Le Traditionalisme Catholique, dernière boussole de l’Occident ?

par William Kergroach
samedi 1er juillet 2023

Comment le traditionalisme catholique a-t-il survécu au naufrage de l'Église romaine ? En rejetant les réformes suicidaires du concile Vatican II. Le catholicisme réel puise ses racines dans deux mille ans d'histoire et de philosophie. C'est l'outil intellectuel le plus abouti, avec la pensée gréco-romaine, de l'Occident. Il pourrait aider bien des gens dans cette société dénuée de sens. Les arguments avancés par les traditionalistes, s'ils étaient connus, inviteraient, a minima, à une réflexion salutaire sur les raisons du déclin vertigineux des sociétés matérialistes. 

Ce catholicisme "historique" a résisté aux invasions musulmanes, aux révolutions du passé et reste la seule doctrine opposable à l'Islam et à tous les révolutionnaires à venir. On ne combat une religion ou une philosophie politique qu'avec des arguments doctrinaux solides. 

Des priorités différentes

Depuis le Concile Vatican II, qui s'est tenu entre 1962 et 1965, l'Église catholique a été le laboratoire d'idéologies gauchisantes qui ont conduit Rome à son naufrage mondial. Les Protestants, talons d'Achille de la chrétienté, ont voulu ces réformes, les catholiques de la Tradition, souvent mieux formés doctrinalement, y ont résisté farouchement quand l'ensemble des chrétiens d'alors s'engageaient sur la pente savonneuse. C'est ainsi qu'est né le mouvement traditionaliste catholique, animé par un profond attachement à la messe tridentine et à l'enseignement millénaire des pères de l'Église.

Au-delà de la théologie, les traditionalistes ont rapidement compris que les orientations prises lors du Concile, présentées comme des ajustements nécessaires à la vie moderne, avaient pour but de détruire l'Église, en diluant son enseignement et en relâchant la discipline qui lui avait permis de traverser les siècles. Les faits ont donné raison aux traditionalistes. Les fidèles ont fui les églises, le jésuite François célèbre la messe dans une cathédrale Saint Pierre vidée de ses ouailles et ses paroles ne diffèrent plus en rien de celles de son patron, Klaus Schwab, le grand-prêtre du Nouvel Ordre Mondial. 

Caricaturés par les journalistes, humiliés par les administrations "républicaines" aux ordres des loges maçonniques, les traditionalistes ne cherchent toujours pas à séduire le monde. Ils restent fidèles aux enseignements de Jésus et cela leur suffit. La musique sacrée fait encore vibrer les murs de leurs églises ; les magnifiques chants grégoriens continuent de faire frissonner l'échine de ceux qui ont la chance de les entendre. Les rituels et les vêtements, fastueux, ajoutent à la grandeur de Dieu. Tous ces "gadgets", à nos yeux, incarnent la connexion entre le divin et l'humain, entre le sacré et le profane. Ils sont des moyens de transcender le monde matériel et de se rapprocher de Dieu. Quand M. Tout le monde court bronzer à la plage, le dimanche matin, ou travaille pour se payer sa nouvelle bagnole, les catholiques vont à la rencontre de Dieu, à l'Église, et méditent sur le sens de leur vie...

Pas vraiment branchés les Traditionalistes

Certes, le catholicisme de tradition est moins "cool" que nombre de têtes à claques "branchées" et ricanantes qui influencent nos sociétés. On ne pratique pas le rire cynique ou le dîner de cons à la table de Dieu. Les milieux traditionalistes supportent trop souvent, sans doute, le cléricalisme des prêtres et les excès de pouvoir de quelques Savonarole, inévitables dans le conformisme exacerbé d'un groupe marginalisé. On a tendance à jeter trop facilement l'anathème sur la musique moderne. Les détracteurs des Traditionalistes ont sans doute de bonnes raisons personnelles de combattre aujourd'hui les intégrismes religieux. Oui, il y a des abus parmi les familles de pratiquants ; oui, des prêtres agissent parfois comme des tyranneaux avec leurs ouailles et sont, pour certains, anormalement "proches" des enfants. Mais les pédophiles ne sont pas que dans l'Église, les journalistes s'attardent simplement moins sur les professeurs des écoles...

Du coup, peu savent combien de saints hommes et femmes éclairent ces communautés religieuses, apportant un peu de réconfort aux âmes fracassées qui poussent régulièrement la porte des églises ? Quittez votre télé ou votre téléphone et poussez la porte d'une église, lors d'une messe, un soir de semaine en hiver, vous comprendrez la réalité de nos sociétés.

Le regard que portent les Traditionalistes sur nous

Nous sommes tellement habitués à rigoler de ces "culs-bénis" que nous oublions de prendre le recul nécessaire pour nous remettre nous-mêmes en question. Comment nous voient ces traditionalistes dont nous nous gaussons ? Sont-ils impressionnés par l'élévation spirituelle et intellectuelle de notre société de l'écran-roi ? Sont-ils envieux de nos familles "recomposées", des divorces qui deviennent la norme de nos unions capricieuses ? Ils observent, comme nous pouvons tous le faire, le délitement d'une société livrée à la violence gratuite, à l'abrutissement intellectuel des masses, aux racailles sans foi ni loi, aux programmes de divertissement vulgaires et embarrassants. Ils voient l'école publique se faire un devoir d'enseigner la fellation aux gamins du primaire et accueillir des hommes outrageusement maquillés qui racontent leurs vies déglinguées comme des normes. Souvent, ils s'abstiennent de juger, laissant le jugement à Dieu, mais en tirent les conséquences pour eux et leurs enfants, au grand dam des inspecteurs d'académie. La tradition catholique est le dernier rempart de l'Occident, et l'Occident le démolit avec acharnement ou l'ignore en rigolant.

Querelles Internes du Mouvement Traditionaliste

Au sein du mouvement traditionaliste, on observe diverses querelles qui témoignent de la complexité de ce courant. Parmi les principaux groupes, on trouve les Sédévacantistes, qui contestent la légitimité des papes depuis Vatican II et considèrent que le siège de Rome est vacant. Ils rejettent, peut-être avec raison, l'autorité du Saint-Siège et se considèrent, en tout cas, comme les seuls véritables gardiens de la tradition catholique.

Un autre groupe majeur est la Fraternité Saint-Pie X, fondée par Mgr Marcel Lefebvre en 1970. Cette fraternité s'oppose également aux réformes de Vatican II, mais conserve une reconnaissance canonique partielle par le Saint-Siège. Elle entretient une relation complexe avec l'Église, tiraillée entre la volonté de certains de ses dirigeants de rejoindre Rome et l'intransigeance de sa base (et de ses "soeurs...).

Enfin, la Fraternité Saint-Pierre, créée en 1988, est une communauté de prêtres traditionalistes qui fait officiellement partie de l'Église. Même si ce n'est pas simple tous les jours d'avaler les couleuvres des dérives mondialistes de François, les Saint-Pierristes célèbrent la messe traditionnelle selon le rite latin et promeuvent la liturgie pré conciliaire tout en reconnaissant, factuellement tout au moins, le bien-fondé des réformes de Vatican II. Sociologiquement, Saint-Pierre rassemble plus de familles bourgeoises aisées, plus sensibles à la mondanité et au regard de la société laïque et médiatique sur leur pratique religieuse.

Ces divisions, inhérentes à la nature humaine, sont relativement superficielles et les passerelles, discrètes, existent entre ces groupes. Souvent, au sein d'une même famille, on fréquente l'un ou l'autre, ou l'un et l'autre de ces mouvances, au gré des déplacements et des accommodements de chacun. Aux yeux de Dieu, tous ces courants sont autant de ruisseaux qui prennent leur source dans la bible, dans les écrits des Pères de l'Église, dans le désir de trouver un peu de transcendance à la sécheresse d'un monde occidental perdu...

Pertinence des arguments traditionalistes

Les arguments des traditionalistes trouvent écho dans les probables préoccupations de nombre d'Occidentaux aujourd'hui. Ils expriment leur attachement à des valeurs morales, à la culture occidentale, dans une société souvent marquée par l'individualisme, la relativisation des valeurs et l'effritement des repères culturels.

Les traditionalistes expriment leur besoin de transcendance, de beauté et de sacralité, et s'attachent à une expérience spirituelle profonde dans un monde souvent dépourvu de sens.

Certes, on peut souligner, avec raison, les risques inhérents à un mouvement traditionaliste, parfois enclin au repli face à une société en déclin. Les excès de zèle des "intégristes" répondent aux excès de la culture de gauche qui monopolise nos discours publics et imposent des tabous intellectuels illégitimes. Certes, on peut souligner, avec raison, les risques inhérents à un mouvement traditionaliste, parfois enclin au repli face à une société en déclin. Indéniablement, la marginalisation médiatique du mouvement dans la société limite son influence et sa capacité à faire connaître sereinement sa démarche.

La solution serait de trouver un équilibre entre les enseignements de deux mille ans de catholicisme, la préservation de la tradition et l'ouverture apaisée aux réalités de nos sociétés post-révolutionnaires.

Le mouvement traditionaliste catholique aurait bien des choses à nous apprendre. Il soulève des questions pertinentes et apporte des réponses profondes qui mériteraient, au moins, d'être méditées. Mais il faut croire que la Terreur révolutionnaire contrôle toujours et encore notre société. Dieu, chez les Chrétiens, est devenu tabou. On se tourne vers les enseignements religieux les plus exotiques. Nos jeunes se mettent du Khôl aux yeux et vont combattre l'infidèle en Syrie, on improvise avec un gourou du New Age, on chevauche les balais Wicca de la sorcellerie... Tout est acceptable, sauf ce qui a construit l'Occident et constitue son patrimoine intellectuel et philosophique. Il y a une véritable maladie de l'Occident. Certains on parlé du SIDA mental, d'autres du suicide de l'Occident. Aujourd'hui, ces derniers traditionalistes s'accrochent aux enseignements des pères de l'Église. Ils attendent que s'accomplissent les prophéties. Pour l'éclipse de Rome, la désagrégation des mœurs, les unions contre-nature, le climat montant de guerre civile, c'est déjà fait. Restent l'Apocalypse, le règne de l'Antéchrist, le retour du Messie, etc. Les Catholiques ont-ils tort de croire à cela ? Il sera toujours trop tard pour le découvrir.


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