En Iran, le sol s’enfonce

par hommelibre
mardi 21 mai 2024

J’ai abordé l’enfoncement de certaines grandes métropoles, comme Jakarta. Le réchauffement n’en est pas la cause, mais le développement immodéré de la ville l’est.

Bangkok

Les grandes villes, construites parfois sur des fonds non rocheux, tendent à s’enfoncer dans le sol. Cela s’appelle la subsidence.

« Jakarta s’enfonce sous son propre poids, à cause de la densité de population et d’habitations, et du pompage immodéré dans la nappe phréatique. »

Il en est à-peu-près de même pour Venise, et d’autres candidates viendront s’ajouter. Comme Bangkok. Bangkok que les autorités envisagent de déplacer. La RTS ne doute pas que le réchauffement en soit la cause.

« La Thaïlande pourrait être forcée de déplacer sa capitale Bangkok à cause de l’augmentation du niveau des océans... »

Pourtant en 2011 un article du Monde dit autre chose :

« Ce n’est pas que le réchauffement climatique qui explique les inondations de Bangkok, c’est surtout le fait que la ville a été construite sur l’eau. Et tout le monde le savait… au moins depuis 140 ans. »

Apprécions le « surtout ». Les inondations de la ville ont donc une longue histoire :

« Un ouvrage français publié il y a 140 ans parle de Bangkok comme d’une ville "semi-aquatique, dont la grand rue est un fleuve" (O. Sachot, Pays d’Extrême Orient, Paris, 1871, p. 73). Bangkok est de fait à moins de 40 km à vol d'oiseau du golfe de Thaïlande et est située à 0,5-1,5 mètre au-dessus du niveau de la mer… »

 

Iran

Déplaçons-nous à l’ouest vers l’ancien empire perse. Dans ce pays aride c’est autre chose qui se passe. Exemple dans le nord-est :

« La ville de Mashhad est située dans la plaine de Mashhad, au nord-est de l’Iran. La plaine de Mashhad est l’une des plus importantes de la province de Khorasan Razavi. Au cours des dernières décennies, la croissance démographique rapide associée à l’expansion agricole a considérablement accru la pression sur les ressources en eaux souterraines dans la plaine. De fortes augmentations de la demande en eau avec peu de recharge ont mis à rude épreuve les ressources en eaux souterraines, entraînant une baisse de 65 m des niveaux d’eau au cours des 40 dernières années dans une partie de la plaine. »

Conséquence : le sol s’affaisse, des trous se forment, des villes sont menacées, dont Téhéran.

Les inondations n’y sont pour rien même si elles peuvent être impressionnantes (image 3). Dans plusieurs régions le sol s’affaisse sur lui-même.

« L’affaissement du sol en Iran est plus de cinq fois supérieur à la moyenne mondiale. Environ huit millions d’unités de logement à travers le pays se trouvent dans des zones d’affaissement à risque », a écrit le site Web Fararou, le 8 mai. »

 

Monopole

De quoi s’agit-il ?

« L’affaissement se produit lorsque les eaux souterraines sont mal extraites et que les cavités de stockage d’eau deviennent des pores vides. Au fil du temps, avec la pression des couches supérieures du sol, les pores s’assèchent. Quand l’eau dans les pores de la terre se réduit à cause d’une consommation excessive et du creusement d’innombrables puits. En conséquence, les grains du sol sont comprimés ensemble. »

Alireza Shahidi, chef de l’Organisation iranienne de géologie et d’exploration minérale, cité par la résistance iranienne, est inquiet :

« Partout dans le monde, l’accès aux ressources en eau se situe entre 3 et 20 %, et lorsqu’il atteint 40 à 60 %, on parle de tension, et entre 60 et 80 %, c’est une crise. En Iran, il atteint parfois plus de 80 %. Nous avons consciemment ou involontairement conduit le pays à la destruction. »

Toujours selon la même source (l’image est extraite de l'article)1 :

« La gestion des eaux souterraines de l’Iran relève du ministère de l’Énergie et la gestion des eaux de surface du pays est sous le contrôle des gardiens de la révolution. En s’appropriant toutes les eaux de surface et souterraines du pays, en creusant des puits et en construisant des barrages, ces deux institutions ont monopolisé l’eau. »

 

Solutions

Toutefois des solutions existent. En voici deux parmi d’autres citées dans l’article :

« Injection de l’excès d’eau à la surface de la terre dans les aquifères ;

Utilisation appropriée et efficace des ressources en eau avec des méthodes d’irrigation améliorées, telles que l’utilisation de méthodes de goutte à goutte ou d’aspersion ou l’amélioration de la plantation de cultures nécessitant peu d’irrigation ; »

À condition que les autorités prennent les choses en mains avant que des villes disparaissent.

 

 

L’image 4 est reprise du site greenprophet. D’autres photos montrent l’ampleur du problème, en particulier à Téhéran.

 


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