Produits naturels : le marketing nous intoxique !

par alaroz
mardi 20 septembre 2005

Dans le Monde Merveilleux du Marketing, l’Homme a réussi à fusionner avec la Nature et à renouer avec les meilleures traditions, tout en continuant à bénéficier des dernières technologies industrielles.

Promenons-nous dans les allées d’un supermarché : les rayons regorgent de produits "écologiques", avec des appellations qui évoquent la campagne et les traditions saines, dans des emballages où domine la couleur verte, couverts d’images et de noms d’ingrédients "naturels".

Regardez ce yaourt, par exemple : il a l’air très naturel, et en plus c’est écrit "BIO" dessus en très gros.
Et ces lessives estampillées "au savon de Marseille", et tous ces produits nettoyants qui fleurent bon la lavande, le pin, l’eucalyptus ou le citron vert...
Et ce beau rayon cosmétiques rempli de produits aux extraits naturels de plantes...

C’est magnifique, tous ces produits naturels, écologiques, fabriqués avec les bonnes vieilles recettes traditionnelles (mais possédant en même temps des performances hautement technologiques), et respectant l’homme et la Nature...

Pourtant, tout n’est peut-être pas si rose (ou si vert).

Il faut savoir, par exemple, que le yaourt "Bio" de Danone n’est pas bio, pas plus que le "Bioplait" de Yoplait.

Plus grave : selon les tests de l’UFC-Que Choisir (voir le communiqué "Nettoyer nuit gravement à la santé" du 26/10/2004), les deux nettoyants multi-usages Ajax et Saint-Marc "au savon de Marseille" nous font respirer du formaldéhyde, un gaz très irritant pour le système respiratoire et classé "cancérigène certain" par le Centre International de Recherche sur le Cancer.

Sur la page de présentation de la marque Garnier du site L’Oréal, le mot "nature" et ses dérivés apparaissent 6 fois en seulement quelques lignes : à croire ce discours marketing, ces produits sont inspirés par la nature, ils contiennent essentiellement des ingrédients naturels. Pourtant, en lisant (avec une loupe) la composition de ces produits au dos des flacons, les termes évoquent plus l’industrie chimique que la Nature.

Dans une publicité télévisée, la marque Yves Rocher, qui s’efforce de se forger une bonne image d’amie de la Nature, évoque les propriétés régénérescentes de l’acacia, suggérant ainsi que ses produits contiennent des substances naturellement bénéfiques.
A la télévision toujours, dans un reportage sur les ingrédients des cosmétiques (France 2, Envoyé spécial du 3 mars 2005), une journaliste demande à des responsables de chez Yves Rocher quel est le pourcentage d’ingrédients bio dans leur produit nommé "Biospecific". Ses interlocuteurs sont incapables de répondre, ni d’indiquer, même vaguement, la proportion d’ingrédients bio ou naturels dans aucun de leurs produits.

Un petit tour sur Vigitox nous confirme dans l’idée que ces grandes marques, qui se donnent une image très "Nature", ne garantissent absolument pas l’absence de produits toxiques (Muscs artificiels, Phthalates, Alkyphénols...)

On pourrait multiplier les exemples de produits cosmétiques aux essences de plantes qui contiennent surtout des dérivés pétroliers. Un article a déjà été consacré aux cosmétiques sur Agoravox : Du poison dans nos cosmétiques.
Le site de la télévision suisse romande propose un article sur le même sujet : "Cosmétiques : la Chimie dans la peau"

Ces composants peuvent, selon les cas, provoquer des réactions d’intolérance et des allergies, augmenter les risques de cancer, attaquer le cerveau ou le système nerveux...
Pour y voir plus clair dans cette liste aux noms souvent obscurs pour un non-chimiste, le site "Beaute-test" propose un tableau des composants avec leurs effets possibles.

Quant au bidonnage marketing, il est admirablement décrit dans cet article : "Dans la jungle des cosmétiques pseudo-naturels".

Alors, que faire ? Passer un doctorat de chimie et un doctorat de biologie avant d’aller faire ses courses ?
Il existe d’autres pistes :

D’abord, ne pas se laisser abuser par l’intox publicitaire et marketing.
Juger par soi-même, en regardant la composition des produits, et se méfier des polluants tels que les phosphates (dans les lessives pour lave-linge et les produits pour lave-vaisselle), les solvants (dans les produits d’entretien pour sols, les colles, peintures, vernis...), les parabens, les phénoxyéthanol, les sels d’aluminium (dans les cosmétiques), le formaldéhyde (produits ménagers), les PEG ou polyéthylène glycols (dans les gels douche et shampooings)...

S’informer, auprès des associations qui ne sont pas liées aux groupes industriels, comme Que Choisir, Nature et Progrès...
Choisir des produits vraiment naturels, garantis par un label délivré par un organisme reconnu, comme ECOCERT qui certifie les produits bio, mais aussi les cosmétiques naturels.
Se limiter à des fabricants proposant de vrais produits naturels : Ecover pour les produits ménagers, Weleda ou Logona pour les cosmétiques, et bien d’autres...
Faire ses courses dans un point de vente spécialisé dans le bio et les produits naturels, comme les magasins des réseaux Biocoop, Satoriz, ou La vie claire.

On peut aussi se tourner vers les alternatives aux produits industriels : se laver au savon de Marseille, laver son linge avec des noix de lavage indiennes, faire son ménage au vinaigre blanc, à l’alcool...
Pour en savoir plus, voir "Ecologie : Le ménage" sur le site de France 5.
Enfin, pour une synthèse de conseils sur les gestes quotidiens à faire pour éviter les produits toxiques et respecter l’environnement, le canton de Genève édite un document très intéressant : ecogestes.

Finalement, avec un peu d’efforts, il est possible de réagir pour ne pas se laisser intoxiquer par des méthodes marketing douteuses.


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