le cadre des maraudes. Mehdi a claqué la porte de l’éducation nationale, révolté de la façon dont l’administration stigmatisait de jeunes citoyens, du fait de leurs adresses, cultures ou croyances. Mais témoin de leur engagement politique, celui d’Aristote et d’Arendt, celui de la participation publique et désintéressée, aidé par ses anciens élèves, il a donc choisi de construire ce projet humaniste et fédérateur.

 L’organisation est horizontale et responsabilise tout le monde. Il s’agit de « construire le projet avec eux », pour les amener à se réapproprier une place sociale et pourquoi pas un horizon professionnel qu’ils avaient perdu de vue à force d’exclusions. C’est dans cette perspective que l’AJ’TUS évolue et se pérennise. Pour Mehdi, l’objectif est de tendre vers un centre médico-social porteur d’aide et d’échange. Il travaille notamment à des partenariats avec le centre de formation APSEM ou encore l’intégration des services civiques.

Une structure laïque qui prend en compte la liberté religieuse

Sous l’impulsion de cette initiative de solidarité et à côté de l’engagement citoyen, il y a aussi la religion. Depuis les attentats de Charlie Hebdo, le climat est délétère envers les musulmans de France, mais l’AJ’TUS est un formidable exemple des initiatives qui animent la vie des quartiers populaires. Dans cette association, si la plupart sont musulmans, tous les bénévoles ont cependant à cœur la véritable laïcité. Celle qui donne à chacun la possibilité de croire ou de ne pas croire et de l’exprimer comme il le souhaite.

N’en déplaise à ceux qui voudraient la laisser de l’autre côté du périphérique toulousain, la jeunesse musulmane pousse les murs, pour enfin être reconnue comme citoyenne. L’AJ’TUS est un projet de réappropriation de l’espace public par tous et de réparation des fractures sociales pour tous, dans lequel la religion a joué un rôle éthique. L’aumône fait partie des cinq piliers de l’Islam, explique Mehdi. Alors « faite en ce que vous voulez, dit-il, mais sans ces valeurs, cette jeunesse ne serait pas là. »


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