Sauvons l’artichaut

par C’est Nabum
mardi 7 mai 2024

 

La flamme botanique.

 

Tandis que tous ceux qui courent après la notoriété ou leur quart d'heure de célébrité vont parcourir le pays portant une torche à bout de bras, un cardon dressé fièrement au bout d'une longue tige : un artichaut pointe ses feuilles vers un ciel de moins en moins clément pour lui. Plutôt que de se coltiner un coûteux produit industriel issu des fonderies d'ArcelorMittal, il eut été plus opportun de brandir fièrement un légume pour honorer les dieux de l'Olympe.

On me rétorquera que le temps de cuisson de l'artichaut en pleine crise énergétique lui vaut certainement ce terrible désamour dans la population. Il est vrai que la vapeur n'attend pas le nombre des damnés qui s'illustreront avec une flamme dont le coût carbone n'a rien à voir avec ce modeste inconvénient.

Le bel Asteraceae dont le nom est une étoile avant même de monter sur le podium est de la famille des dicotylédones, ces plantes qui illustrent à merveille l'esprit sportif puisqu'elles possèdent des fleurs qui sont en réalité des « composés » de fleurs minuscules, réunies en inflorescences appelées capitules. C'est donc leur union qui fait leur force, on ne peut plus beau symbole.

Mais revenons à notre artichaut qui n'est plus très bien dans son assiette. Celui que Coluche a prétendu le légume des pauvres pour sa propension à produire plus de déchets une fois mangé qu'au début de sa consommation est victime de la guerre faite aux ordures ménagères. Son volume après le repas mettrait en danger vos poubelles bien plus que les innombrables boîtes alimentaires qui dégueulent de celles-ci.

En poussant la réflexion plus avant, il est permis d'affirmer que le malheureux exige beaucoup de temps pour le déguster par petites bouchées en effeuillant le délicat réceptacle charnu entouré de bractées, ces tendres pièces florales en forme de feuille : la partie comestible du délicieux légume. Comment rivaliser avec ces produits infâmes de l'industrie agroalimentaire qui se dévorent vite et sans plaisir ? Le combat est inégal.

Puis, l'effeuillage achevé le cœur pourrait vous tendre sa succulente chair mais il faut pour cela se débarrasser des poils qui l'enserrent et rebutent les tenants du tout prêt. Pourtant, quel bonheur pour qui parvient jusque-là d'autant que bien des sauces peuvent le mettre à l'honneur. Hélas, une fois encore, il convient de les préparer avec amour, ce qui est au-dessus des compétences de nos bâfreurs du quotidien.

Devant tant de handicaps, l'artichaut se morfond dans les étals, repoussé par la grande majorité des chalands qui voient en lui le paradigme de l’archaïsme alimentaire. Il est repoussé, rejeté, ignoré tant et si bien que les producteurs finissent par se détourner d'une culture qui ne nourrit pas son jardinier. Le mouvement s’amplifiant, le légume lui-même est en voie de disparition et j'entends ici mener un combat d'arrière-garde pour le défendre en compagnie de ses cousins : la carde ou le cardon ainsi que les artichauts voyageurs qui nous viennent de Jérusalem (le topinambour), des Indes (la patate douce), d'Espagne ou d'Israël (le pâtisson).

Réagissez et lors de votre prochain marché, précipitez-vous auprès des derniers producteurs pour leur redonner le sourire tout en redorant le blason de l'artichaut que vous le mangiez à la crème ou en vinaigrette, cru lorsqu'il est violet ou cuit à la vapeur ou avec de multiples recettes que je vous invite à découvrir. Voilà bien un combat qui vous coûtera bien moins cher que le passage de la torche dans votre commune.

Et puis n'oubliez pas qu'il constitue un excellent légume pour la santé. Que ce soit pour le cœur, pour le système digestif, pour le foie, ou pour le cholestérol, l’artichaut est un légume idéal pour garantir le bon fonctionnement de l’organisme. S’il est si bon pour la santé, c’est notamment parce qu’il est une véritable source de potassium. Idéal pour retrouver sa vitalité et son énergie il est détoxifiant, diurétique et un allié minceur. Alors pourquoi hésiter encore ?


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