Le CPE de Grégory Coupet

par Chem ASSAYAG
mardi 28 février 2006

Grégory Coupet, à 33 ans, a largement dépassé l’âge limite du contrat première embauche (CPE), mais sans le savoir, il expérimente lui aussi la période d’essai de 2 ans. Une spécificité française ?

A ma droite, Grégory Coupet, gardien titulaire de l’Olympique lyonnais, équipe sans rivale dans l’hexagone depuis plusieurs saisons, désormais valeur (très) sûre au niveau continental et club certainement en route vers un cinquième titre de champion de France d’affilée. Dans ce contexte, il a montré qu’il est sans doute l’un des meilleurs gardiens européens depuis plusieurs saisons. Par ailleurs, il fait partie de ces joueurs au comportement irréprochable -sur et en dehors du terrain- ce qui n’est pas négligeable au moment où l’image du football n’est pas au zénith (violences, injures racistes...).

A ma gauche, Fabien Barthez, ex « meilleur gardien du monde » mais aujourd’hui devenu beaucoup moins tranchant et décisif , héros de la Coupe du monde 1998 et de l’Euro 2000, et portier de la grande équipe de Manchester United des années 2000/2003, désormais gardien de l’Olympique de Marseille, équipe quelconque du Championnat de France, accessoirement suspendu plusieurs mois l’année dernière pour un crachat sur un arbitre marocain.

A la lecture de ces mini-CV et plus encore au vu de leurs performances respectives depuis l’Euro 2004 au Portugal, le débat sur le choix du gardien de l’équipe de France aurait dû être tranché depuis longtemps : Coupet devrait être le titulaire indiscutable, et, au mieux, Barthez pourrait prétendre à un statut de remplaçant. Mais étrangement, Raymond Domenech, le sélectionneur national, a continué à privilégier Barthez, ne faisant de Coupet un titulaire que pendant l’absence pour suspension de son concurrent, et refusant de trancher sur la question pour la Coupe du monde en Allemagne avant le mois de mai ! Pour justifier son "non choix", Domenech se démène en tentant des explications alambiquées - il serait plus sain d’entretenir une compétition entre les gardiens, mais de quelle compétition parle-t-on puisque, à l’évidence, Coupet est meilleur ? -et en passant son temps à revenir sur ses annonces - « Je vais vous le dire, oh et puis je me ravise ». Non la vraie raison du "non choix" actuel est ailleurs : Barthez est une icône, et on ne touche pas une icône. Barthez est presque inamovible, il est l’ancien, celui auquel les privilèges sont dus. Dès lors, Coupet se retrouve, toutes proportions gardées, dans la position de ces jeunes auxquels on ne donne jamais leur chance puisqu’il y a toujours un ancien pour les barrer, et ceci malgré leurs qualités. Grégory Coupet est victime d’une période d’essai interminable, d’une espèce de CPE footballistique. En somme, il illustre un mal bien français, celui d’un pays qui fait rarement confiance à « ses jeunes ».


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