Marre du sociétal !

par Robert GIL
jeudi 4 avril 2024

J’aime assez la position du parti bolchevique, après la révolution de 1917 : « les comportements sexuels relèvent de la sphère privée, et donc ne doivent être ni sanctionnés, ni réglementés, tant qu’ils ne nuisent pas à autrui ».

Depuis des années, trop d’années, on assiste à des mobilisations pour ce qui est dénommé par « sociétal », au détriment du social. Le sociétal répond souvent à une émotion, à ce que l’on considère comme une évidence ou comme juste, sans pour autant s’engager politiquement. Nombreuses de ses luttes sont trans-politiques et donc font consensus. La mobilisation « je suis Charlie » ou le tintamarre de casseroles, les soirs à 20H pendant le Covid, pour soutenir les soignants en sont un bon exemple.

Pour « Charlie », je travaillais encore, et j’ai vu des personnes qui ne s’étaient jamais mobilisées, qui ne s’étaient jamais engagées à défendre quoi que ce soit, ni qui que ce soit, être soudain super remontées, à juste titre, contre ce qui venait de se passer, et condamnaient ces attaques, mais sans en analyser les causes. Elles ont donc pour beaucoup participé à la manifestation parisienne en présence de politiques, du secrétaire général de l’Otan, des envoyés du Qatar et d’Arabie Saoudite… c’est-à-dire de toutes les personnes qui avaient des responsabilités dans l’extension du terrorisme ! Quant au tintamarre de casseroles pendant le Covid, dans mon immeuble c’était devenu une habitude à 20H tapante. De nombreuses personnes y participaient… Quand, à la fin du Covid, les soignants ont organisé des mobilisations pour les soutenir, eux et l’hôpital, je n’y ai vu aucun de mes voisins !

Un mouvement sociétal qui a le vent en poupe, c’est la lutte en faveur du mouvement LGBT. Il y a quelques temps, j’avais vu que la banque mondiale (ou le FMI) avait refusé un prêt à l’Ouganda parce qu’il n’avait pas pris des mesures en faveur des LGBT. Je ne me souviens pas que les mêmes organismes aient refusé un prêt à un pays car celui-ci n’avait pas pris des mesures en faveur de la santé, de l’éducation, ou de la libération des prisonniers politiques par exemple. Les lobbys LGBT sont très actifs, mais je crois que ceux qui les dirigent, sont principalement, il me semble, des « bobo-intello-parisiens » du show-biz et des médias. Ne nous y trompons pas, pour ces personnes, le fait que des homos se fassent casser la gueule dans des quartiers populaires est très loin de leurs préoccupations. Je doute que dans ces lobbys il y ait une grande partie qui se batte pour une société socialement plus juste. D’autre part, que les vampires du FMI ou de La Banque Mondiale soutiennent à ce point le mouvement LGBT pose question. Pour que l’on montre du doigt un pays qui ne défend pas les LGBT, comme si c’était le problème le plus urgent du moment, est suspect. Dans le monde, le mouvement LGBT est composé en général de jeunes qui ne sont pas, ou très peu, politisés, préoccupés par leur situation et donc, souvent critiques avec les gouvernements de leur pays. Quoi de plus facile pour des services de renseignement étrangers que d’infiltrer des mouvements sociétaux non politisés pour préparer des révolutions de couleurs ? Quoi de plus facile d’en faire la « pub » dans les journaux, ici, en occident, et de mobiliser à l’étranger via les réseaux sociaux ? Au lendemain de la réélection de Poutine de nombreux journaux ont ressorti de vieux articles sur la condition des LGBT en Russie… bizarre !

En France il y a 7 millions de chômeurs et 11 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté, et les conditions vont être de plus en plus difficiles pour les plus fragiles. Quand je discute avec des personnes, c’est cela qui les inquiètent, pas les droits des LGBT. Quand j’étais au NPA, des personnes passaient nous voir et certaines assistaient à nos réunions ; le problème c’est que les débats tournaient sans cesse autour des réseaux éducation sans frontières, les migrants, la Palestine, le féminisme, l’écologie, les sans-papiers… c’est sympa, mais les gens qui venaient nous voir voulaient parler de leurs problèmes, ils voulaient du concret, ils voulaient qu’on les écoute. Il arrivait que les plus courageux viennent une deuxième fois, et comme rien ne changeait, on ne les revoyait plus. Je crois que parmi ces personnes, nombreux sont ceux qui se sont retrouvés avec les Gilets Jaunes. Il est grand temps de recentrer le débat et de définir des priorités. Parler chômage, travail, santé, logement… les sujets sont suffisamment nombreux. Ce n’est pas en se focalisant sur les problèmes sociétaux, en compagnie d’autres partis politiques qui soutiennent le système économique marchand tel qu’il est, que l’on changera quoi que ce soit dans le modèle de société. Les lobbys LGBT se suffisent à eux même et ont suffisamment d’entrées dans les milieux politiques et médiatiques pour défendre leur cause. Le mouvement contre les discriminations LGBT ne remettra pas en cause la société capitaliste, il s’occupera exclusivement de la visibilité et de la promotion des personnes LGBT dans les médias, la sphère publique et politique.

La lutte contre les discriminations sexuelles est directement liée à la lutte des classes. De nombreuses personnes LGBT sont des salariés, des jeunes, des travailleurs précaires ou des chômeurs, qui en plus d’être exploités sur leur lieu de travail, subissent une oppression liée à leur identité ou leur orientation sexuelle. Dans les deux cas, l’ennemi est le même. Comme le racisme ou le sexisme, les préjugés homophobes sont aussi entretenus par la classe dirigeante pour diviser la population. Prétendre que ces deux fronts de lutte doivent être séparés, que l’on peut se contenter de faire du sociétal sans s’intéresser à la lutte des classes, c’est faire le jeu de ceux qui nous exploitent, quelle que soit notre couleur de peau ou notre orientation sexuelle. Défendre toute mesure sociétale sans se revendiquer de la lutte des classes est contreproductif. Défiler avec des personnalités médiatiques ou politiques de droite, voire plus, décrédibilise les militants et les mouvements qui mélangent des repères et des frontières de plus en plus ténus. Ce genre de mobilisation ne changera pas grand-chose à la situation des pauvres qui sont discriminés, elle sera seulement profitable pour la petite couche supérieure qui n’a aucune solidarité avec le reste du mouvement qui lui est socialement inférieur. Je suis pour que chacun de nous puisse vivre librement et pleinement sa vie sexuelle et amoureuse, ce qui me gêne, c’est que les médias essayent de faire passer certains comportements comme la norme, et comme les médias ne font rien par hasard… quel est le but ?

https://2ccr.wordpress.com/


Lire l'article complet, et les commentaires