Journal d’un BAC+5 SDF #4

par Patchwork Mental
dimanche 5 mai 2024

Jeudi 2 mai 2024

Cette nuit des voisins ont joué de la guitare, plusieurs airs de « country ». Enfin bon, je n’y connais pas grand-chose en musique ni en « country ». Mais les sonorités entendues me sont interprétées de la sorte.

Pour avoir moins froid à la tête cette nuit j’ai enfilé le bonnet de nain datant de mes années universitaires. Ca remonte à plus de 20 ans, oui sais, je n’aime pas jeter ! En tout cas l’élastique est sérieusement détérioré. Il se délite en plein de petits morceaux de plastique. Tout part en ruines, dans ma vie et autour de moi… Ce bonnet en constitue une parfaite allégorie.

 

Côté météo, toujours pas de pluie malgré les annonces farfelues sûres à 100%, mais les nuages menaçants sont bien présents. Rien n’est tombé pour le moment, pas plus que hier vers 18h où malgré les annonces il y avait un beau ciel bleu juste au-dessus du camping ? Peut-être y a-t-il un micro-climat ici ? ^^ En tout cas, pourvu que ça dure ! Au cas où je vais regarder d’autres sites météo, si la connexion fonctionne enfin. Sinon je dois me baser sur le vieux Tel portable qu’on m’a prêté, et dont la batterie se vide en une journée, même éteint.

Un oiseau ou une autre bébête vient de grattouiller le sommet de ma tente, ça fait vraiment bizarre comme sensation.

 

Il ne pleut toujours pas et je reviens du super-marché avec une serviette de bain supplémentaire, à défaut de trouver une couverture. Je pense en fait plutôt l’utiliser en priorité comme second matelas, afin de préserver mes vertèbres. Pour me redonner des forces et de la motivation dans mon entreprise de survie, je me suis offert deux petites gâteries : une tarte « normande » et des rochers au chocolat au lait.

 

Mazette ! Le Wifi est de retour ! Je remarque immédiatement que je n’avais même pas soumis mon premier article à la modération, bougre d’imbécile ! Du coup j’envoie les deux premiers en même temps.

 

Après ça, il est 10h passée, mon estomac crie famine depuis trop longtemps, alors je lui octroi la lourde tâche de travailler à l’assimilation d’1/8è de tarte et d’un rocher.

 

Une famille allemande (je suppose ?) est arrivée au camping. Les parents sont partis et leurs deux adolescents restent avec moi dans la salle Wifi. Ils jouent à des jeux vidéo avec le son bien fort, et le plus grand est un infection auditive à lui seul. Il tousse, se racle la gorge et émets d’étranges borborygmes qu’on attendrait pas émaner d’un humanoïde. Et ça parle fort… L’exemple parfait du type de mouflet sans éducation, élevé au rang d’« enfant roi » à qui tout est permis, et rien à foutre des autres. Ca n’a pas duré, heureusement.

 

 12h Petite pause miam miam avec un demi-sandwich, 1/8è de tarte et des fraises.

 

Hop-là, encore une candidature rejetée, quelle surprise ! « Nous avons examiné et pu apprécier votre parcours professionnel… cependant, malgré l’intérêt que présente votre candidature, nous avons privilégié d’autres profils correspondants davantage au cahier des charges de notre client. » Blablabla… ça fait vingt ans que ça dure.

 

14h34 Ca y est l’averse a commencé, et ça « pisse dru ! » Ne me reste qu’à espérer que ma tente tienne le coup. J’ai peur qu’avec toute cette eau les piquets deviennent facilement arrachables par une bourrasque qui s’infiltrerait sous la bâche externe. Et sans bâche externe c’est toutes mes affaires qui seront trempées. Il est tout à fait envisageable que je passe le reste de la journée et de la nuit dans la salle Wifi. J’ai l’impression que tout ce qui n’est ni tombé hier, ni cette nuit, arrive maintenant. Manquerait plus qu’une coupure de courant et une corde à portée de moi pour en finir…

14h46 Ca s’est brusquement sensiblement ralenti, mais le ciel gronde encore dans le lointain.

15h02 Terminé. Pour le moment ?

16h30 Je suis allé jeter un coup d’œil, et heureusement ma tente va bien, pas de fuite localisée. Mais il s’est remis à crachouiller.

 

Il est 18h, ça fait presque une heure qu’un randonneur-campeur s’est installé dans la salle Wifi. Il a l’air de s’emmerder sur son téléphone. C’est le genre de gars qui, apparemment, n’aime pas la solitude : il ne manque pas l’occasion de se faire remarquer en faisant exprès d’exagérer ses bruits de gorge, de respiration, de soupir, de reniflement, de se moucher (oui il a fini par se moucher !), de bruits de bouche, de déglutition… de sorte que même à l’extérieur on puisse l’entendre. Mais je suis méchant. Je l’ignore.

Le plus jeune des adolescents allemands est de retour, lui est parfaitement calme devant son ordinateur portable. Sitôt rechargé il est parti.

 

Le randonneur-campeur est de retour, pour manger et scroller son tel. C’est fascinant d’observer avec quelle aisance il s’applique à faire le maximum de bruit possible lors de chacune de ses actions. Ce spécimen devrait intéresser des psychiatre/psychologue/anthropologue/je-ne-sais-quoi-logues… A 21h il est parti, laissant un vêtement et une serviette sécher. Ah ben non, il revient 15min plus tard pour les prendre mais y laisse ses sous-vêtements sécher dans la salle commune… Tranquillou bilou.

 

Je suis tombé sur la dernière vidéo de C. Galactéros (Paix&Guerre), je l’écoute en accéléré x2 avant d’aller me coucher. Bientôt minuit. Je vais ranger mon matos et tester ma nouvelle serviette-matelas… La joie.

 


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