Un plan contre le Harcèlement

 

L'arroseur arrosé …

 

Les drames succédant aux drames, le phénomène ne cessant de prendre de l'ampleur, la caisse de résonance médiatique contraint le pouvoir à sortir de sa torpeur pour, comme à son habitude, proposer un plan d'action ou bien de lutte contre le phénomène du harcèlement scolaire. Il est normal que devant la gravité de cette vague de fond qui submerge notre jeunesse, des décisions soient prises, nous ne pouvons que nous en féliciter tout en soulignant pourtant que ce pouvoir notamment, est fort mal placé pour agir contre cette véritable plaie.

Le harcèlement scolaire est consubstantiel à l'idéologie que défend le pouvoir qui entend juguler le phénomène. Il n'est pas possible d'être aussi mal placé que ces farouches libéraux, défenseurs du consumérisme à outrance, de la publicité souveraine et du marketing outrancier. Cette société qu'ils appellent de leurs vœux est la principale responsable d'une lame de fond qui détruit notre jeunesse, la pervertit tout en pourrissant véritablement les relations entre pairs.

Le collège notamment est devenu la place forte de la dictature de la norme. La mode, la tendance, les influenceurs, règnent en maître absolu sur ces proies faciles qui feront les grands bénéfices des marques. Le monde numérique a su jeter ses rets sur des cibles dont le libre arbitre et la raison ne sont pas en mesure de répondre au rouleau compresseur d'une pensée abjecte. Il faut avoir ce que les autres ont, paraître et suivre le troupeau au risque de tomber sous la curée pour qui sort du lot.

Le Capitalisme dans sa version néo-libérale défendue par Macron et sa clique de jeunes loups prédateurs est totalement responsable de cette volonté de faire de l'enfant et l'adolescent le prescripteur des dépenses les plus absurdes, les moins nécessaires à la famille, les plus futiles mais aussi les plus onéreuses. Le fameux portable, source de tous les maux ou presque, en est le plus fameux exemple. Malheur aux parents qui se refusent à offrir cet objet de l'asservissement futur de leurs rejetons ! Honte à ceux qui ne choisissent pas les modèles les plus luxueux.

Ce pouvoir, incapable d'interdire le portable à l'école pour entretenir le conditionnement des masses juvéniles par leurs amis des grands groupes industriels, doit désormais donner à croire qu'il va prendre le problème à bras le corps sans rien toucher à ce qui fonde sa politique de la béatification systématique des individus. Il n'est qu'à voir les questions débiles lors des rencontres sportives pour des gains astronomiques.

Abrutir pour gouverner messieurs et mesdames du pouvoir a un corollaire qu'on nomme Harcèlement. Car le pauvre bougre qui sort du lot, par son physique, sa vêture, sa pauvreté, son apparence, celui ou celle qui ne peut passer son temps à se photographier, se filmer, raconter ses sorties et ses dépenses, finira par tomber sous les coups sournois des futurs souteneurs de ce système économique mortifère.

Curieusement c'est à ce pouvoir de l'argent, de l'apparence, du mépris que l'on demande de lutter contre ce qui est au plus profond de son logiciel de pensée. Les meilleurs élèves des Grandes Écoles ou des Écoles de Commerce ont du reste passé leurs études en bizutages hideux, en éliminant ceux qui étaient différents, en humiliant les subalternes pour enfin parvenir au sommet du pouvoir. Peut-on leur faire confiance pour comprendre et réfuter les rouages de cette terrifiante mécanique qui les a distingués ?

Lutter contre le Harcèlement c'est repenser totalement le système économique et tous les rouages de sa domination. Croyez-vous que ce puisse être le paradigme de la chose : notre pétillant ministre Attal qui puisse se tirer une balle dans le pied qui lui sert à enfoncer ses petits camarades pour un jour devenir calife à la place du calife ?

À contre-sens.