Infarctus : réparer au lieu de soigner

par ÇaDérange
lundi 26 septembre 2005

La médecine soigne, mais en général ne répare pas, au sens où votre garagiste répare telle ou telle pièce de votre voiture qui est usée. Il existe quelques cas de réparation, comme les remplacements et greffes d’organe, mais dans la très vaste majorité des cas on ne peut que soigner un organe malade qui reprend du service mais pas nécessairement avec la totalité de ses performances initiales. C’est particulièrement vrai dans le cas du cœur qui reste une des causes majeures de notre mortalité

C’est pourquoi je voulais signaler à votre attention les travaux récents de chercheurs français de Paris et de Montpellier publiés dans la grande revue médicale anglaise The Lancet. Ils ont en effet obtenu, par la greffe de cellules souches embryonnaires de souris sur des moutons atteints d’infarctus, une restauration très largement améliorée des capacités mécaniques de ce muscle vital qu’est le cœur.

L’infarctus est le bouchage brutal d’une artère du cœur, qui entraîne la sclérose du muscle cardiaque, qui, de ce fait, perd une partie de ses performances mécaniques. Il devient moins puissant dans ses contractions pour faire circuler le sang dans notre réseau artériel. La médecine soigne la cause du mal, tension artérielle élevée, cholestérol élevé ou autre, pour éviter qu’un deuxième infarctus ne se produise. Mais elle laisse le corps réparer lui-même, autant que faire se peut, les dégâts au muscle cardiaque. Après un infarctus sévère, on se trouve donc avec une insuffisance cardiaque plus ou moins grave.

Les travaux dont je vous parle ont consisté à injecter des cellules souches embryonnaires de souris transformées in vivo en cellules myocardiaques dans le muscle cardiaque de moutons, et à observer ce qui s’y passe. Ils ont pu constater que lesdites cellules se sont bien transformées en cellules cardiaques fonctionnelles, et qu’au bout d’un certain temps, les capacités de contractilité cardiaque et d’éjection du sang s’étaient améliorées, alors que dans les moutons témoins, elles avaient au contraire régressé. En d’autres termes, le cœur avait été réparé !

Cette expérience ouvre bien entendu des perspectives brillantes à cette technique. Félicitons donc cette équipe française pour cette avancée significative dans le traitement de l’infarctus.

Signalons que cette expérience a été rendue possible par la récente libéralisation de l’utilisation de cellules sources, dans des conditions très contrôlées, pour la recherche. Les cellules sources embryonnaires sont ces cellules aux fonctions indifférenciées, que l’on peut transformer à la demande en telle ou telle cellule fonctionnelle, et qui représentent de ce fait une grande avancée pour la médecine moderne. Or, du fait du principe de précaution et des états d’âme de certains politiques et philosophes, la France avait pris du retard par rapport aux autres pays dans les possibilités de travailler sur ces cellules. Un exemple qui montre que le principe de précaution, poussé trop loin, peut être finalement contre-productif..


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